A l'acide sulfurique

Publié le 08 juin 2008 par Cochondingue
En 4ème, Stan avait déjà redoublé 3 fois. Pas étonnant, en classe il n'en foutait pas une. Ou plutôt si, il ne chômait pas : entre ses petits trafics de drogue, ses crachats répugnants et ses insultes à répétition, personne ne pouvait ignorer qu'il faisait acte de présence tout au fond de la classe, près du radiateur.

Dans la cours, Stan était le roi, il vendait du shit aux fils de bourges qui jouaient les rebelles. Quand l'envie lui en prenait, il chopait une nana et la traînait à l'écart pour lui peloter les seins et lui arracher la jupe.
La fille hurlait, mais personne n'intervenait jamais.

- Elle dit non, mais en fait elle aime ça ! Se rassuraient les autres élèves, dans leur incommensurable lâcheté.

Moi, je n'avais pas peur de lui. Enfin si, mais je faisais avec.
- Stanislas Bradyskovisz ! Si tu ne relâches pas cette fille...
- Ouais ? Tu vas faire quoi, sale conne ?
- Je vais te...
- Tu vas te barrer ! Dégage pouffiasse !
- Ouais, dégage Cochon ! Tu t'es prise pour Zorro ou quoi ? J'ai pas besoin de toi, je sais me défendre toute seule ! M'a lancé la supposée victime, avant de reprendre sa petite comédie de vierge effarouchée.

J'étais abasourdie.

La fois suivante Stan a eu la bonne idée de s'en prendre à moi et a essayé de me rouler un patin avec sa grosse bouche dégoulinante et fétide. Je l'ai si bien roué de coups qu'il n'a pas demandé son reste. Le temps que je me refasse une beauté, c'est-à-dire que je me désinfecte de la bave pestilentielle et gluante dont mon visage était recouvert, j'avais raté le début du cours de chimie. Il ne restait plus qu'une seule place, évidemment à côté de Stanislas.
- Vous allez rester plantée longtemps debout, mademoiselle Cochon ?
- Euh non, excusez-moi monsieur...
Je me suis installée à une paillasse, couverte de tubes à essai. Stan s'est penché vers moi :
- Le destin nous a de nouveau réunis aujourd'hui. Heureux présage, non ? M'a t'il susurré en passant sa langue de gastéropode sur ses lèvres.
- Tais-toi, je ne comprends rien à ce que dit le prof.
- Solutions aqueuses, PH acide ou basique, molécules... Rien de très passionnant... Ce qui m'intéresse plus, c'est de savoir comment tu fais pour vivre en étant aussi moche... C'est vrai, t'es moche, Cochon. Je ne dis pas ça pour te faire de peine. Je te dis juste la vérité.
Moche.
Tes parents ont sûrement voulu t'abandonner à ta naissance, non ? Ils ne te l'ont pas dit ? Ils ont dû penser qu'ils étaient responsables, qu'il fallait assumer leur fille si laide.

Je ne disais rien. Je ne pouvais rien dire. J'étais complètement bloquée sur la solution que j'étais en train de préparer. Et Stan répétait et répétait jusqu'à ce que ses mots pénètrent de force tous les pores de ma peau et squattent à jamais dans mes cellules grises. Il devait être un adepte du lavage de cerveau, en d'autre temps il aurait sûrement été réputé pour son art de la torture mentale.

- T'es moche, t'es moche, vraiment moche. Regarde ton gros nez moche, ta peau boutonneuse et moche, tes cheveux gras et moches. Tout est moche chez toi. Tu as déjà pensé à porter une cagoule ?

Je m'étais crispée sur mon tube à essai, incapable de desserrer la mâchoire. Stan s'est rapproché de moi pour m'assener un autre coup, mais il n'a pas eu le temps, je lui ai jeté ma préparation à la figure.
- PUTAIN ! Mes yeux ! C'est quoi ? Tu m'as balancé quoi, salope ?
- Euh, de l'acide sulfurique, je crois... Ca brûle ?
- Putain, putain, putain ! Sale pute ! Je vais te tuer ! AAAAAAAAh, je brûle, je brûle, aidez-moi !

Tout le monde s'était pétrifié un quart de seconde, qui avait duré au moins 5 siècles. Le prof est arrivé en courant, ne sachant dans quel ordre procéder : secourir son élève, m'engueuler, comprendre ce qui venait de se passer.
- Cochon ! Mais qu'est-ce que vous avez fait ?
- Mais c'est rien... C'est juste de l'eau salée.

Le temps que cette information lui arrive au cerveau, Stanislas se tordait toujours de douleur. Du liquide coulait à ses pieds, se répandant sur le carrelage blanc. J'ai commencé à rire, à rire, sans pouvoir m'arrêter. Stan a relevé la tête, surpris d'être sain et sauf, les yeux un peu rougis et l'entrejambe mouillée. La rumeur a commencé à se propager dans la classe.
- Tu as vu ?
- Qu'est-ce qui se passe ?
- Il s'est fait dessus.
- Il a pissé dans son calbute.
- Il s'est trempé le slibard.

Je riais toujours à gorge déployée, quand 2 puis 3 élèves m'ont imitée, puis 10 puis 15, puis la classe entière ; alors que le professeur essayait vainement de ramener un peu d'ordre ; et que Stanislas, rouge d'humiliation se frayait un chemin vers la sortie.


Portrait de Spade, gagnante du concours des 2 ans de Cochon (je précise que c'est Spade elle-même qui a voulu que je la dessine en savant fou)