Ce qui ne veut pas dire que nous approuvons.
Tous présidents ?
Par Maxime Tandonnet
Le nombre de candidats à l’Elysée explose: Bertrand, Le Maire, Fillon, NKM, Mme Morano, Juppé, Hollande (à sa réélection), Valls (en 2022), Mariton, le Pen (fille), etc. J’en oublie peut-être…
Et ce n’est qu’un début, un an et demi à l’avance.
Un jour, il faudra se demander: qui n’est pas candidat aux présidentielles?
Ce phénomène a quelque chose d’intriguant. Sentiment profond d’être supérieur aux autres, par l’intelligence, le caractère et de pouvoir mieux faire?
Boursouflure de la vanité, et fascination irrépressibles pour les splendeurs de la vie Elyséenne?
Un mélange pathologique des deux?
Bien sûr, chacun écrit son livre, fomente ses petits calculs et paraît-il, prépare son « programme ».
Mais cela ne prend pas vraiment dans l’opinion. Il manque quelque chose: une force, une dynamique, une impression de sincérité et de désintéressement. Lors de la présidentielle, les Français choisissent un homme ou une femme par instinct, sur la base d’une intuition profonde, d’une attirance instinctive pour un personnage, une ligne directrice, une confiance qu’il inspire, un élan vital, et non sur la base d’un programme détaillé.
Aujourd’hui, cette force d’entraînement est absente.
Parfois, les Français prennent ce qu’ils trouvent, par dépit, mais ce n’est pas vraiment bon signe. Le catalogue des promesses, dans la logique des institutions de la Ve République, incombe à la majorité parlementaire et au futur chef de gouvernement, surtout pas au Chef de l’Etat, homme de la Nation, homme d’un destin, d’une orientation générale, d’un projet non d’un programme. Tous ces candidats, dans leur multitude, donnent le sentiment de frapper à la porte de la providence; mais seule la providence, si elle le souhaite, choisit son bras armé, au dernier moment et en toute liberté.
Hier, j’ai croisé dans la rue un ancien collègue du cabinet présidentiel, à l’Elysée en 2007-2012. Profondément ému, il m’a dit: « Tu te rends compte dans quel état est le pays? Tu te rends compte comme on s’est emmerdé pour en arriver là? »
Puis, j’ai pris le café avec un préfet à la retraite, réputé d’une sensibilité « de gauche » qui tout au long de sa carrière, de quarante ans, a fréquenté les plus hautes autorités de l’Etat et servi dans le secteur privé comme dans les cabinets ministériels, un grand Monsieur, par l’expérience, la lucidité. Il m’a dit textuellement (j’ai noté ses mots): « On n’a jamais rien vu de comparable, une pareille fuite devant les responsabilités et course aux privilèges. La classe politique se déshonore. »
Le soir, j’ai pris un verre avec l’un de mes amis, un ancien homme politique important qui s’est totalement retiré de la vie publique: « Vous avez vu, hein? Quel spectacle! J’ai bien fait de passer à autre chose! » Cette idée peut sembler paradoxale: il se trouve, dans le geste de partir, définitif ou temporaire, une expression de grandeur d’âme et de lucidité.
Une signification: je ne suis pas indispensable, nul n’est indispensable, le salut de la France n’appartient à personne en particulier, il est collectif, national, et ne relève in fine que de l’histoire et de la providence.
Maxime Tandonnet
Ancien conseiller à la Présidence de la République, auteur de plusieurs essais, passionné d’histoire…
*** Attention ce texte est une TRIBUNE LIBRE qui n’engage que son auteur ***
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