Ce qui ne veut pas dire que nous approuvons.
Le Billet Amer #32
Par L’Aigre Doux
« François Hollande a la parole légère ». L’ancien Premier Ministre Jean-Pierre Raffarin a gardé de son passé de publicitaire le sens de la formule. Celle-là, si elle s’applique parfaitement au personnage ne le fera pas vendre plus. Usé jusqu’à la corde, le Chef de l’Etat va tenter, dans sa conférence de presse, de justifier son énième retournement à propos de la crise des migrants et des événements qui en sont responsables.
Après avoir opposé le mois dernier une fin de non-recevoir énergique aux recommandations européennes sur les quotas de réfugiés à accueillir, le voilà aujourd’hui prêt à les accepter, suivant en cela une fois de plus comme son ombre la position de la Chancelière allemande. De même, et on a envie de dire mieux vaut tard que jamais, il serait sur le point de se résigner à attaquer les positions de l’état islamique en Syrie, malgré sa détestation de Bachar El Assad. Nul n’ignore en effet, que le Président syrien est moins fréquentable que nos amis, les émirs des états « démocratiques » du Golfe, accueillis en grande pompe à l’Elysée chaque fois qu’ils viennent faire quelques menues emplettes à Paris.
L’indécision est apparue, au fil de l’exercice du pouvoir, comme la marque dominante du caractère de l’hôte de l’Elysée. Jamais en action et tout en réaction, il est tombé à pic dans le tourment émotionnel déclenché par la terrible photo du jeune garçon noyé… sur une plage en Turquie. Jusque- là, il n’avait pas pris conscience du drame de ceux qui fuient des pays dévastés par les conséquences de nos politiques irresponsables. Aucune des images terrifiantes qui courent depuis des mois sur les réseaux sociaux n’avait atteint sa sensibilité. Voilà qui est fait. Il était temps.
Désormais tous les canaux habituels de pression, intellectuels, artistiques, associatifs, confessionnels se sont mobilisés et la chemise blanche ouverte sur le torse velu de Bernard-Henry Lévy va se déployer sur tous les plateaux de télévision.
Un mouvement que doivent apprécier les survivants de l’exode algérien de 1962 : plus d’un million de citoyens français, fuyant dans l’indifférence générale la terreur meurtrière du FLN, que le député maire de Marseille, Gaston Defferre, une grande figure de Gauche, avait accueilli en ces termes emplis de compassion humaine socialiste: « Que les Pieds-Noirs aillent se réadapter ailleurs ». Paix à son âme… s’il en avait une.
Du sens de l’Histoire…
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On attendait Churchill…ce fut Chamberlain !
Que dire après cette conférence de presse terne, sans souffle, sans inspiration où, mais oui, le sentiment dominait que le Président de la République s’ennuyait ?
Tout en calculs politiciens, tacticien jouant petit bras, millimètrant ses déclarations pour ne pas trop déplaire aux uns et tenter de reconquérir les autres, alignant les demi-mesures et minimisant la portée de ses annonces, afin d’occuper le plus possible ce centre mou qui lui permet de conserver 19% d’intentions de vote dans les sondages.
Dans le climat de doute, de crainte, d’angoisse, où baigne le peuple français, il fallait une parole forte, déterminée, mobilisatrice, responsable en un mot, pour redonner confiance et espoir en l’avenir. Nous avons eu droit à de l’eau tiède : l’accueil des migrants du bout des lèvres pour ne pas déplaire à Angela Merckel, le «survol » des positions de l’état islamique en Syrie- les djihadistes vont être terrorisés- pour ne pas reconnaitre que l’on s’est trompé depuis le début sur ce dossier. Autant de mesures cosmétiques qui resteront de nul effet, à l’échelle des défis auxquels nous devons faire face.
Le drame pour notre pays, à l’heure où les périls se révèlent dans leur dramatique ampleur, réside dans cette incapacité chronique de celui qui détient le pouvoir à s’extraire de son contexte tout entier orienté vers sa réélection. Nul n’ignore que les décisions graves, essentielles, à portée historique, sont prises sans tenir compte du qu’en dira-t-on des perspectives électorales.
A l’évidence, François Hollande est dans l’impossibilité intellectuelle de s’en exonérer. A la vitesse où évoluent les événements, les deux années à venir d’ici 2017, au regard d’une telle carence, n’augurent rien de bon pour le cher vieux pays et ses citoyens qui, rappelons- le, ont voté à plus de 52% pour lui en 2012.
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Cela ne s’arrêtera pas… Les milliers aujourd’hui, centaines de milliers demain, de migrants réfugiés économiques ou politiques empruntant les grandes voies ouvertes par la généreuse Europe, vont constituer un flot intarissable qui a vocation à enfler, hors de tout contrôle. Nul n’est en mesure, parmi les pays d’accueil, de faire le tri entre ceux qui méritent aide et protection et les autres qui bénéficient de l’effet d’aubaine pour se glisser dans la masse. Y compris les djihadistes que l’Etat islamique ne peut pas ne pas infiltrer dans la pagaille généralisée qui préside à cette catastrophe humanitaire.
L’Europe paye en vrac et cash toutes ses lâchetés, ses démissions, ses compromis et ses compromissions dans l’ombre du grand frère américain, à l’origine du Big Bang mondial déclenché par des guerres qui apparaissent, après coup, sans queue ni tête. Mais l’Amérique c’est loin… Bien préservée des conséquences dramatiques de ses insuffisances, elle laisse le soin de régler la note à ses vassaux occidentaux.
Nul ne peut espérer, devant l’impuissance de la coalition à contrer l’expansion de Daesh, un renversement de situation qui seul permettrait, dans un premier temps, de stopper le sauve- qui- peut des populations victimes de la guerre. Et, peut-être, de permettre dans un second temps, bien lointain, un retour dans leurs pays d’origine, sans trop d’illusions quand même.
Ces millions de réfugiés potentiels ont en effet vocation à s’installer dans la durée, au sein d’une Europe étranglée par le chômage, enfoncée dans le gouffre financier de ses dettes étatiques, dont les comptes sociaux déjà exsangues vont voler en éclats sous cette pression démographique nouvelle et imprévue. Sans évoquer bien sûr, c’est interdit, toutes les autres conséquences sur nos modèles de société.
Et dire que chez nous, des hommes et des femmes déterminés et pleins de talent sont prêts à se lancer dans une bataille impitoyable, pour prendre la tête du pays en 2017. Avec un bilan désastreux à gérer et des perspectives redoutables à affronter, cette ambition dévorante, incompréhensible pour le commun des mortels, révèle une part indéniable de masochisme chez les gens de pouvoir, au moins aussi impérieuse que leur égo. A moins finalement, version optimiste, que ce soit tout simplement une forme d’héroïsme républicain!
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L’Aigre Doux
*** Attention ce texte est une TRIBUNE LIBRE qui n’engage que son auteur ***
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