Pour remettre de l'ordre dans ce vaste terrain en jachère qu'était ma vie avant le job-out, j'ai compilé un best-of de choses à faire, des choses bien concrètes, histoire de me reconstituer. La virée à New York, c'est fait, les siestes d'une demi-journée, c'est fait, les cours de yoga en plein après-midi, c'est fait, les matinées à bouquiner à la plage aussi. Dans tout ça, j'ai même réussi à trouver deux-trois réponses pour calmer les anxieux, ceux qui me demandent en sueur si j'ai des pistes de travail ou des entretiens en vue : " tant que je ne sais pas quoi trouver, il serait inutile que je perde mon temps à le chercher ". Je me cherche moi, et c'est déjà pas mal, me dis-je.
A chaque fois que je coche une case de cette petite liste, je me rapproche dangereusement de la fin du sursis que je me suis accordée. Même pas peur, car pendant que je fais un break, je ne fais pas rien : je prépare ma nouvelle vie, j'essaie de me projeter dans une voie plutôt qu'une autre, en m'inspirant des nombreux témoignages qui pullulent un peu partout sur la toile.
Il se trouve, ami lecteur, que je prends un malin plaisir à lire les biographies des gens (mon petit côté voyeur sûrement). J'aime comprendre l'enchaînement logique des événements qui forment un parcours. Par exemple, en sortant du concert de Melody Gardot, je me suis empressée de lire sa biographie et j'ai appris - non sans stupeur - qu'elle n'aurait jamais été en tête d'affiche à l'Olympia et dans les principales salles de concert du monde entier si, voilà dix ans, elle n'avait pas été victime d'un terrible accident de voiture, qui l'a contrainte à rester alitée, avec le chant et la guitare comme seules activités (ami lecteur, tu pourras penser ce que tu veux de la théorie des points destin, mais reconnais qu'il y en a pour qui ça marche). Idem pour JK Rowling, qui était quand même très mal partie dans sa vie (mère célibataire sans emploi, en voilà une qui ne se distinguait pas par la clairvoyance de ses choix) jusqu'à ce qu'elle ponde l'histoire d'Harry Potter sur un quai de gare (l'instinct de survie, sûrement) et alors là, jackpot. Nom d'un chien, que n'y ai-je pensé plus tôt...
En quoi tout ceci est inspirant, te dis-tu, impatient d'arriver à la morale de ce billet ? Eh bien en rien, à l'instar des biographies qui se configurent comme une succession de dates et d'événements, sans aucun indice sur ce qui les relie entre eux. Il serait vain de me jeter sous les roues d'une Twingo ou d'essayer de toucher le fond pour connaître le même happy-end que Melody ou JK puisque c'est principalement au hasard qu'elles doivent leur fabuleux destin (à leur talent aussi, mais c'est encore par hasard qu'elles ont pris conscience qu'elles en avaient).
Fort heureusement, on trouve aussi beaucoup d'autres choses sur la toile. Amis lecteurs (mes huit fidèles - oui, vous êtes huit maintenant - que je sais dans la même panade que moi), sachez-le : vous n'êtes pas seuls. Le job-out est un tel phénomène de société que des forums et des communautés d' out-jobbers (1) (appelons-les comme ça) se multiplient sur les réseaux sociaux pour partager et échanger sur toutes sortes de sujets : les bienfaits d'un temps de réflexion, la quête de sens, la reconversion professionnelle. Pas de doute, ce que nous vivons est terriblement tendance.
Sauf que voilà : plus que des conseils pratiques pour rassurer ceux qui ont démissionné ou décomplexer ceux qui rêveraient de sauter le pas, ce qui m'inspirerait aujourd'hui c'est de lire les témoignages de ceux qui sont passés par là, avec de vrais morceaux de vie dedans. On trouve parfois - mais ils restent rares - quelques portraits de gens, comme toi et moi, qui ne parlent pas comme des curriculum vitae, à grand renfort de dates-clé. Rien de tel qu'un exemple, un peu de concret, pour vraiment s'inspirer. Car oui, c'est intéressant de comprendre comment les goûts personnels et les ambitions professionnelles sont étroitement imbriqués au point d'orienter une carrière, comment celle-ci se dessine en fonction des traits de caractère ou d'une histoire personnelle. Ami lecteur, que tu fasses déjà partie de mes huit fidèles ou non, ceci est un appel : je suis en manque d'inspiration (tu vois bien que je patauge avec ce billet), alors c'est le moment ou jamais de me raconter ta vie.
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(1) Suis-moi sur Twitter, j'y partage mes trouvailles. Certaines sont fameuses, tu verras.