Magazine Humeur

Le Billet Amer #29

Publié le 20 août 2015 par Observatoiredumensonge

Ce qui ne veut pas dire que nous approuvons.

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   Le Billet Amer #29  

Par L’Aigre Doux

« Il faut savoir terminer une grève… ». Cette phrase, devenue célèbre, maintes fois reprises depuis par des responsables de tous bords, a été prononcée en juin 1936 par Maurice Thorez, emblématique secrétaire général du Parti Communiste Français, lors des grands mouvements sociaux déclenchés suite à l’arrivée de Léon Blum et du Front Populaire au pouvoir. Car malgré les avancées sociales exceptionnelles accordées par les socialistes dans le cadre de ce qui s’appelaient à l’époque, et oui, « Les Accords de Matignon», les tenants de la ligne dure refusaient de mettre un terme au conflit.

Mais on passe volontiers sous silence le deuxième volet de la citation: « …dès que satisfaction a été obtenue ». Ainsi rééquilibrée la formule peut alors être transposée à la violente crise sociale vécue en Nouvelle-Calédonie depuis déjà deux semaines dans le monde de la mine.

Quant à la satisfaction en effet, tout repose sur les déclarations et les interprétations des uns et des autres, en l’occurrence le Président du Gouvernement, Philippe Germain et le syndicat des rouleurs « Contrakmine ». Pour l’un tout est dit et les intéressés ont reçu toutes garanties concernant leurs perspectives d’activités dans le cadre de la politique industrielle et minière portée par le Chef de l’Exécutif. Pour les autres, rien de ce qui a été avancé n’est de nature à calmer leurs inquiétudes quant à l’avenir. Ce gouffre immense d’incompréhension se creusant sur fond de souvenirs cuisants datant de 1994, au cours duquel les mêmes rouleurs avaient causé de considérables dégâts matériels aux bâtiments de l’Hôtel de la Province Sud et à ceux du Haut-Commissariat.

Le fait que le conflit en cours fixe des positions hors du traditionnel clivage indépendantistes, non –indépendantistes, révèle que l’enjeu de ce bras de fer dépasse de loin l’opportunité d’autoriser ou non des exportations de minerai basse teneur vers la Chine. La solution viendra donc inévitablement du politique en responsabilité de la détermination du projet de société. La séance animée du Congrès hier en a déjà fixé le périmètre.

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Drôle d’ambiance …L’immeuble du Gouvernement et l’Hôtel de la Province Sud assiégés. Comme ils sont face à face cela permet de faire d’une pierre deux coups. Des opérations escargots dans certains points routiers stratégiques, un blocage des dépôts d’essence dont l’effet va rapidement se faire sentir, une menace diffuse mais bien réelle de montée en régime des actions conduites par les rouleurs en colère. Et rien ne se passe. Pourtant nul n’a intérêt à laisser pourrir la situation.

Ceux qui exercent le pouvoir institutionnel se renferment dans un mutisme ombrageux au prétexte que tout a été négocié et qu’il n’y a plus rien à ajouter : à prendre ou à laisser…Ceux qui tiennent la rue font monter la pression. Imprévisibles dans leurs initiatives et jusque- là sous contrôle de leurs responsables, ils peuvent à tout moment dégoupiller leur charge explosive. Au milieu, classiquement prise en otage, une population toutes communautés confondues, tous clivages politique effacés, qui suit avec une forme d’angoisse et d’excitation mélangées, comme à l’approche d’un cyclone, les alarmes d’une météo sociale qui peine à rendre son verdict après deux semaines d’un conflit rendu physiquement et moralement difficile pour ceux qui le vivent.

La médiation de l’Etat a été de nul effet. L’opinion publique, plutôt favorable aux revendications des manifestants, est par définition fragile et fluctuante. Surtout si la vie quotidienne est gravement perturbée par les conséquences du mouvement. Essence es-tu là ? Georges Pompidou, Premier Ministre du Général De Gaulle, avait sonné la fin de la pagaille en mai 68 en faisant rouvrir les stations- services.

N’assiste-t-on pas en l’occurrence à une vaste partie de poker menteur ou chacun spécule sur la faute de l’autre qui retournera la population en sa faveur? A ce petit jeu, le risque est extrême de voir le cours des événements devenir incontrôlable par les uns et par les autres. La mobilisation populaire annoncée pour les jours qui viennent risque fort de mettre le feu aux poudres.

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De la Démocratie…Cette accroche nous ramène inéluctablement à nos souvenirs scolaires accolés à la Grèce antique, berceau de ce « gouvernement par et pour le peuple », qui n’était pourtant à l’époque que l’apanage d’une caste minoritaire.

Depuis, nos Etats modernes, dits « libres » , en ont fait ce modèle adapté, insurpassable, incontournable, que l’on a voulu transposer, de gré ou de force, à toutes les communautés humaines de la planète, au mépris de leur histoire, de leurs mœurs, de leurs us et coutumes. Avec le succès que nous a valu ce qui a été ressenti comme l’insupportable arrogance de l’Occident.

La démocratie est le pire système de gouvernement à l’exclusion de tous les autres qui ont pu être expérimentés dans l’Histoire, a cru devoir asséner Winston Churchill. Ce qui altère un peu l’angélique bonne conscience des nations qui la pratiquent.

La référence au « peuple souverain »  est devenue l’alibi commode de tous les dirigeants en difficulté pour asseoir une légitimité qui s’atténue ou disparait au fil du temps et des promesses non tenues. Nous le vivons quotidiennement en France. Mais qu’importe : élu pour la durée du mandat, aucun dirigeant ne se presse d’aller vérifier au moyen du référendum, si ses décisions sont en adéquation avec les engagements qui l’ont fait élire. Et contraint d’en passer par là, reste la possibilité de contourner l’avis des citoyens par la voie parlementaire. Ce qui a été fait lors du rejet par les électeurs français en 2005 du Traité sur la constitution européenne. Ce souvenir cuisant resté dans toutes les mémoires politiques a sans doute définitivement condamné le recours à ce type de consultation. Sinon, nombre de réformes sociétales radicales, de gauche surtout mais aussi de droite, n’auraient jamais été adoptées si elles avaient été soumises au vote populaire.

Tout ça pour dire que nul ne devrait se prévaloir d’une confiance électorale octroyée lors d’un scrutin circonstanciel et convenu pour imposer contre l’avis d’une population, des options transformant radicalement un type de civilisation élaboré pendant plus d’un millénaire. Et comme en Nouvelle-Calédonie nous sommes tous d’excellents petits Français, cela vaut bien sûr pour nous aussi.

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Les lignes semblent, enfin, commencer à bouger plus de deux semaines après le déclenchement du conflit entre rouleurs et Gouvernement. Le blocage, ce jour, des accès à la capitale a démontré ce que tout le monde sait depuis les graves incidents de 1994 à l’Hôtel de la Province Sud et au Haut-Commissariat quant à la capacité de cette corporation à porter haut et fort ses revendications.

Y avait-il un moyen d’éviter d’en arriver à ces extrémités qui touchent l’ensemble de la population et dont les effets seront encore plus pénalisants si elles devaient se perpétuer ?

L’initiative prise par Calédonie Ensemble de transférer le problème du Gouvernement, où son enlisement semblait rédhibitoire, au Congrès est-elle de nature à débloquer la situation ? Il n’est jamais facile pour une assemblée délibérante de se positionner dans l’urgence, dans un climat social rien moins que surchauffé. D’autant plus que nul n’ignore les causes profondes de l’affaire qui dépassent, et de loin, les revendications du Syndicat.Il s’agit, question centrale, de la définition de la politique industrielle de la Nouvelle-Calédonie pour le long terme et, au- delà, du type d’organisation économique et social du pays dans lequel évolueront les générations futures.

En toute hypothèse et quel que soit la voie de sortie privilégiée, ce mouvement social de grande ampleur aura des répercussions politiques considérables. Au niveau des responsables institutionnels en charge du dossier d’abord, dont il faudra bien établir le bilan, bon ou mauvais, de leur action. Quant aux formations politiques, la frontière idéologique a de nouveau volé en éclats. Ce qui traduit une fois de plus dans chaque camp la fragilité de ce qui les unit et la pesanteur de ce qui les oppose. Inquiétant désordre quand même dans la perspective des échéances institutionnelles.

L’Aigre Doux

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*** Attention ce texte est une TRIBUNE LIBRE qui n’engage que son auteur ***
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