A trois semaines des élections présidentielles en Colombie, un TRUC DE DINGUE est en train de se passer. Le candidat du Partido de la U (le parti d' Alvaro Uribe), Juan-Manuel Santos, donné archi-favori du scrutin jusqu'à il y a deux semaines, vient de se faire (largement) dépasser dans les sondages par le candidat du parti vert, Antanas Mockus.
D'après une enquête récente (source : cyberpresse), Mockus, ex-maire de Bogota (1995-1997 et 2001-2003), recueillerait 37% des voix, devançant de 12 points Santos, crédité de 25% des intentions de vote. Au second tour, le 20 juin, Mockus gagnerait l'élection par un raz-de-marée...
Il y a un mois, alors qu'il était crédité de moins de 5% des intentions de vote, personne n'aurait misé un peso sur lui mais il semblerait que son alliance récente avec Sergio Fajardo, le très populaire ancien maire de Medellin, ait porté ses fruits.
Mockus, 58 ans, a basé sa campagne sur la lutte contre la corruption. Ses mandats exemplaires en tant que Maire de Bogota sont là pour témoigner de son intégrité. On peut dire la même chose de Fajardo à Medellin. Leurs "track records" parlent pour eux.
Il faut dire que beaucoup de Colombiens commencent sérieusement à en avoir ras la casquette du climat d'affairisme et de scandales qui planent sur la galaxie Uribe. Ecoutes illégales de magistrats, chantage en veux-tu en voila, corruption généralisée, violences de l'armée à l'encontre des civils (et notamment le scandale des " falsos positivos"), ça commence à faire. Sans parler de la politique sociale pour ainsi dire inexistante...
Bien sûr, Uribe reste extrêmement populaire (à son crédit, il faut bien reconnaître qu'il a réussi à ramener l'ordre en Colombie au cours de ses deux mandats de 2002 à 2010 : la guérilla, même si elle existe encore techniquement, a été divisée et globalement réduite en confettis) et s'il pouvait se représenter il y a fort à parier qu'il serait réélu. Mais Santos, ancien ministre de la défense, ne jouit pas de la même aura que lui. Pour résumer, Santos passe pour un dur, un péteur de plombs, voire un "Chavez de droite". En un mot comme en 100, il fait peur.
Voici donc que s'ouvre un boulevard inespéré pour Antanas Mockus, professeur de mathématiques et philosophe de son état, qui s'il est élu permettra enfin à la Colombie d'accéder à une respectabilité internationale qui lui fait cruellement défaut depuis longtemps. Si je devais faire un pronostic, je dirais que s'ouvre enfin le commencement de l'âge de raison pour la Colombie.
L'avenir dira si je me plante ou non.