« Tu l’entends dans le vent qui soupire et dans les épinettes qui dansent. Dans le chant du traîneau porté par le tambourinement feutré des raquettes. Des le son-silence des flocons qui se déposent tout autour de toi.Je te parle de ce que tu es. Je te parle de ce qui se trouve sous la neige, et de ce que tu es venue chercher. Je suis ta mémoire. »
Matisiwin m’a raconté des histoires, comme des contes. L’histoire du porc-épic, celle du serpent. Des histoires d’animaux symboles. Des leçons de vie qui arrivent aux Atikamekw, mais elles pourraient arriver à n’importe qui, à vous, à moi. Selon nos propres expériences de vie, tel chapitre nous rejoint aujourd'hui, tel autre nous rappelle ce par quoi nous sommes passés, hier encore.
L’auteure a parlé tellement plus que des femmes ou des enfants du peuple de la Haute-Mauricie ou du Moteskano, le Chemin tracé des Ancêtres. Elle a parlé de la relation avec nos mères, nos pères. Du temps. Du suicide. De la douleur. Du pardon. De la vie.
La fin de chaque chapitre — très court — frappe l’imaginaire. Parfois une ligne isolée, parfois un seul mot, attendu. Qui vous va droit au cœur ou à la raison, m'aobligé à prendre une pause, souffler, réfléchir.
« Cette marche te sauve la vie pour l’instant. Mais elle ne va pas te guérir. Ta guérison, elle t’appartient. »
« Nous rions parce que nous sommes fragiles. Nous rions pour faire tenir ensemble les morceaux du monde. »
Un roman dur pour certains parce qu’il raconte une réalité difficile, mais un roman puissant par son style efficace. Personnellement, c’est le style de Marie-Christine Bernard que j’aime, qui me parle, qui m’emporte. L’histoire s’efface peu à peu avec les jours, mais les mots, l’agencement des mots flottent dans mon esprit comme un parfum sucré que je veux respirer encore quelques jours.
J’ai une nouvelle à remettre au mois d’août et je sais, j’espère qu’elle sera teintée de ce parfum puissant.
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