Magazine Journal intime

Marquage à vide

Publié le 17 septembre 2015 par Sharlen @Sharlen_Phileas

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Je suis un somnambule et je marche pieds nus sur une lame de rasoir.
J’avance au dessus d’un gouffre de souvenirs, plus j’avance plus il fait nuit.

Mes idées fusent et rebondissent sur toutes les parois de mon crane, on dirait un match de final à Rolland Garros, Nadal bat une fois de plus Federer et un nouveau record mondial de vitesse au service vient d’être établi.
Petit à petit, toutes ces choses que j’avais réussi à oublier ressortent, mes frustrations et mes colères en première position. Je me lève, ouvre une bière, m’assois, ferme les yeux.
Je me retrouve au beau milieu d’un champ de sable, face à moi, un troupeau d’autruches… Je les vois, une par une, elles enterrent leur tête comme on planterait un parasol pour un après-midi baignade. Je rouvre les yeux, et mon cœur à la nausée…
Il est 21h, l’hiver se fait sentir, il commence à faire nuit. Je sors sur mon balcon, allume une cigarette, fais tomber les premières cendres. Ce geste m’est fatal, il enflamme la mèche de mes souvenirs.
On dirait un kaléidoscope, plus je me souviens, plus je prends conscience et plus ma carapace tombe en ruine. Je me sens vide et usée, mon corps me faire mal et ma peau me gratte. Je relève les manches de mon gilet, je vois les marques, elles se multiplient, elles s’imprègnent sur mon épiderme à chaque nouvel instant révélés.
Je repense à toi, je nous imagine l’une en face de l’autre. Tu rajeunis et moi je vieillie, les rôles s’inversent et tu deviens moi qui deviens toi.
Rapidement, les aiguilles de ma montre se remettent à tourner dans le bon sens. Mon cœur s’alourdie, il devient pierre, une roche rouge, livide, pareil au sang. Tu le saisie, je comprends que tu le trouves trop gros, trop laid… Avec tes ciseaux, tu le sculptes, tu le tailles de normalité, tu le rajustes. Ton opération terminé, tu le replaces puis tu disparais.
Je te regarde partir, j’éteins mon mégot, je bois une gorgé et me rappelle les marques sur mon corps. J’enlève mon gilet et mon T-shirt, je regarde entre mes seins, la cicatrice me fait mal. Je sens à l’intérieur que tout veux reprendre sa place.
Comme une fleur qui aurait trop vite fané, je la sens renaitre. Je ferme les yeux et je l’imagine, mon cœur, avant tout tes coups de ciseaux.
Un klaxon, je reviens à moi, je réfléchie, tente de mettre de l’ordre dans mes idées, je réalise le chemin parcouru. Je me sens plus différente que jamais et j’ai l’impression de devenir le personnage d’un roman que tu n’aurais pas aimé. J’ouvre se roman à la premier page, je lis les premiers mots :

« Souviens toi qui tu es… »

——
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