Cécile Oumhani | Touching land

Publié le 23 juin 2015 par Angèle Paoli

M ango leaves gently rustle TOUCHING LAND
across time and places
years I cannot count
as distant words whisper
down the empty street
Telugu French and English
far away and yet so close
I could almost touch them
the lights of Chennai
flicker one November evening
a long heard childhood tale

come true as the plane lands
deep green foliage arching branches
across the pavement
so like the sepia photos
in the old embossed album
my mother treasured
in another country across the oceans

do things ever cease being
or do they stay on
familiar names
waiting sounds and fragrances wafted
colours fleeting in the night air
never quite imprinted

on the sepia photos

and yet as unmistakable
as the sound of lost voices

D es feuilles de manguier murmurent
TOUCHER LA TERRE
à travers le temps et les lieux
les années je ne les compte pas
des mots chuchotent
dans la rue déserte
télugu français et anglais
loin et pourtant si proches
je pourrais les toucher
les lumières de Chennai
vacillent un soir de novembre
histoire d'enfance entendue il y a longtemps

incarnée quand l'avion atterrit
feuillages vert foncé voûte des branches
au-dessus de la chaussée
comme les photos sépia
dans le vieil album de cuir gaufré
qu'aima tant ma mère
dans un autre pays au-delà des océans

les choses cessent-elles d'être
ou bien restent-elles
noms familiers
dans l'attente d'une visite
bruits légers bribes de parfum
couleurs qui passent dans l'air de la nuit

floues sur les photos sépia
et pourtant

aussi reconnaissables
que l'écho de voix perdues

Cécile Oumhani, Passeurs de rives, Éditions La tête à l'envers, 2015, pp. 48-49-50-51. Encres de Myong-Nam Kim.