Si nous étions fait l'un pour l'autre ? Et bien c'était que nous ne nous regardions pas tout à fait avec le regard de l'autre. Les yeux dans les yeux le plomb fondu de nos sentiments semblait à l'instar des brumes marines comme une nappe d'or pâle posée sur une table où nul dîneur n'était encore venus et repartit, laissant les miettes de nos vieilles histoires et le pauvre pourboire qui est le salaire de qui passe par là en grand danger de solitude. Rien des bienfaits, rien des méfaits n'avait avant nous été touché par la grâce et le laid de vivre. Tu vivais avant moi ? Ah ? Je vivais avant toi ? ... ? Comment se nommaient-ils, dis tu ? Elles n'étaient que des pages, je t'assure ! Et si ni eux ni elles ne sont restés c'est que c'est toi que je... C'est moi que tu... Nappe d'or dans tes yeux et dans les miens flacons renversés et rires idiots.
Nous étions fait l'un pour l'autre, étrangers apatrides n'ayant pour hymnes que la chanson qui vient aux lèvres quand tes lèvres criaient terre ! Terre ! Terre en effet, terre d'où le ciel se retire quand à présent je vois qu'en aventurière effrontée tu te sers de nos silences pour toucher d'autres grèves et en vierge te proclamer île. Quand à présent je me sers de ta liberté pour clamer qu'avant elle non, il n'y eut rien qu'une brume, une brume que tu étais et qui me la cachait.
Quel Gâchis nous deux. Nous deux, quel crachin dans ton Rimmel.