Non, Igor n'a pas disputé de tournoi de sixte.
L'exercice ne lui aurait pas déplu.
Foutre la pâtée à l'équipe qui gagne tous les ans l'aurait bien amusé.
Igor trouve ses joueurs antipathiques.
Pas mauvais, hélas, mais franchement antipathiques.
Igor se reproche de rêver de leur mettre la misère.
De surcroît simplement parce qu'il ne les apprécie pas.
Oui, Igor a la honte.
Il se sent même carrément minable.
Il a donc décidé de s'améliorer.
En commençant par son foot, qui est vraiment lamentable.
Depuis le début de l'Euro, il s'efforce de suivre les matches.
Chacun sa méthode.
La sienne n'est pas forcément ni adaptée, ni maline.
Oui, pas maline, c'est presque sûr.
En outre, chaque match le supplicie.
Igor perd la balle.
Igor ne reconnaît pas les joueurs, bien qu'il ait pris soin de noter leurs numéros de maillot en face de leurs noms sur un carré de papier.
Surtout, Igor s'ennuie sec.
Jusqu'au moment où, après avoir tiré au sort l'équipe qu'il allait soutenir 90 minutes (il fait pouf pouf), il se met à rêver de mettre une dérouillée à l'équipe adverse.
Parce que Igor trouve ses joueurs antipathiques.
Pas mauvais, hélas, mais franchement antipathiques.
Si son coup de pied était meilleur, plus ajusté, Igor rentrerait dans la télévision pour servir de renfort à ses protégés.
Quand l'heure de la 3ème mi-temps sonne, Igor a arrêté sa décision : il va s'inscrire au prochain tournoi de sixte.
Quand le rideau se tire aussi sur la fiesta, Igor a entrepris de d'aller dès le lendemain s'inscrire au prochain tournoi de sixte. Tant pis si sa date n'est pas encore fixée.
Quand Igor dort, il ne rêve plus de rien.
Quand il se lève, il a oublié sa résolution.
Tellement surpris de se réveiller en bavant, déjà.