Hemigamie. Ch3, p5

Publié le 13 juillet 2015 par Robertdorazi @robertdorazi

Pendant près d'une semaine je n'ai pas revu Janine, et pourtant je suis retourné chaque jour dans cette exposition. Rien ne changeait, ce qui prouvait que même l'art contemporain pouvait être assez immobile et réactionnaire. Sauf le tas d'ordures ! Lui, il avait changé d'allure chaque jour, l'odeur aussi (ça commençait à fouetter sérieusement) et il marquait une heure différente à chacune de mes visites. Là d'accord ! C'était vraiment de l'art changeant. C'était de l'art " immédiat. "

J'ai retrouvé Janine par hasard, dans une épicerie de la rue des Lauriers. Elle portait encore son bandeau sur son œil et un panier à la main. Dans ce panier il y avait un litre de lait, deux yaourts frais et un paquet de préservatifs parfumés.

C'est dans cette petite épicerie mal éclairée que je compris pourquoi Janine m'avait immédiatement attiré quand je l'avais vu à l'exposition. Elle était tout simplement une version adulte de Blandine. Blandine qui était restée dans un coin de ma mémoire sans que je ne m'en aperçoive. Oui, avec ses longs cheveux noirs autour de son visage fier, Janine était exactement la femme qu'aurait pu être Blandine avec vingt ans de plus, si elle n'avait pas fait ce bond de dix mètres dans les airs.

Elle était habillée d'un poncho de toile de jute qui recouvrait une robe noire. Elle avait également peint ses lèvres en noir. Je m'en souviens très bien parce que je me suis immédiatement dit qu'aucune femme avec un rouge à lèvres noir ne m'avait jamais sucé.