Diesel. Propre. Ça nous aura pris 6 ans pour la réaliser, mais il n’est pas jamais trop tard pour révéler une connerie. La contradiction dans les termes est finalement révélée, avec fracas médiatique et chute de l’action Volkswagen en prime (joli graphique). Le slogan génial du diesel-propre a vécu. Enterrons-le avec une pensée pour ses héritiers survivants : Charbon-Propre et Sécurité-Nucléaire.
Volkswagen n’est sans doute pas seul en cause. Mais pour continuer le petit jeu du « pas-vu-pas-pris », il aurait mieux valu continuer de fourguer du diesel en Europe uniquement. Au pays du moteur diesel, les régulateurs semblent s’être laissés convaincre qu’une limite moins stricte sur les émissions d’oxyde de nitrogène était acceptable. Produire 0,25g par kilomètre de ce gaz cancérigène (c’est aussi le NOx qui, réagissant à la lumière du soleil, forme le smog qui étouffe certaines grandes villes en été), ne présenterait pas de nuisance en Europe, contrairement aux Etats-Unis, où la limite autorisée est environ 8 fois inférieure.
Le procédé pour réduire de 8 fois les émissions de NOx est couteux (5000 à 8000 dollars par moteur) et nuit aux performances des voitures (adieux le fameux « couple » du moteur diesel et la reprise sportive du moteur TDI). Résultat : moins de 1% des voitures américaines roulent au diesel. La plupart des constructeurs n’essayent même pas d’atteindre cet objectif imposé par l’EPA et le nouveau « Clean Air Act » américain. Seuls quelques modèles haut de gamme (le coût n’est pas un problème) s’y sont aventurés. Il fallait tricher, comme Volkswagen, pour duper l’Agence américaine et pénétrer le marché américain avec des moteurs diesel soit-disant capables de combiner petit prix et normes écologiques. Martin Winterkorn, patron de Volkswagen, n’a sans doute pas dû gâcher son plaisir à voir la VW Jetta TDI reconnue « Voiture Verte de l’Année » par Car Magazine aux U.S en 2009, année de l’introduction des moteurs-tricheurs, alors même que cette voiture dépasse de 25 fois les normes d’émissions de NOx autorisées en Californie (où la règlementation est encore plus stricte que dans le pays) !!! Fantastique arrogance. Mais sans doute plus coûteuse que prévu…
Au final, l’opération pourrait coûter à Volkswagen 37.000 dollars d’amende par voiture, soit 18 milliards de dollars, sans compter l’indemnisation des consommateurs par les inévitables « class actions » qui s’en suivront, et une dégradation catastrophique de l’image de la marque dans un pays où le mensonge est un crime de première catégorie (on y est plus enclin à fermer les yeux sur les viols à l’université que sur la tricherie aux concours d’entrée, mais c’est un autre sujet).
Reste à découvrir si Volkswagen respecte « au moins » les normes européennes, et pourquoi une telle différence d’appréciation dans les dangers du « diesel-propre » en Europe et aux Etats-Unis. Est-ce qu’en Europe, la pression sur les régulateurs de Bruxelles pour assouplir les normes est moins coûteuse que d’inventer un moteur-tricheur ? Si 70% des nouvelles voitures vendues en France fonctionnent au Diesel, c’est que c’est propre le diesel, hein ?