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Une histoire qui fait peur.

Publié le 01 septembre 2010 par Furu

René-Valentin dormait tranquillement.

Il rêvait à sa jeunesse dans un jardin de Seine-et-Marne.

Quand avec ses petits camarades il s'amusait à faire des tunnels jusqu'aux céleris qui poussaient là.

D'ailleurs René-Valentin était un ver réputé pur son sommeil profond, aidé comme il se doit par les palettes de médicaments qu'on donnait aux vieux verres qui ne peuvent plus creuser.

Ha ça, on les chargeait bien à La Clairette du Ver, silencieuse maison où les vers venaient finir leurs jours à l'air libre loin de tous potagers.

Quand il ne dormait pas René-Valentin aimait à se remémorer d'autres souvenirs d'enfance

Avec son ami Guido, un vieux ver sicilien connu aussi sous le nom de Guido-la-poisse.

Se réveillant, le goût du céleri encore palpable sur ses lèvres fendues, il se rendit dans le tunnel en plexi où il prenait son déjeuners en compagnie des autres vaincus vieux vers.

En compagnie des autres vaincus vieux vers.

Il s'attabla aux côtés de Guido.

Comme il le faisait toujours car à cet âge là, les habitudes c'est comme les melons, ça changent rarement de place.

Guido était à nouveau lancé dans une de ses nombreuses histoires poissardes telle la fois où il avait fini dans le ventre d'un silure alors qu'il batifolait au dessus de l'eau, tranquillement accroché à un crochet au bout d'un fil.

Mince. On tape à la porte.

Qui osait donc déranger ce sacro-saint déjeuner dans cet endroit de pets (Malheureusement les vieux vers sont soumis à d'innombrables flatulences dues à trop de racines d'haricots rongées en creusant). Le Docteur Tigineux se leva, en boitant ou pas, afin d'aller ouvrir la porte de la maison de retraite. Ce devait sûrement être le livreur de pizzas. Sa 4 fromages aux anchois.

C'est pas tout ça mais soigner ces blaireaux de vers baveux et radoteurs, ça creusait, merde !

Arrivait devant la porte, alors qu'il tendait la main (hé oui, c'est un docteur alors il a des mains) vers la poignée, il entendit une espèce de salmigondis incompréhensible provenant de l'autre côté de la lourde porte en parpaings flexibles.

Il tendit l'oreille (c'est pour le stéthoscope l'oreille) en espérant comprendre ce qu'il prenait pour des incantations.

Merde, encore un de ces ivrognes du bar à truites d'à côté, se dit le toubib. Il en met un temps ce livreur. J'vais aller me sniffer un bol d'Ovomaltine pendant que cette bande de longues briques est occupée à bâfrer.

Les incantations se faisaient de plus en plus fortes, le docteur Tigineux s'aperçut alors que les vers les plus près du couloir tendaient à leur tour l'oreille (oui, les vers ont de toutes petites oreilles leurs servant principalement à entendre un tunnel s'effondrer mais parfois aussi à écouter les incantations).

" J'en ai trop dit, ça suffit pas à oublier que tu es plus là... "

Désormais, tous les vers tendaient l'oreille. Même Guido-la-poisse s'arrêta alors qu'il racontait son passage préféré : les intestins du silure.

Les chants quasi-sataniques avaient rendus les vers complètement tarés.

Ils rampaient en tous sens ; essayaient de creuser à travers leurs assiettes ; s'armaient à base de pommes de pin, prêts à défendre leur lombriquitude jusqu'au bout ; René-Valentin, voyant son heure arrivée, se rappelait même du petit picotement que procure la première lapée de céleri.

Soudain, un bras traversa la pourtant lourde porte en parpaings flexibles.

Le docteur Tigineux en avait les genoux qui suintaient.

Une jambe apparut.

Puis l'autre.

Et enfin la tête.

Noooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooon !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

Voilà ce qui leur arrivait. Le ciel leur tombait sur la tête (drôle de concept pour des êtres ayant vécus longtemps sous terre).

Ils se faisaient attaquer par......

... le fantôme....

(texte écrit en Août 2010 par tchate et textos pour effrayer un poireau. Merci pour le sujet.)


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