Cinquième étage
Me voilà au cinquième étage. J'ai passé douze ans au cinquième étage. Mais à mon âge, keske c'est haut, le cinquième étage...
Je vois mon petit cabinet de toilette à l'ancienne. Trop choupinou.
Je vois la cheminée en fonte. Superbe. Une grille. Vais-je entendre les ébats nocturnes de mes voisins du dessus ?
Je vois une terrasse. Aaaaah, une terrasse. Au cinquième. J'y cours, avec mon appareil. Une terrasse. Je sors, je mitraille. Vertige. Je rentre. Je trébuche. Je catapulte mon appareil dans le vitrage. Sain et sauf. Une terrasse. Je bondis de joie, tel un gosse le matin de Noël. Et je ressors, pour photographier encore et encore...
Je t'écris de Paris
Je t'écris de Paris. Endormie. 6 heures du mat j'ai des frissons, comme disait la chanson. Le soleil dort encore. Une migraine me ronge les neurones. L'abus d'alcool colombien leur est nuisible. 6 heures du mat à Paris. Que se passe-t-il ? Les travailleurs émergent. Les éboueurs sont en plein taf. Les prostituées pointent la fin de leur journée. Les cafés commencent à se préparer.
Je t'écris de Paris. Assoupie. 7 heures du mat, envie d'un bonbon. J'écris Paris. Écrire Paris à Paris, c'est cliché. Mais c'est bon, comme un bonbon. Du miel. Dans mon bonbon. Du fiel dans mon stylo. Envie d'écrire un homme qui tranche des bides, se repaît des entrailles qui dégringolent sur le sol. On va encore me traiter de folle. J'écris un SDF, c'est bien aussi un SDF. Puis je m'assoupis.
Je t'écris de Paris. Blottie. Encore au lit. 8 heures du mat. Soleil levé. Par la fenêtre, des géraniums me saluent. Une vieille dame va venir les saluer, les arroser, je le sens je le sais, elle viendra à petits pas, puis me racontera son Paris. Celui de la guerre. De l'après-guerre. Paris détruite. Paris reconstruite. Paris revit. Paris folie. Centenaire, ma mémère. Denise Grey en puissance. Bon, toujours personne au balcon, je vais me doucher.
Je t'écris de Paris. Éblouie. 9 heures du mat, je monte le son. L'odeur de café monte jusqu'à ma porte. Le boire, jamais. Mais le humer, à chaque instant s'il vous plait. Sur le balcon, enveloppée dans ma seule serviette de bain, je photographie la vie.
J'ai faim.
Cinquième étage
Me voilà au cinquième étage. J'ai passé douze ans au cinquième étage. Mais à mon âge, keske c'est haut, le cinquième étage...
Je vois mon petit cabinet de toilette à l'ancienne. Trop choupinou.
Je vois la cheminée en fonte. Superbe. Une grille. Vais-je entendre les ébats nocturnes de mes voisins du dessus ?
Je vois une terrasse. Aaaaah, une terrasse. Au cinquième. J'y cours, avec mon appareil. Une terrasse. Je sors, je mitraille. Vertige. Je rentre. Je trébuche. Je catapulte mon appareil dans le vitrage. Sain et sauf. Une terrasse. Je bondis de joie, tel un gosse le matin de Noël. Et je ressors, pour photographier encore et encore...
Je t'écris de Paris
Je t'écris de Paris. Endormie. 6 heures du mat j'ai des frissons, comme disait la chanson. Le soleil dort encore. Une migraine me ronge les neurones. L'abus d'alcool colombien leur est nuisible. 6 heures du mat à Paris. Que se passe-t-il ? Les travailleurs émergent. Les éboueurs sont en plein taf. Les prostituées pointent la fin de leur journée. Les cafés commencent à se préparer.
Je t'écris de Paris. Assoupie. 7 heures du mat, envie d'un bonbon. J'écris Paris. Écrire Paris à Paris, c'est cliché. Mais c'est bon, comme un bonbon. Du miel. Dans mon bonbon. Du fiel dans mon stylo. Envie d'écrire un homme qui tranche des bides, se repaît des entrailles qui dégringolent sur le sol. On va encore me traiter de folle. J'écris un SDF, c'est bien aussi un SDF. Puis je m'assoupis.
Je t'écris de Paris. Blottie. Encore au lit. 8 heures du mat. Soleil levé. Par la fenêtre, des géraniums me saluent. Une vieille dame va venir les saluer, les arroser, je le sens je le sais, elle viendra à petits pas, puis me racontera son Paris. Celui de la guerre. De l'après-guerre. Paris détruite. Paris reconstruite. Paris revit. Paris folie. Centenaire, ma mémère. Denise Grey en puissance. Bon, toujours personne au balcon, je vais me doucher.
Je t'écris de Paris. Éblouie. 9 heures du mat, je monte le son. L'odeur de café monte jusqu'à ma porte. Le boire, jamais. Mais le humer, à chaque instant s'il vous plait. Sur le balcon, enveloppée dans ma seule serviette de bain, je photographie la vie.
J'ai faim.