Hemigamie. Ch3, p4

Publié le 08 juillet 2015 par Robertdorazi @robertdorazi

Janine et moi on a continué à visiter l'exposition. Je n'ai rien pigé à ce que je voyais sauf en une occasion. Janine, elle, devait être une artiste parce que plus d'une fois elle me confia que les descriptions et les explications avancées pour telle ou telle œuvre étaient complètement à côté de la plaque. Ses interprétations à elle étaient beaucoup plus compréhensibles. Tout du moins je les comprenais. Comme beaucoup d'hommes j'imagine, j'avais le don de comprendre tout ce qu'une femme me racontait dès lors que cette femme me faisait bander. Ça devait être inscrit dans nos gènes masculins. On ne peut rien contre la génétique.

Comme il se faisait tard et que j'essayais de ne pas trop perdre de temps, je lui ai un peu parlé de moi, en bien. De son côté, elle m'a parlé d'elle, en compliqué. J'avais toujours évité de tomber amoureux d'une femme compliquée. Il fallait bien une première fois.

J'ajoute qu'à ce moment là de ma vie je commençais quand même à me dire que les filles qui restaient avec moi plus de quelques semaines avaient la fâcheuse tendance à avoir des ennuis. Je me demandais ainsi, avec une certaine appréhension, pour ne pas dire une appréhension certaine, pourquoi Patricia était partie un jour sans rien dire, sans une explication et sans donner de nouvelles.

Mais pour Janine j'étais prêt à faire une exception, car le cœur a ses raisons qui sont parfois les mêmes que celles du bas-ventre. Dans ce cas il n'y a rien à faire.

Je l'invitai donc à prendre un verre chez moi. Elle me répondit qu'il ne fallait quand même pas exagérer et me planta là, devant des énormes quilles rouges et blanches sur lesquelles l'artiste avait tiré à la carabine ou qu'il avait poignardées.