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Hemigamie. Ch3, p3

Publié le 06 juillet 2015 par Robertdorazi @robertdorazi

Je dois ajouter que si je me tenais à la gauche de Janine, à ma gauche se trouvait un tas d'immondices arrangées pour représenter une horloge. Le titre indiquait " La véritable énigme du sphinx ou l'Homme et sa condition " et le tas d'ordures symbolisait la décadence du corps humain au cours de la vie.

En cachant mon œil gauche je ne l'avais plus dans mon champ de vision.

Lorsque Janine s'aperçut enfin de ma présence, et qu'elle réalisa ce que je faisais, elle prononça simplement deux mots : pauvre con !

J'étais vraiment sincère quand je lui répondis que je n'avais absolument pas l'intention de me moquer d'elle, bien au contraire. Je voulais simplement me rendre compte par moi-même de la façon avec laquelle elle voyait le monde.

J'ajoutais que loin d'être un problème, n'avoir qu'un seul œil valide permettait de mieux voir ce qui se trouvait devant soi parce que je n'étais plus distrait par le tas d'ordures qui se trouvait à ma gauche. Je pouvais donc me concentrer sur le tableau. Un tableau que je ne comprenais pas mieux, d'ailleurs. Mais l'important à ce moment était ailleurs.

Janine me fixa un moment (elle devait donc me voir mieux que bien avec son œil droit qui est directement connecté à la partie gauche du cerveau contrôlant la pensée analytique) avant d'avouer finalement qu'elle retirait ce qu'elle venait de dire, et réservait son jugement sur moi.

J'avais encore ma chance.

C'est à ce moment qu'elle se présenta en disant qu'elle s'appelait Janine Minier, ajoutant aussitôt que ce n'était qu'un nom, qu'on ne devrait jamais définir un individu avec un patronyme, aussi long et complet fut-il parce qu'un homme, et surtout une femme, était la somme de milliards de cellules, de milliards de connexions neuronales, de dizaines de milliers de gènes et de millions d'expériences en tous genres. Vouloir ranger tout ça dans quelques lettres c'était comme vouloir mettre tous les grains de sable d'une plage méditerranéenne dans le seau d'un enfant de quatre ans.

J'étais d'accord avec la plupart de ce qu'elle venait de dire, même si je m'étais habitué à ce qu'on m'appelle Manu Fretin et que j'avais essayé de mettre toute une plage méditerranéenne dans un seau. Je savais maintenant pourquoi j'avais échoué. Ce n'était donc pas seulement à cause de la taille de ma pelle.

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