S’il est un dirigeant admirable, c’est l’ex-président de l’Uruguay : José Mujica. C’est pourquoi je veux citer l’hommage que lui rend Matthieu Ricard dans son ouvrage « Plaidoyer pour l’altruisme »
« L’Uruguayen José Mujica, plus connu sous le nom de Pepe, est non seulement le président le plus pauvre du monde, il est aussi en passe de devenir le plus populaire. Le Journal Courrier international a sélectionné son histoire comme étant l’ « article préféré » pour l’année 2012. A ceux qui s’étonnent, il explique : « Mon style de vie n’a rien de révolutionnaire, je ne suis pas pauvre, je vis simplement. J’ai l’air d’être un vieil homme excentrique, mais c’est un choix libre et délibéré. »
Avant d’arriver à la présidence, il avait passé quinze ans en prison, dont neuf dans un isolement total, payant ainsi très cher son engagement auprès des Tupamaros qui luttaient contre la dictature. Torturé tout au long de sa détention, il est presque devenu fou. Il explique que ce sont la lecture et l’écriture qui lui ont sauvé la vie. En 1985, quand la démocratie a été restaurée, Pepe Mujica s’est lancé dans la politique et a été élu président en 2009.
Pour Pepe, pas de luxueux palais présidentiel à Montevideo. Le président préfère vivre dans une ferme délabrée de 45 mètres carrés sous un toit en zinc, avec un puits dans le jardin où il va puiser l’eau, dans une banlieue pauvre de Montevideo. Il y habite depuis vingt ans avec sa femme Lucia et sa chienne Manuela, une bâtarde à trois pattes. La maison ne lui appartient même pas, elle est à sa femme, qui est sénatrice. Tous deux cultivent eux-mêmes la terre pour vendre des fleurs.
José Mujica reverse plus de 90% de son salaire présidentiel (environ 9400 euros par mois) à des ONG, notamment à un programme de logement pour les habitants les plus pauvres. Ce qui lui reste pour vivre est à peu près équivalent au revenu moyen en Uruguay. Mujica refuse la société de consommation, citant les philosophes de l’Antiquité : « Le pauvre, c’est celui qui a besoin de beaucoup. » sa seule possession est une Volkswagen Coccinelle, achetée en 1987 et estimée à 1400 euros. Ses dernières vacances, il les a passées avec Lucia, aux terrasses des cafés, sans garde du corps.
« Je veux avoir du temps pour les choses qui me motivent. (…) C’est ça, la vraie liberté : la sobriété, consommer peu, avoir une petite maison qui me laisse du temps pour profiter de ce que j’aime vraiment. (…) Si j’avais beaucoup de choses, il faudrait que je fasse attention à ce qu’on ne me les vole pas. La vieille ou moi, on passe le balai, et voilà, il nous reste beaucoup de temps, c’est ça qui nous enthousiasme. »
En septembre dernier, à soixante-dix-sept ans, il est apparu à une importante conférence latino-américaine du Mercosur avec le nez cassé : il y expliqué qu’il s’était blessé en aidant un voisin à réparer sa maison détruite lors d’intempéries. Il a son franc-parler et n’a pas hésité à traiter le couple Kirchner, à la tête de l’Argentine, de « péronistes délinquants », et l’ancien président argentin Calos Menem de « mafieux » et de « voleur ». L’Uruguay est le pays le moins corrompu du continent sud-américain, et l’un des plus heureux.
Pepe Mujica accuse la plupart des dirigeants du monde de nourrir une « pulsion aveugle de promotion de la croissance par la consommation, comme si le contraire signifiait la fin du monde ».
Voilà un homme qu’il faudrait recommander en exemple à tous nos politiques de tous bords. Un véritable altruiste qui a à cœur de remplir sa mission pour le bien d’autrui et qui ne se complait pas dans un égoïsme de consumériste.
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