Joseph Titi Gnahoua
Cher Titi Gnahoua,
Maintenantque la “tempête” quine s’est pas réellementlevée tout autourde tois’estcalméeet que la pressionsurtesnerfs est tombée, jeme permetsundevoir. Cette convenance morale, n’est pas unalignement par esprit de corps, niuneexpression de pitié à ton endroit. Car, tues uncombattant. Ma solidarité est humaine
C’estavecces mots quiprécèdentquej’aiouvert ma lettre à toi. Au moment de tel’envoyer, j’aiappris par voiede pressequeleCNP a “suspendu de parution, lesquotidiensAujourd’hui – donttues leDirecteurde publication– et Le BélierIntrépide pour 21 parutions pour le premier et 26 parutions pour lesecond, et infligédesblâmesassortisde mise en garde aux quotidiensLG Infoset Le Quotidiend’Abidjan.”
Malgrécettenouvelle situation, jen’ai pas révisé ma lettre
Cher Ami Titi, sachequetun’esqu’audébutdesépreuvesdans la mesureoù, tut’esappropriél’exercicede la libertéd’expressionqui est undroit fondamentalinscrit à l’article19 de la Déclarationuniverselledesdroitsde l’homme. Ainsidonc, “Parler sans crainte: assurer la liberté d’expression” est ton créneau. Undevoir. Une contribution à “la bonne gouvernance, audéveloppement, à la paixet à la sécurité.”
En tepersécutant, leConseil National de la Presseattaqueledroit desIvoiriensde savoir la vérité. Cettehargnene me surprend pas. Le systèmeinstallé en Eburnien’admetaucune contradiction. Ilexige à touset à chacununedévotionobséquieuse. Et ne lésine pas surlesmoyensde rétorsioncontrelesréfractaires. Tesécritsau style simple, presqueélémentaire, à la lecture aisée, dérangent
D’ailleurs, la libertéde la pressen’étaitdéjà pas lepoint fort de la Côted’IvoiredepuisAvril2011. 159è auclassementmondialde la libertéde la presse2011-2012 dressé par “ses” amisde Reporter Sans Frontière. Une chute de 41 places par rapport à la “dictature” duprésidentGbagbo
Ce rang ne m’étonnenine m’offusque. C’estmême normal. PuisqueOuattaraprendsoinde ne pas laisser la libertéde la pressemettreson trône en péril. Néanmoins, tut’esessayé. Ta plume à cracher la goutted’encrequ’ellen’aurait pas due. Cellequi expose et décortiquele dossier de la DGSE contre( ?) Ouattara
Cher Titi, en dévoilantce document quia provoquél’irede Magellan, tuas cru de bonne foi, faire ton devoir d’informer. Jene sais pas si tucroisaucontenude ce document. Penses–tuqueson éclosionpeutbousculerlesmentalitésdans la classepolitiquedominante en France ou en Côted’Ivoire, ouaccélérer la prisede conscience desIvoiriens à s’organiser pour selibérerdujougde la dictaturedurégime?
Moi, je suis sceptique. Ilme parait quecette fuite d’information à quelquesmoisdes élections, est un stratagème pour endormir la vigilance et l’engagement desIvoiriens friands de rumeur et obsédés par le désir justifié de se débarrasser de Ouattara, à prendre leur destin en main pour chasser ce dernier du pouvoir. La logique de cette stratégie, consiste à nourrir les Eburniens de petites informations salées que la presse nationale s’active à gonfler. Le faitle plus récent c’est la question de la transition jetée comme un os aux chiens de rue que la presses’est empressée à ronger danstousles sens.
Cher Gnahoua, réfléchi avecmoi. Si Ouattara était si répugnant, pourquoi les Français ne mettent-ils pas sur la table la question de son inéligibilité, au lieu de ruiner le temps avecune supposée transition qui, si elle est mise en route le maintiendrait toujours en course ?
Cher Frère, audébutde ces lignes, j’ai parlé d’une tempêtequine s’est pas construite autourde toi. Je m’explique. Je m’attendais à voir sedresser autourde toiun mur de résistance de ta confrérie. Je m’attendais à lire des mots chocs et voir des dessins de presse impressionnants dénonçant les violations de la libertéd’expressiondans ton pays. Je m’attendais queles “unes” de la presse Ivoirienne des29 et 30 Juillet traduisent l’onde de choc qui traverse le pays depuis l’attaque franco-onusienne quia finalisé la destruction des institutions et les libertés difficilement acquises dansce pays déjà défiguré par la rébellion. J’avais cru queje lirais unepresse collective fustiger une atteinte à la “liberté.” J’avais peut-être ignoré ou feint d’ignorer que la presse Ivoirienne et unepresse querelleuse. Unepresse sans vision depuis bientôt cinq ans. Unepressede haine. Unepressede subordination.
Mon Cher Frère Joseph, que la presse nationale et étrangère soit amorphe et aphone, je peux, sans lui trouver une excuse, la comprendre. Maisqueles Nations Unies quiont “adopté un plan d’action sur la sécuritédes journalistes dans l’objectif d’éveiller les consciences et d’encourager la prisede mesures concrètes pour permettre à ces derniers de travailler dansun environnement libre et sûr,” aient mis leur large microphone en off, c’est simplement scandaleux.
Làaussi, cher Ami, jen’ai jamais rien attendu de concret de cette organisation. Ouattara est sa fabrication. Le produit de ses entrailles. Si l’ONU n’a pas levé le petit doigt pour dénoncer le “rattrapage ethnique,” oule “rattrapage carcéral,” pour reprendre Michel Galy, rien ne l’oblige à défendre unjournaliste. Surtout toiquies du mauvais côté de la clôture. Bien avant toi, lesystèmeOuattaraa jetébeaucoupd’autresde tes confrères surlecheminde l’exil, envoyéd’autres en prison ouaucimetière
J’aiélaboréde façonsynthétiquecettemaltraitancedontsubislesprofessionnelsde la presse, dansunde mes articles intitulé, Côted’Ivoire –Media: Contrôlede l’Etatet Crimes duRégime, queplusieurs sites internet dontCivox, EburnienewsouMamafricatv,…ontpublié.
Cher Ami, jesais, lesintimidations, les menaces, et lesviolencesde la part de l’entreprisecriminelleinstalléedans ton pays, et quicherche à teréduireau silence, sont ton lot auquotidien. L’objectifétant, pour terépéter, “de faire en sorteque [voussoyez] loin dudébatpolitique pendant tout cemois.” cequi “serait déjàquelque chose de gagner en attendant de mettre en place de nouvelles sanctions.”
Pour atteindrecebut quetudécris si bien, ilst’ontjeté en prison en violation duprincipede la dépénalisationdesdélitsde presseconsacrée par la loi2004-643 du14 Décembre2004 portantrégimejuridiquede la presse en Côted’Ivoire, votéeavecl’appuide …Laurent Gbagbo…diabolisé par l’occidentparcequ’insoumis. Puis, quelquesjoursaprès ta libération, ilsontsuspendu ton journal pour unmois. Unesacréepersécution
Cher Frèreet Ami Joseph Gnahoua Titi, honneur à toi. Jeme réjouisquetusoisunedesvictimesdusystème, pour ton combat pour la libertéde la presse. Jeme réjouisaussiparcequetun’as pas faitde la platitude journalistique. Car, “le journalismequine choque pas, n’est pas dujournalisme;” disait feu SalehGaba, journalisteTchadien
Cher Ami, jetesouhaitebeaucoupde courage. Maissacheune chose. Dèsque ta plume voudrasauver ta peausous cerégime en changeantde ton, la miennetepersécutera
Cher Frère Titi, pour l’instant, tuas choiside traiter ta société à l’aidede ta plume. Vas-y ! Tu n’es pas seul
Dr. FeumbaSamen, Galena, Ohio, USA.