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Tendre des cordes ou tendre des clous

Publié le 05 juillet 2015 par Journalvernois

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Dernièrement en faisant du rangement j’ai retrouvé la vieille musette contenant les clous de fond ou « cordes » que l’on a utilisés jusque dans les années 70 -80 avec mon frère et beau-frère. A cette époque il ne se passait pas un été sans que nous ne « tendions des cordes » 3 ou 4 fois, voire plus. C’était une façon de pêcher un peu particulière, pratiquée par les anciens quand ils voulaient manger du poisson, autorisée pour ceux qui avaient un permis de pêcher.

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Déjà, c’est une technique de pêche de nuit; nul besoin de canne ni de fil nylon fin et invisible. Une cordelette tressée très résistante et des bas de ligne eux-aussi en cordelette juste un peu plus fine suffisent; Les hameçons se doivent d’être suffisamment forts pour résister aux gros poissons et aux anguilles de rivière très combatives. En plus les gros hameçons sélectionnent la taille des prises. La corde n’est pas faite pour pêcher le menu fretin.
Nos clous faisaient une dizaine de mètres de long généralement pourvus de 4 hameçons montés sur des bas de ligne d’environ 40 cm fixés à la cordelette principale tous les 1,50 m — 2 m . il faut un lest à une extrémité. On avait opté pour des plaquettes de plomb peu encombrantes, suffisamment lourdes et faciles à lancer. On aurait pu aussi se servir d’un caillou trouvé sur place dans le lit de la rivière

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Quand on avait décidé de pêcher, c’était tout un travail qui s’en suivait mais cela faisait partie de nos loisirs préférés de l’été; Il fallait déjà préparer le matériel. Pour la vérifier chaque corde était étendue pour remettre ou changer les hameçons manquants ou abimés. Ensuite on l’enroulait soigneusement sur une palette de bois tendre dans lequel on pouvait planter les hameçons. Ceci évitait tout risque d’ emmêlage synonyme de perte de temps au moment de tendre nos lignes

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Ensuite il fallait trouver les appâts vivants. Pour cette technique de pêche le roi des appâts, c’est la chatouille ou lamproie de Planer. on ne la trouve que dans la boue des ruisseaux ou des gros fossés. Elle ne vit pas en eau claire et vive. Le problème est qu’il faut pelleter cette boue pour les débusquer. Et là il ne faut pas craindre ses peines car parfois il faut en pelleter en grande quantité pour capturer suffisamment d’appâts.Il faut la gagner cette partie de pêche, mais cela fait partie du jeu. Quand on ne trouvait pas assez de chatouilles on se rabattait sur de gros lombrics. Mais ceux-ci pouvaient être attaqués par les poissons de petite taille qui ne se prenaient pas à l’hameçon; on employait aussi des poissons « vifs » mais on n’a jamais obtenu des résultats mémorables

On attend le crépuscule pour se rendre au bord de la rivière. Arrivés sur place, chacun connait son rôle: un qui déroule la corde , un qui prépare les appâts, un qui les fixe au hameçons sans les tuer. On attache une extrémité à une branche basse de la rive et l’autre au lest en plomb. On lance celui-ci de façon que la ligne soit tendue, bien perpendiculaire au cours de la rivière. Puis on va un peu plus loin dans un endroit que l’ on sait propice à cette pêche.Quand on a fini de tendre nos engins, parfois une dizaine, ce qui représente 40 hameçons, il fait nuit noire. Il faut dire qu’on préfère pêcher par temps couvert ou par nuit sans lune; le poisson distingue moins bien le piège grossier qui lui est tendu. En retournant à la maison on se remémore chaque endroit où une ligne est tendue, et on fait des pronostics sur les résultats.

Le lendemain matin il faut se lever très tôt, avant l’aube. Il faut être sur place au point du jour. C’est important car attendre plus tard est prendre le risque de voir le poisson se décrocher ou une corde relevée par un « concurrent »plus matinal. Pour accéder à la rivière on traverse le pré dans la quiétude de la campagne qui s’éveille. L’est s’éclaire doucement. L’air est frais, chargé par un doux parfum de chlorophylle. Instant privilégié. Une légère brume semble suspendue au-dessus de la rivière. Surpris par notre arrivée si matinale, un héron semblant terrorisé s’envole en poussant un cri. Chaque fois c’est l’exaltation quand une corde n’est plus comme on l’a laissée la veille ou qu’ une branche est secouée par les soubresauts d’une grosse prise. On relève les cordes chacun à notre tour pour avoir le plaisir de sentir le poisson se débattre et l’amener sur la rive. chaque corde est enroulée sur sa planchette. On refait le même trajet que la veille pour n’oublier aucun emplacement de ligne. Une nichée de colverts décolle bruyamment.

Nous rentrions rarement bredouilles, on ramenait des kilos de poissons. Nos prises se résumaient à de gros chevesnes , des gros barbeaux, (nous, on les appelle barbillons) mais aussi des anguilles. Les plus gros spécimen trainent la corde, la vrillent, l’emmêlent dans des embâcles. Il faut parfois se mettre à l’eau pour tout récupérer. C’était un plaisir supplémentaire à ce type de pêche.

Quand on parle de ruralité ………

A bientôt

Le barbillon est un poisson de moindre qualité et sa chair renferme des arêtes en grand nombre. Mais c’est agréable à pêcher car ils pèsent souvent plus du kilo.


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