On l'a bien compris le professeur Choron était un drôle de patron de presse, un épouvantable gestionnaire, un mauvais payeur, un gar qui était souvent bourré passé midi...
Mais le documentaire de Pierre Carles et Martin nous apprend autre chose. Choron c'est le mec qui osait, son magazine Hara-Kiri a connu des procès, mais il a aussi fait hémerger des talents du dessin (entre autre un certain Wolinski qui apparaît comme un ingrat de le film...), turbulent dans les réunions de rédactions il balançait un tas d'idées, poussait au cul ses dessinateurs pour qu'ils osent un humour insolent et insoumis aux enseignes, aux institutions etc... etc. La campagne de Coluche c'était Choron, Cavanna et leur gang.
Son tandem avec Cavanna était une bombe à merde pour les censeurs, les bien-pensants mais une bouffée d'air frais pour une certaine liberté d'expression, une avancée.
Au debut du film, il est assez pénible de voir Val, Wolinski et Cabu (putain même Cabu !) nier le travail de Choron, le progrès qu'a amené ses subversions. Le Charlie de maintenant est convenu, fade (cf les articles sur l'Irak...), on s'emmerde. Il est insuportable de voir BHL s'afficher comme "copain" de Philippe Val (on marche sur la tête), à l'époque de l'affaire des caricature de Mahomet. Mais Il est bon de voir Cavanna (chargé d'émotions), démonter juste après, les arguments de Val et sa bande, tout en prenant en compte les défauts de son ami (la gestion...), le moustachu souligne la hargne qu'avait le Professeur à pousser ses collaborateurs, à bien bosser, à donner le meilleur de leur talent pour des publications censées emmerder les emmerdeurs, les salauds, les faux derches et faire rire le reste. Et puis c'est bien triste d'entendre Cavanna parler des nouveaux talents du dessin de presse dessiner "à griffe rentrée" pour un hebdo dégonflé.
Le doc montre des sketchs, des séquences d'humours qui rappellent évidemment Groland. Suivre le Professeur dans son village natal (scène hilarante avec la mémé aux bigoudits), l'entendre raconter son exode, des bribes de son enfance, son approche de la mort, sa vision d'un société qu'il apparente à un cirque (dont nous sommes les animaux savants), sont des moments authentiques, dans lequel on (re)découvre l'homme.
On fait connaissance avec un gar bien, qui comme un Desproge rigole de sa maladie. Un hors-la-loi qui a fait avancer les choses. Un mec qui me traiterait de "p'tit con de merde" si l lisait ma modeste éloge. Mais un mec qui lorsqu'il n'était pas encore imbibé, était une bombe de créativité, une arme pour la contre-culture, un katana à planter dans la gueule des abus du pouvoir. Non pas qu'il changeait la face du monde, mais rire des bien-pensants ridiculisés par une simple publication, ça devait être quelque chose (heureusement Siné is alive !)
Allez voir ce film, découvrez un homme réputé pour être "un gentleman dans un costume de salaud".
Le site du film
L'émission la-bas spécial Choron
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