Aujourd’hui en me baladant vers chez moi, je suis tombée sur une drôle de maison.
Entièrement en pierre, elle semblait vouloir régner sur un jardin ou seule la pagaille avait jusqu’à présent le contrôle. L’herbe était trop haute et les rosiers grimpants désiraient taper l’incruste à l’intérieur du bâtiment…
Me disant que cette baraque ne pouvait être qu’abandonnée, je pris la décision d’ouvrir le petit portail pour commencer une inspection détaillée des lieux… Le tour étant rapidement fait, une petite voix m’encourage à rentrer à l’intérieur. Je me place face à la porte d’entrée et prend soin de frapper, espérant ainsi faire fuir les potentiels fantômes qui s’y seraient installés.
Étrangement, la porte s’est ouverte et une vienne dame se tenait maintenant devant moi. Lui faisant face quelque peu gênée, je cherche à justifier ma présence, lui montre mon appareil photo, lui explique que je suis nouvelle dans le quartier et que je pensais que la maison n’appartenait plus à personne. Elle me répond d’une voix pleine de mystère qu’elle m’attendait, que je suis la bienvenue si je souhaite boire quelque chose et que je ferais mieux d’accepter car de toute manière, il va se mettre à pleuvoir d’un moment à l’autre. Non habituée à squatter chez les vieilles dames, je me laisse convaincre par ce dernier argument.
A l’intérieur on dirait la tente d’une vieille diseuse de bonne aventure, des talismans chamans à tête de lutin me scrutent de chaque mur, des livres anciens s’empilent dans tous les recoins du salon et le canapé sentait le vieux cuir ramolli.
Je m’y assois en attendant mon hôte. Elle ne tarde pas à revenir avec une tasse de chocolat chaud… Trop polie et embarrassée d’être là, je n’ose lui dire que je n’aime pas ça. Le silence s’installe et la vieille à l’air impatiente de me voir achever sa mixture au chocolat et au lait. J’ai d’ailleurs à peine le temps d’avaler la dernière gorgée qu’elle se jette dessus…
Elle la regarde intensément, comme si elle espérait faire un trou au fond avec ses yeux. Je l’observe sans trop comprendre ce qui lui arrive, m’inquiète de son état de santé quand elle commence à marmonner des mots sans véritable liens. Son débit de parole s’accélère alors, elle parle de la nuit, d’un unijambiste, d’une bicyclette verte, d’un tapis orange et de beaucoup d’autres choses que je ne saisis pas…
Je la fixe du regard et espère une blague de sa part mais non… Elle s’arrête net, me regarde et me demande si le chocolat était bon. J’essais de glaner des informations sur ses paroles mais elle ne semble pas vouloir m’en dire plus… La pluie s’étant arrêtée, elle se lève, me presse d’en faire de même et me raccompagne lentement à la porte.
Je sors, traverse la rue avec l’idée de m’installer dans le parc d’en face afin de réfléchir à une conclusion sur ces étranges indications, mais rien ne vient…
Je n’avais encore jamais rencontré de personne capable de lire dans les traces de chocolat chaud, mais je dois avouer que cette science m’a l’air bien moins précise que la cafédomancie ou la tasséomancie…