Parmi les individus mis en examen figure un couple membre de l'association "Choisis la vie". L'homme, âgé de 70 ans, est accusé d'"exercice illégal de la pharmacie" tandis que son épouse, âgée de 67 ans, est mise en cause pour "exercice illégal de la médecine". Véronique Imbert, juge d'instruction du tribunal de Marseille en charge du dossier, a également retenu contre eux la "tromperie sur une marchandise entraînant un danger pour la santé de l'homme", les "blessures involontaires" et la "mise en danger d'autrui".
L'association Choisis la vie, qui a réalisé en 2007 et 2008 un chiffre d'affaires de plusieurs centaines de milliers d'euros grâce à ce commerce, a fait l'objet d'une mise en examen pour "exercice illégal de la pharmacie par personne morale".
Médicaments envoyés par colis postaux
Deux pharmaciens de 51 et 55 ans ont aussi été épinglés pour avoir fabriqué clandestinement des produits qui n'ont jamais obtenu d'autorisation de mise sur le marché. Plusieurs chefs d'accusation ont été retenus contre eux à savoir "exercice illégal de la pharmacie, tromperie, mise en danger d'autrui et préparation de médicaments sans respect des bonnes pratiques". Les deux responsables associatifs doivent verser chacun une caution de 35.000 euros tandis que pour les pharmaciens, celle-ci s'élève à 50.000 euros par personne. Ils risquent tous jusqu'à quatre ans de prison et 75.000 euros d'amende.
Ce réseau distribuait les substances "Vita", "Vitoral" et "Sovita", sous forme de comprimés, crèmes, sirops ou suppositoires, supposées soigner des maladies comme certains cancers ou encore la sclérose en plaques. Les matières premières arrivaient dans le laboratoire, basé dans une maison d'habitation, où les médicaments étaient fabriqués, conditionnés puis envoyés, apparemment par colis postaux. "Plusieurs centaines de patients sont concernés par l'activité du laboratoire qui est sans doute le premier de cette ampleur à être démantelé en France", avait expliqué, mardi, Thierry Bourret, directeur de l'Office central de lutte contre les atteintes à l'environnement et à la santé publique (OCLAESP).
Les faux médicaments étaient vendus à des personnes atteintes de sclérose en plaques ou de cancers, auxquelles "Choisis la vie", fondée en 1985, affirme vouloir apporter son soutien. Ils étaient présentés comme une thérapie parallèle, destinée à aider les malades à bout de solutions.
Ainsi, une plaignante de Roanne a signalé que son état de santé s'était aggravé après avoir consommé une des substances. L'enquête doit également déterminer les effets potentiellement nocifs d'une substance baptisée "Uréthane".
Ce commerce a rapporté à l'association qui compte plus d'un millier d'adhérents, plusieurs centaines de milliers d'euros, selon le procureur Dallest qui a évoqué "une entreprise humanitaro-commerciale".
Les produits, vendus sous forme de sirop, soluté injectable, crème ou suppositoires sous les marques Sovita, Vitoral, Vitasup ou Vita, se veulent les héritiers des produits Solomidès, du nom de Jean Solomidès. Ce médecin, dans les années 1950, avait mis au point les "Physiâtrons synthétiques" et a été condamné en 1975 pour exercice de la pharmacie et de la médecine, a précisé le procureur.
Les enquêteurs vont désormais se pencher sur la composition des médicaments pour déterminer leur dangerosité. Un produit a déjà été identifié, l'uréthane, "qui serait nocif", a expliqué M. Dallest.
Les produits étaient conditionnés à Messimy, à partir de matières premières importées de Belgique, puis empaquetés avant d'être expédiés par la poste à des malades dans la Loire, le Rhône, les Côtes-d'Armor, sur prescription de médecins. D'autres départements pourraient être concernés.
Les dirigeants de l'association se sont vu notifier plusieurs autres chefs de mise en examen dont ceux de "mise en danger de la vie d'autrui" et de "blessure involontaire ayant entraîné une ITT de plus de trois mois", à la suite d'une plainte déposée par une habitante de Roanne. Atteinte de sclérose en plaques, les faux médicaments "semblent avoir provoqué une dégradation de (sa) santé", a affirmé M. Dallest.
Mercredi, l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps) a mis en garde contre ces produits expliquant que leur intérêt thérapeutique et leur innocuité "n'ont pas été démontrés".
sources: Le Point.fr ; Romandie News