Le Billet Amer #27

Publié le 06 août 2015 par Observatoiredumensonge

Ce qui ne veut pas dire que nous approuvons.

   Le Billet Amer #27  

Par L’Aigre Doux

Aujourd’hui quelques millier dans la nature, tout autour de Calais, montant de force dans les camions en route pour l’Angleterre, errant le long des voies du tunnel sous la Manche au risque de leurs vies. Ils n’ont plus rien à perdre que cela. Débordé, le Gouvernement accuse Eurotunnel de négligence dans son service de sécurité. On croit rêver…Que se passera-t-il si un des employés de la compagnie s’oppose par la force à un migrant et que l’affaire tourne mal ?

Qu’en sera-t-il alors lorsqu’ ils seront, dans quelques semaines, dans quelques mois, dix mille, vingt mille et plus à se ruer en masse sur ces points de passage vers la Grande-Bretagne qu’ils veulent atteindre à tout prix ? La situation est d’ores et déjà hors de contrôle, la fermeture du centre de Sangatte n’ayant fait qu’aggraver les choses. Elle deviendra rapidement apocalyptique.

La faillite de l’Europe en la matière est atterrante. Aucune solution crédible n’est envisagée. Il semble bien que les gouvernements aient pris conscience de leur impuissance et se soient d’une certaine façon résignés, ne cherchant même plus à masquer leur échec. Hors Schengen, les Anglais refusent d’ouvrir les vannes. Qui pourrait le leur reprocher ? Quel meilleur argument pour les eurosceptiques que ces scènes de désordres permanents passant en boucle sur les chaines d’information dans la perspective du référendum que Cameron s’est engagé à tenir sur le maintien de la Grande-Bretagne dans la Communauté européenne?

Et une pensée quand même pour les habitants de cette région, sous pression depuis maintenant des années et qui n’ont comme perspective que l’accélération d’un processus dont la progression semble désormais inéluctable. Alors faire la valise ? Tiens, ça nous rappelle d’autres temps et d’autres lieux…

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Les peuples ont les chefs et les destins qu’ils méritent…C’est très démocratiquement, par la voie des urnes, que l’Allemagne s’est donnée aux Nazis en 1933 avec le soutien de compagnons de route, ceux que les marxistes appelaient «  les idiots utiles », représentés à l’époque par l’ancien chancelier de droite Von Papen. La note à payer une décennie plus tard a été effroyable pour le peuple allemand mais aussi pour l’ensemble de l’Europe et pour tous les pays ravagés par cette épouvantable guerre mondiale.

François Hollande a été confortablement élu Président de la République en 2012, sur le rejet par une majorité de la population du président sortant conforté par la trahison d’un certain nombre de personnalités de droite plus préoccupées de régler leurs comptes avec Nicolas Sarkozy que de l’intérêt du pays.

Rien de comparable entre les deux situations sinon la démonstration que le peuple souverain, en des circonstances politiques et des périodes historiques différentes, peut se tromper souverainement.

Après trois ans de mandat, Hollande a paradoxalement réussi à s’aliéner l’électorat auprès duquel il a fait le plus campagne, la gauche de la gauche et le communautarisme, et de perdre ceux qui au centre et à droite avaient cru devoir le soutenir. On a beau être l’empereur du compromis, le roi de la synthèse, arrivent des situations où on ne peut mentir à tout le monde, tout le temps.

Ce carambolage est devenu évident dès les premiers mois de sa prise de fonction dans le domaine économique et social sinistré par l’incapacité à promouvoir les indispensables réformes structurelles. Le bilan s’avère encore plus calamiteux face au défi lancé à tous les pays démocratiques par la barbarie islamique.

Si dans le premier cas, la dégringolade se déroule au ralenti grâce au potentiel exceptionnel de notre pays qui permet d’amortir le mouvement elle risque, dans le second, d’être plus rapide. L’activisme salafiste sur tout le territoire national favorisé par le laxisme du pouvoir et le déferlement d’immigrants clandestins que rien ne semble pouvoir endiguer, mettent tous les signaux d’alarme dans le rouge.

La rupture sera brutale.

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C’est l’histoire du pâté d’alouettes à la sauce turque…On bombarde une fois les positions de l’état islamique et 100 fois celles des kurdes. Le bilan est révélateur : plus de deux cents kurdes tués, civils et militaires mêlés, et combiens d’islamistes ? Ces combattants éliminés ont été, pendant des mois, le seul rempart face à l’avancée des djihadistes. Ils les ont empêchés de s’emparer de plusieurs villes à la frontière entre la Syrie et la Turquie, sans que l’Etat Ottoman ne lève le petit doigt pour leur venir en aide.

Une fois de plus Erdogan est franc comme un âne qui recule. Ila pris pour prétexte cet attentat sur son territoire qui a tué une trentaine d’étudiants…kurdes, pour déclarer la guerre au terrorisme dans une large acception, lui permettant d’englober ses ennemis privilégiés, le PKK, et leur réservant la plus grosse part du traitement. Bilan des opérations, un renforcement de Daesh à travers l’élimination de ses plus redoutables adversaires. Coup triple pour le Turc : il liquide son opposition en interne par l’emprisonnement, en externe par l’extermination, soulage les islamistes qu’il a toujours soutenus et désarme les protestations des Occidentaux crédules qui ont trop vite applaudi ses déclarations guerrières sans chercher à savoir ce qu’elles cachaient vraiment.

L’Orient est certes compliqué, sans doute trop pour les esprits simplistes de nos dirigeants. De l’Irak à l’Afghanistan, de la Syrie à la Lybie, et aujourd’hui face aux conséquences de leur impéritie dans tous ces pays dévastés, ils se sont avérés incapables de gérer les situations qu’ils ont créées. La crise dramatique des immigrés apparait comme le prix, lourd, à payer pour cette accumulation d’erreurs, de lâchetés, de laxisme, d’indécision. Mais ce sont en définitive et comme toujours les peuples qui régleront la note.

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Inquiétude, appréhension, horreur, indignation, colère, émotion, recueillement, compassion, solidarité… Tous ces sentiments ont été collectivement ressentis par la population, après le crime barbare de Paita qui a coûté la vie dans des conditions atroces à un paisible retraité. Avec le passage à tabac d’une rare violence dans le même temps d’une commerçante dans le centre- ville, le sentiment est partagé que l’on vient de franchir un cap fatal dans cette délinquance au quotidien qui se développe sur tout le territoire et plus particulièrement dans la grande agglomération de Nouméa. Plus personne ne va se promener dès la nuit tombée, Place des Cocotiers. Du jamais vu jusque- là en Nouvelle-Calédonie.

Désormais on agresse, en bandes c’est plus héroïque, avec sauvagerie. On torture et on tue pour voler un sac, une paire de chaussures, une carte bancaire, une voiture…Plus de limites, plus de bornes. Peut-être une incitation mortelle pour des jeunes totalement désocialisés, visualisant en direct sur les petits écrans cette rage destructrice qui ravage notre monde pendant que nos inspirés gouvernants privilégient le laxisme à la sanction, au profit des criminels et au détriment des victimes.

Les responsables politiques locaux ont raison d’interpeller avec force l’Etat sur cette dégradation dont la responsabilité constitutionnelle lui incombe. Les fameuses compétences régaliennes, police et justice, qui seront au centre de la question référendaire de 2018, sont directement concernées. Mais personne ne s’en tirera en renvoyant simplement la balle dans l’autre camp. Toutes les institutions locales qui irriguent le tissu social sont interpellées, chacune à leur niveau, gouvernement, congrès, provinces, sénat coutumier, communes, enseignants, autorités religieuses et associatives. Chacune a son rôle à jouer, nulle ne peut s’en exonérer. Cette situation détestable prend racine dans une démission générale, et notamment des familles, devant des fléaux tels que l’alcool et le cannabis dont une partie de notre jeunesse est dépendante. Ce sont les racines à couper pour extirper les fleurs du mal.

Sans perdre de vue le contexte politique fragile de notre territoire dans la perspective de sortie de l’Accord de Nouméa, les relents racistes d’une telle détérioration de la sécurité publique pouvant à tout moment remettre le feu aux poudres.

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Barack Obama se mobilise pour sauver la planète. C’est bien. Surtout pour François Hollande qui y voit une bonne entrée en matière pour la conférence sur le climat programmée en décembre à Paris, moment fort de son quinquennat. Mais comme le Président américain n’a plus de majorité au Congrès, son vœu risque fort de rester pieux. Les représentants du Parti Républicain dominant dans les assemblées ont d’ores et déjà fait part de leur opposition aux propositions de réduction de la consommation d’énergie qui risquent, selon eux, d’impacter la croissance et l’emploi. Il y a donc peu de chance que la bonne volonté de l’occupant de la Maison Blanche en fin de mandat dépasse le stade verbal.

Comme dans d’autres domaines- la lutte contre le terrorisme en particulier- l’incapacité de la communauté internationale à prendre les décisions qu’impose l’urgence des dangers est rédhibitoire. Que ce soit pour la Grèce ou pour l’Iran, les années de négociations qui ont été nécessaires pour, dans un cas comme dans l’autre, arriver à des solutions boiteuses qui ne règlent pas fondamentalement les problèmes, marquent les limites de l’exercice.

En ce qui concerne le climat, question cruciale pour la survie de l’Humanité et de tout ce qui existe sur Terre, la collaboration franche et sincère de tous les Etats que compte notre vaste monde est la condition incontournable d’une avancée, pour ne pas dire un succès encore bien loin des espoirs que l’on peut nourrir. Car les égoïsmes nationaux, ouverts ou dissimulés, vont se déployer tous azimuts pour laisser à l’autre la charge de l’effort ou la responsabilité de l’échec. Comment en effet faire marcher d’un même pas sur cette voie idyllique, une cohorte de pays et de peuples aux aspirations aussi contrastées, aux conditions de vie aussi disparates, aux intérêts aussi antagonistes ?

Alors, comme de coutume, une grande messe ou chacun jouera sa partition non dénuée d’arrières pensées plus terre à terre ? Au regard de l’enjeu, la partie mérite quand même d’être engagée mais sans illusions excessives.

L’Aigre Doux

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