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Aujourd’hui est un grand jour.
Enfin… Avant-hier était un grand jour, mais c’est aujourd’hui que je communique dessus pour des raisons techniques.
Le 1er juillet 2015 est sorti mon premier roman.
Il s’appelle Anasterry, c’est de la fantasy plutôt « dark fantasy » qui exploite un univers en cinq tomes indépendants, il est beau, bon, pas cher, et c’est un peu le début du projet de ma vie, mais je vous en dirai plus dans 2 minutes, parce que, d’abord, je dois vous parler du concept.Le Label BAD WOLF, créé à l’initiative d’Audrey Alwett, est un regroupement d’auteurs indépendants qui se veut à la fois une garantie de qualité littéraire et une ligne éditoriale : la fantasy pour adultes, dans toute sa variété. Les trois premiers livres, par Audrey Alwett, Christophe Arleston et moi-même, sont donc sortis ce 1er juillet, d’abord en exclusivité Amazon pour le numérique, et en impression à la demande.
Et, ami lecteur, leur lecture te permettra de gagner des bouquins, ainsi qu’un original de Didier Tarquin.
Alors, maintenant, les questions que tout le monde se pose.
Pourquoi l’auto-édition ?
Pour plein de raisons, au nombre desquelles, j’en vois certains venir, ne figure pas le refus d’un éditeur traditionnel. Pour l’instant, aucun d’entre nous n’a proposé son livre à une maison d’édition. Pourquoi ? Tout simplement parce que nous avions envie de tenter cette alternative, qu’elle constitue une solution définitive ou une première étape.
En roman, contrairement à la situation en bande dessinée, il est rare de percevoir une avance sur les droits d’auteur. Cela signifie, en pratique, que nous ne sommes pas payés pour écrire un ouvrage qui demande, en moyenne, une grosse année de travail. Avec ce label, nous ne bénéficions pas de la promotion effectuée par un éditeur mais nous récoltons directement les bénéfices de notre dur et solitaire labeur, ça fait toujours plaisir.
De plus, cette première étape ne nous coupe pas des circuits classiques : de la même façon que le poche constitue une seconde sortie du livre grand format, rien ne nous empêche d’avoir une première sortie en numérique et une autre en format papier, avec une maison d’édition.
C’est aussi une grande liberté, qui nous a permis d’inclure, dans chaque livre, trois jeux littéraires permettant chacun de gagner un album de bd et, pour les lecteurs des trois ouvrage, un autre doté d’une belle récompense : un original de Didier Tarquin !
Ajoutez à cela la motivation que procure le fait de maîtriser l’existence de notre livre et le plaisir de recueillir les réactions des lecteurs en direct, et vous comprendrez pourquoi cette innovation nous a motivés.
Bad Wolf, à terme, ça peut être une porte d’entre vers le monde professionnel pour de jeunes auteurs, une alternative pour les confirmés et un label qualité pour les lecteurs.
C’est aussi une première française (et peut-être bien une première mondiale).
Pourquoi Amazon ?
Parce qu’à ce jour, ils sont les seuls à offrir un panel de solutions aussi intéressantes financièrement et artistiquement aux auteurs indépendants. Et parce qu’ils étaient intéressés par le concept et désireux de nous aider.
Nous restons donc indépendants pour l’édition papier mais leur avons confié, dans un premier temps, l’exclusivité de nos ventes numériques.
Pourquoi la fantasy ?
Parce qu’on aime la fantasy. Parce qu’on aime tout particulièrement la fantasy adulte un peu littéraire. Parce qu’on s’est retrouvés par hasard à en faire tous en même temps et qu’on s’est dit : « vogue la galère ! »
Y aura-t-il d’autres romans ?
C’est l’idée ! Comme en témoigne le soin que nous avons approrté à afficher notre singularité (homogénéité des couvertures créées par Gaelle Merlini et, pour la mienne, la collaboration de Marianna Riefolo, logo dessiné par Pierô la lune…) Nous voulons faire de Bad Wolf une expérience sur le long terme ! Dans moins de six mois, deux ou trois auteurs devraient nous rejoindre, et d’autres encore par la suite, nous permettant d’élargir nos publications à tous les styles de fantasy.
J’ai écrit l’oeuvre du siècle ! Je peux vous rejoindre ?
La prochaine fournée est a priori plus ou moins complète, mais nous examinons déjà d’autres romans. Pour envoyer le vôtre : labelbadwolf[at]gmail.com
Rappelez-vous juste que, pour l’instant, nous nous concentrons uniquement sur la fantasy adulte.
Trois romans sont pour l’instant disponibles au prix fixe de 3,99 € en numérique et 17,50 € le format papier :
– Le Souper des Maléfices, de Christophe Arleston– Les Poisons de Katharz, d’Audrey Alwett
– Anasterry, d’Isabelle Bauthian (oui, je parle de moi à la troisième personne si ça me permet d’améliorer ma présentation).
Jamais un livre n’a autant compté pour moi, alors je vous serai infiniment reconnaissante si vous vouliez bien l’acheter, l’offrir et en faire la promotion. Egalement, si vous l’avez aimé, d’ajouter un petit commentaire sur Amazon, Babelio, Book.Node et/ou autre site spécialisé car, en auto-édition, le bouche à oreilles compte énormément.
Voici le synopsis :
Rien ne saurait ébranler Anasterry, la plus riche, intellectuelle et libertaire baronnie de Civilisation, qui place la maîtrise de soi au rang de vertu suprême. Rien… sauf peut-être un défi de gamins.
Quand Renaldo, fils du baron de Montès, et son meilleur ami Thélban Acremont, entreprennent, pour séduire une jeune fille, de trouver la faille de cette utopie, ils ignorent qu’ils vont déterrer de sombres secrets. Et les secrets des puissants ne leur appartiennent pas.
Quels sont ces monstres découverts dans les marais ? En quoi sont-ils liés à la tolérance d’Anasterry pour ces mi-hommes que, partout ailleurs, on opprime jusqu’à les réduire en esclavage ? Après trente ans de paix, Civilisation risque-t-elle d’être si facilement bouleversée ? Pour réparer ses erreurs, Renaldo va devoir choisir entre son patriotisme, sa fidélité amicale, ses idéaux héroïques et ses simples responsabilités d’homme libre.
Une aventure de dark fantasy politique et sensible, portée par des personnages d’une grande humanité.
Et, comme je vous aime d’amour, un extrait du premier chapitre :
Montès. An 4 du règne de Kolban le roux.
La première fois que Renaldo Jago Badiare de Montès assista à une mise à mort, il avait six ans et demi. Son frère, Deloncio, en avait neuf, et il avait souhaité manier la hache. Leur mère avait fermement désapprouvé cette initiative. Le condamné était un mi-homme pouilleux sans éducation et il était hors de question que son aîné, l’héritier de la baronnie, lui fasse un tel honneur public. Deloncio avait insisté, c’est-à-dire qu’il avait râlé, boudé, puis hurlé qu’il était l’offensé (le coupable avait dérobé une broche à la fille de l’un de ses serviteurs), qu’il était donc en droit, peut-être même en devoir de désigner l’exécuteur de la sentence, qu’il avait presque dix ans, que c’était l’occasion de verser son premier sang et que si la famille du voleur osait seulement se vanter d’avoir perdu leur rejeton de ses mains, il saurait, de toute façon, leur faire rentrer leur prétention dans la gorge.
Diema Reor de Sanzano, baronne de Montès, plissa le nez et une fine veine apparut le long de sa tempe gauche. Elle dit :
– J’en parlerai à ton père.
Ce qui était généralement de mauvais augure pour les projets des enfants. Mais, contre toute attente, le baron Jago de Montès tint tête à son épouse. Les arguments de Deloncio, bien que formulés sur un ton regrettable, faisaient sens. Il était grand et fort pour son âge, avait déjà prouvé sa tolérance à la violence et son respect des devoirs, et il était temps que les citoyens de Montès le connaissent pour autre chose que son esprit bagarreur et sa propension à chicaner le bon peuple. Diema s’était inclinée, au propre comme au figuré, devant son baron. Elle avait dit :
– Soit.
et quitté la pièce. Même Deloncio n’avait pas osé manifester sa satisfaction. Après que tension fut retombée, Renaldo avait demandé à son frère si l’offensée n’était pas plutôt la propriétaire de la broche, dont on aurait pu s’enquérir de l’avis quant à la désignation du bourreau. Deloncio l’avait giflé du revers de la main, le mettant à terre, et de petites lumières avaient dansé devant ses yeux jusqu’au soir. Il n’avait pas signalé l’incident à ses parents. Son père aurait sans doute pardonné sa faiblesse mais sa mère, après avoir sévèrement puni son aîné, lui aurait probablement administré une nouvelle correction pour lui apprendre tant à encaisser les attaques qu’à cesser de cafarder. Les lumières avaient finalement disparu, démontrant la vanité de son inquiétude. Il avait hâte, tout de même, d’être assez fort pour rendre les coups à son frère et faire lui aussi honneur à son nom.
Le jour de l’exécution, le soleil brillait dans le ciel et nimbait la lice de la citadelle d’une chaleur suffocante, même pour un été de Montès. Les nobles et leurs gens transpiraient dans leurs habits de cérémonie, et il émanait du peuple une odeur rance qui prenait au nez et à la gorge. Les émetteurs des effluves en souffraient eux-mêmes et, petit à petit, une rumeur se fit entendre, incriminant la présence des nombreux mi-hommes. Diema, dans la riche robe violette qu’elle réservait aux évènements les plus graves, dissimula sa bouche derrière son éventail assorti et murmura quelques mots à l’oreille du Sieur de Revinsio, le responsable de la sécurité. Ce dernier quitta l’esplanade destinée aux hauts dignitaires et disparut dans la foule. Quelques minutes plus tard, des soldats en livrée pourpre se déployaient dans l’assistance. Ils s’adressèrent brièvement aux grandes-gueules et la rumeur s’éteignit doucement.
– C’est idiot de dire que les mi-hommes puent, ma mère, affirma Renaldo histoire de participer au moins à une discussion. Tout le monde sait qu’ils sont sans odeur.
– Sottise, répondit négligemment Diema sans quitter la foule des yeux.
Jago se pencha alors vers son cadet et lui caressa les cheveux.
– Seules les fées n’avaient pas d’odeur, fils. Elles étaient d’humeur sèche et leur peau supportait mal la chaleur. C’est la raison pour laquelle elles se couvraient d’étoffes. Mais le condamné est un Métis, comme la plupart de nos affranchis.
Il se tourna vers sa femme et ajouta :
– Il serait temps que Cesano l’emmène sur le terrain.
– Je le lui dirai, répondit Diema. Ça pourra remplacer les leçons de vieux Malardien. Renaldo n’y fait aucun progrès et n’y a pas d’urgence à apprendre une langue morte d’un pays disparu.
Renaldo aimait bien les leçons de Malardien car, même s’il ne retenait pas la grammaire, elles reposaient sur des légendes passionnantes. Mais ses parents savaient ce qu’ils faisaient. Déçu de ne pas être parvenu à émettre une opinion intéressante, il reporta son regard sur l’estrade où, selon la coutume, le supplicié attendait, vêtu d’une toge grise, le visage couvert d’un voile. L’officier de cérémonie lui parla brièvement. Les deux hommes échangèrent quelques hochements de tête, suite à quoi l’officier s’adressa à la foule :
– Le coupable exprime le désir de confronter son bourreau.
De nombreuses voix s’élevèrent, générant une rumeur excitée et indistincte d’où émergeaient quelques insultes et applaudissements. Au bout d’une vingtaine de secondes, le baron de Montès se leva et fit de la main un geste agacé qui réduisit rapidement l’assemblée au silence.
– Qu’on y réponde, dit-il alors, selon la formule consacrée.
L’officier de cérémonie retira donc la capuche sous les cris réitérés de la foule, dévoilant un visage dont les ecchymoses ne parvenaient pas à effacer la bizarrerie des traits. La peau était brune, comme celles de Renaldo et de la plupart des citoyens de Montès. Mais elle était couverte de taches rose pâle, et ses yeux si rapprochés donnaient l’illusion d’un strabisme malgré leurs pupilles parfaitement centrées. Le regard était vif et perçant et Renaldo dut se forcer à le soutenir, alors même que l’attention du mi-homme n’était pas portée sur lui. Il observait le couloir reliant le bûcher à la porte sud, qui s’ouvrit soudain. Deloncio la franchit, sous les bravos et les applaudissements des animateurs, bientôt suivis par ceux du peuple.
Le garçon marcha jusqu’à l’estrade, droit et fier, un digne sourire aux lèvres. Bien qu’il fût plus petit que la plupart des personnes qui se massaient derrière les barrières dans l’espoir de sentir le souffle de l’air déplacé par son cheminement, bien que le sobre uniforme ait dû être ajusté à la va-vite pour épouser son corps d’enfant, sa présence à ce poste semblait parfaitement naturelle. Il toucha quelques mains tendues vers lui et distribua des paroles amicales avant de gravir les cinq marches menant au billot, sur lequel on avait attaché la tête du voleur dans l’indifférence générale.
Sans façon, il passa sa cape à l’officier de cérémonie qui la plia, puis la confia à un page et s’adressa à la foule :
– Garan, fils de Häne, de père inconnu. demi-homme, affranchi, servant aux cuisines de l’Illustre et Glorieuse citadelle de Montès, a été déclaré coupable de vol à l’encontre de la demoiselle Felana Ansine de Panale, fille de Daberto Padlio de Panale, maître de soupe, et de Rona Aura de Milles. Il a reconnu les faits, sous le témoignage du comité d’interrogations de la première province de Montès. Deloncio Jado Badiare de Montès, fils de notre Illustre et Glorieux baron, sans sa grande bienveillance, a accepté d’exécuter la sentence. Qu’il en soit ainsi et que la Terre Mère accueille l’âme funeste du fauteur en son sein.
– Que la Terre Mère l’accueille, répondit la foule.
Renaldo, tout à sa contemplation du mi-homme, n’eut le temps que de marmonner « …Mère l’accueille » à toute vitesse pour rattraper les autres, mais ni son père ni sa mère ne relevèrent sa maladresse. Il lui sembla que Diema n’avait d’ailleurs pas répété la formule. Elle ne quittait pas des yeux Deloncio, qui tendait maintenant les bras vers la lourde hache que l’officier de cérémonie lui présentait. Quand il la saisit sans la lâcher, elle laissa échapper un soupir de soulagement, puis se mordit la lèvre, probablement agacée d’avoir dévoilé son inquiétude.
Renaldo observa avec incrédulité son grand frère, avec qui il avait joué, et jouait parfois encore, à saute-la-butte, balle-au-pied et perce-au-bond, récoltant autant de cocards que de fous rires, soulever l’arme plus haute que lui, bander ses jeunes mais déjà larges muscles, trembler légèrement, mais ajuster sa visée avant de faire retomber la lame sur le cou moucheté. La foule émit un « aaaah » d’appréciation quand la tête se détacha du corps, mais elle ne chut pas. Quelque chose la retenait et, alors que le sang inondait le visage du supplicié, Renaldo vit distinctement un œil cligner et la bouche s’ouvrir et se refermer dans une tentative d’inspiration ou de cri qui se transforma en glouglous dégoûtants.
La foule fit « oooh ».
Deloncio baissa les yeux sur sa victime et constata qu’il avait raté son coup.
Renaldo déglutit. On lui avait expliqué que, lors des exécutions, les têtes tombaient dans un seau et les troncs étaient rapidement balancés dans une litière remplie de sciure, à l’abri des regards. La seule fois qu’il avait vu une décapitation de près, il s’était agi d’un poulet. Il réalisa avec fascination que la quantité de sang contenue dans un corps humain n’avait aucun rapport avec celle que renfermait celui d’un volatile. Chaque battement du cœur du malheureux, chaque convulsion et chaque mouvement désespéré de ses bras tachaient un peu plus l’estrade, menaçant les bottes des officiels qui s’y tenaient. Quelqu’un vomit non loin de la plateforme. Renaldo sentit l’odeur acide de repas de mauvaise qualité et plissa le nez. Des rires s’élevèrent pour moquer l’ami à l’estomac fragile, se mêlant à ceux, nerveux, de plusieurs membres de l’assistance. Un cri de rage se fit entendre dans un groupe de mi-hommes et Renaldo vit les soldats serrer de près les affranchis.
– Terre Mère ! jura doucement Diema en levant les yeux au ciel.
L’officier de cérémonie fit un pas en direction de Deloncio mais celui-ci, sans céder à la panique, brandit de nouveau la hache et l’abattit au même endroit. La tête pencha, résista encore un peu. Le garçon relevait une nouvelle fois son arme, ses jeunes muscles fatigués tremblant sous l’effort, quand elle se détacha enfin et tomba dans le seau.
Quelques secondes s’écoulèrent, durant lesquelles Renaldo vit ses parents jeter de discrets coups d’œil à la foule, à leurs hommes et aux affranchis scandalisés. Mais les soldats se déployèrent efficacement, les animateurs lancèrent quelques « chhhhht » vite repris par leurs voisins et, petit à petit, les clameurs s’étouffèrent. Le baron et la baronne se détendirent, Jago se leva et échangea un regard avec son aîné, par-dessus la foule. Du sang était tombé de la hache quand le garçon l’avait soulevée pour la deuxième fois, tachant son front, sa joue droite et le tissu sur son épaule de quelques perles rouges. Il sourit calmement mais Renaldo, qui le connaissait bien, ressentit sa fierté. Il sourit à son tour, vaguement gêné, mais gagné malgré lui par la satisfaction communicative de son frère. Il adressa un grand air ravi à sa mère avant de remarquer son regard courroucé. Jago leva de nouveau la main et le silence se fit.
– Justice est rendue, dit-il.
Alors, Deloncio rassembla ses dernières forces et brandit la hache au dessus de sa tête, ignorant la tension dans ses muscles et les gouttes de sang qui perlaient maintenant sur son poignet et glissaient dans sa manche. Il sourit cette fois à la foule et un tonnerre d’applaudissements s’éleva, qu’il accueillit avec un sourire de bienheureux, d’une sincérité dont seuls semblent capables les enfants innocents.