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Le cinoche à Jules : Chanbara

Publié le 24 septembre 2015 par Jules

Imaginons deux secondes quelques choses de complètement fou ! Imaginons qu’au lieu de regarder ce soir la énième diffusion d’un Steven Seagal sur la TNT vous ayez une envie folle de vous faire un film de sabre Japonais !


Ça tombe très bien ! Voici un petit top 4 des meilleurs films du genre.


Yojimbo : Akira Kurosawa (1961)

yojimbo


Le film qui a révolutionné le genre. Avec Toshiro Mifune en Ronin (samouraïs sans maitre) proposant successivement ses services à deux clans en guerre dans le but de s’en débarrasser. Adapté d’un roman noir de Dashiell Hammet et transposé au Japon médiéval, Kurosawa écorne l’image du preux Samouraï et nous offre un spectacle jouissif et caustique marqué par de belles flambées de violence. Sergio Leone pétera une durite sur le film et en réalisera un remake avec Clint Eastwood « Pour une poignée de Dollars ». Il lancera un genre à part entière car, rendez vous compte, sans « Yojimbo » pas de Western Spaghetti ! D’ailleurs Kurosawa fera un procès pour plagiat aux producteurs du film ce qui lui permettra de vivre confortablement le restant de sa vie.

Ça se trouve ? Difficilement, un dvd moche circule encore à des prix prohibitifs sur Amazon, à moins que l’éditeur Wild Side ne se décide à enfin sortir en Bluray toute la période Toho du maitre comme il l’a promis.

Dans le même genre : « Les sept Samouraïs » qui est aussi le plus grand film de l’univers.


Harakiri : Miasako Kobayashi (1962)

harakiri


Surnommé le « Kubrick Japonais », Miasako Kobayashi est un grand cinéaste à redécouvrir. Ancien combattant et prisonnier de guerre (expérience traumatisante qu’il racontera partiellement dans sa trilogie monumentale « La condition de l’Homme ») il restera allergique à vie à toute forme d’endoctrinement. Grand esthète, il réalisera malheureusement trop peu de film dans sa carrière laissant un vide sidérale dans l’histoire du cinéma (voir pour s’en convaincre son dernier chef d’œuvre « Kwaidan »). « Harakiri » est sa première incursion dans le « Jidai-Geki » (film de costume Japonais) et c’est une perfection à la fois dans la forme et dans le fond. Réflexion pertinente sur l’histoire (comment les puissants la réécrivent) et sur la perversion du code du bushido (la pratique du « Seppuku »). Admirable construction du scénario en Flash Back et implacable histoire de vengeance, « harakiri » est un long crescendo avant l’explosion de violence finale galvanisé par le jeu puissant de Tatsuya Nakadai. Un chef d’œuvre.

Ça se trouve ? Superbe édition Bluray et Dvd chez Carlotta vidéo.

Dans le même genre: « Rébellion » avec Mifune et le même scénariste.


Hitokiri : Hideo Gosha (1969)

hitokiri


Réalisateur mal considéré car venant de la télévision, Hidéo Gosha est une personnalité trouble. Proche des mouvements nationalistes et des Yakuzas il aura tout au long de sa carrière flirté avec l’ambigüité. Kamikaze pendant la guerre il puisera de cette expérience traumatisante une farouche volonté de vivre. Tout comme lui, les personnages de ses films sont des marginaux coincés entre deux époques (comme les personnages des films de Michael Mann qui ont beaucoup de points communs avec ceux de Gosha). Malgré tout c’est un cinéaste d’exception qui revigorera le genre en y injectant pas mal d’influences du Western Spaghetti (zooms à gogo, cadrages obliques, explosions de violence). « Hitokiri », qui succède au fameux « Goyokin » et un sommet du genre. L’histoire d’un samouraï inculte qui, en voulant à tout pris gravir les échelons du pouvoir, réalise qu’il est au final manipulé par ses maitres. Interprété par l’inimitable Shintaro Katsu (le héro de la série des "Zatoichi"), et l’écrivain Mishima (qui un an après le film se fera Harakiri suite à son coup d’état raté), « Hitokiri » est un film forcement politique qui traite en filigrane du déclin du japon et de ses valeurs morales (rappelons que c’est l’époque du miracle économique et de la folie consumériste). C’est également un pamphlet incroyablement virulent sur l’ambition.

Ça se trouve ? Belle édition Dvd chez Wild Side (film relativement rare).

Dans le même genre: plus proche du cinéma d’horreur mais plus opaque « Goyokin » reste une référence absolue. Une version Japonaise du « Grand silence », le western crépusculaire de Sergio Corbucci.

Baby Cart 2 (L’Enfant Massacre) Kenji Misumi (1972)

babycart


Ogami Itto est le bourreau du Shogun. Il se retrouve, suite à un complot et à la mort de sa femme, obligé d’errer sur les routes accompagné de son jeune fils Daigoro en vendant ses aptitudes de bretteur au plus offrant. C’est le début pour eux d’une odyssée sanglante aux confins de l’enfer. « Baby Cart » est à la base un manga fleuve de Kazuo Koike. L’adaptation cinématographique de cette saga comptera en tout six épisodes. Le deuxième est généralement considéré comme étant le meilleur car c’est celui qui pousse le concept de la série jusqu’aux bout. L’intrigue minimaliste du film est d’ailleurs très vite expédiée pour laisser la place à une succession de scènes d’affrontements toutes plus intenses les unes que les autres dans un déluge visuelle proche de l’abstraction. Les deux premiers épisodes de la saga seront remontés en un seul film sous le titre « Shogun Assassin » et fera aux USA l’objet d’un véritable culte (pour l’anecdote c’est la cassette qu’Huma Thurman et sa fille regarde dans « Kill Bill Vol.2 »). Paroxysme du film de sabre où l’influence du manga est clairement revendiquée, « Baby Cart » est un film complètement fou (explosions de sang, corps découpés en rondelle, démembrements sans fin). Réalisé par l’un des meilleurs artisans du genre, Kenji Misumi, il aura une énorme influence sur les Comics américains et sur des auteurs de BD comme Frank Miller. C’est aussi un dernier baroud d’honneur avant la faillite des studios qui annoncera la fin du cinéma Japonais bientôt supplanté par la télévision. Comme le dit très justement Christophe Gans, « si t’as pas vu Baby Cart, t’as rien vu ! ».

Ça se trouve ? L’intégrale est disponible chez Wild Side.

Dans le même genre: Tous les autres épisodes valent le coup d’œil.


Pour finir une petite précision, le terme « chanbara » est une onomatopée qui désigne le son du katana transperçant la chaire humaine...

Chambara2


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