On peut toujours faire la morale. De loin, c’est facile. On peut critiquer, dire que les Grecs sont rétifs à l’impôt, ne se soumettent pas aux règles, que leur pays a triché pour entrer dans la zone euro. Ce n’est certes pas faux. Mais quand quelqu’un se noie, on va d’abord le secourir et ensuite on lui explique qu’il n’aurait pas du plonger alors que le drapeau était rouge. Ensuite seulement, quand ça va mieux, qu’il est remis. Mais là ?
Ce que j’ai vu à Athènes en avril n’avait rien à voir avec un pays de profiteurs, loin de là. Combien de petits vieux prélèvent des pissenlits dans les jardins et les rues pour manger. Simplement manger. C’est de la survie. Combien aussi, parce-que la retraite n’est qu’une aumône ridicule, arpentent les rues pour tenter de vendre des billets de loterie ? Combien se cachent, tout simplement ?
Alors stop à la méchanceté, à la bêtise, à l’imbécile logique du pognon. Laissons les Grecs décider de leur sort dimanche prochain. Annulons la dette : ils s’en porteront mieux et nous, Européens du bon côté de l’histoire, nous n’irons pas plus mal. Nous aurons peut-être juste la conscience un peu plus tranquille.
Photo : Athènes, quartier proche de la mairie, avril 2015