Point noir : J’ai fait un cauchemar affreux : l’extrême-droite s’arrogeait le monopole de la contestation en France et était en passe de s’emparer d’une région ouvrière, il était devenu impossible de défendre des idées progressistes sans être traité de sale bourgeois, les musulmans étaient traités de parasites, les meilleurs caricaturistes avaient été assassinés, les jeunes étaient privés de l’apprentissage du grec et du latin et, comble du comble, on m’avait coupé les mains et crevé les yeux, je ne pouvais plus ni écrire ni dessiner ! Quand je me suis réveillé, j’ai vu que je n’avais pas rêvé sauf sur un point : j’avais toujours mes mains et mes yeux ; alors j’ai poussé un soupir de soulagement…
Point horaire : Je ne comprends pas ceux qui râlent contre l’heure d’hiver : gagner une heure de sommeil, c’est quand même chouette, et puis voir la nuit tomber plus tôt, c’est quand même apaisant. Bien entendu, c’est mon égoïsme de créateur névrosé qui me fait parler ainsi : je travaille mieux quand tout se tait autour de moi ! J’avoue que je ne suis pas loin de formuler le « vœu criminel » dénoncé par Nietzsche dans La généalogie de la morale : Pereat Mundus, fiat philosophia, fiat philosopus, fiam ! C’est dire si cet automne ensoleillé me tape sur les nerfs…
Point cathodique : Deuxième satisfecit pour la deuxième partie du programme Les Nuls de A à Z diffusé sur D8 bien qu’il ait fallu se coltiner les pubs à n’en pas finir et la météo pour pouvoir enfin regarder ; il est d’ailleurs démoralisant de constater à quel point la télé a peu changé, ou alors en pire, depuis l’époque où Alain, Bruno, Chantal et Dominique la brocardait : toujours plus de pubs, toutes plus débiles les unes que les autres et qu’on ne peut même plus parodier tant elles sont déjà des caricatures d’elles-mêmes, toujours la même façon de dire la météo, qui n’est d’ailleurs qu’un prétexte pour pouvoir placer quinze écrans de pub supplémentaires à cinquante patates la minute… C’est à se petit-suissider ! Navrant aussi, les jingles tape-à-l’œil et « nouveau riche » qui ponctuaient l’émission : on est loin de l’ambiance originelle des programmes des Nuls qui, même dans leurs plus grands excès, restaient fidèles à la sobriété qui caractérisait les décors et l’habillage de Canal+ par la grâce de ces génies que sont Philippe Désert et Étienne Robial : depuis les fausses marbrures du JTN au studio noir et volontairement inachevé de Les Nuls, l’émission en passant par le fond blanc de l’ABCD Nuls, leurs décors se sont toujours caractérisés par une relative élégance qui, par effet de contraste, faisaient mieux ressortir leur langage fleuri et le côté grivois de certaines blagues. Les Nuls sont restés fidèles, dans une certaine mesure, à ce parti pis : Mission Cléopâtre, par exemple, est une explosion de rire tellement violente qu’on en oublie d’admirer la beauté des images ; leurs héritiers, en revanche, n’ont pas retenu la leçon et se produisent dans une ambiance clinquante et vulgaire qui n’est que le reflet de leur propre médiocrité. Y a de quoi dégorger une mirnoufle, non ?
Point musical : Puisqu’on parle de télévision, continuons : Taratata sur la Deux, c’est un bon concept en soi, c’est juste dommage que la chanson française soit, dans sa grande majorité, bonne à jeter. En soi, de la musique live à la télé, j’y suis plutôt favorable, mais si c’est pour écouter toutes les têtes de cul de la chanson française, ça n’en vaut vraiment pas la peine : M. Pokora, Véronique Sanson, Patrick Bruel, Louane… Un océan de médiocrité ! FERMEZ VOS GUEULES !
Point graphique : Je parlais de Mission Cléopâtre il y a un instant : il a été beaucoup question d’Astérix cette semaine, mais la veille encore, c’était Retour vers le futur qui était sur toutes les lèvres. Les modes éphémères, c’est vieux comme le monde, mais avec la folie des réseaux sociaux, une mode qui durait au moins quelques semaines jadis ne dure plus qu’une journée voire quelques heures ! Ce ne serait pas trop grave si ça ne rendait pas les gens si pressés : on a ainsi vu les gens se ruer dans les magasins pour avoir les premières éditions de l’album Le papyrus de César, comme s’il allait être définitivement épuisé dès le lendemain ! Calmez-vous, les « Bip-bip », il sera réimprimé, vous pourrez attendre Noël pour vous l’offrir ! C’est ce qu’on a décidé de faire avec mes parents et on n’en meurt pas ! Inutile de vous bousculer comme si vous alliez à La Mecque !
Point graphique (bis) : Je tire trois enseignements des réponses que j’ai reçues au « questionnaire astérixien » publié ici même vendredi dernier : premièrement, je constate que tout le monde ne déteste pas forcément les albums au scénario écrit par Uderzo tout seul ; Le fils d’Astérix et La rose et le glaive sont appréciés, à raison à mon avis puisque dans ces deux albums, l’auteur révèle les faiblesses de son héros et le rend plus humain. Deuxièmement, tout le monde n’aime pas Falbala, même les hommes trouvent sa beauté trop stéréotypée et la jugent nigaude et superficielle – à croire que Claude Zidi ne s’y était pas trompé en faisant jouer son rôle par cette cruche de Laetitia Casta. Mais globalement, caricature oblige, les Gauloises dans Astérix sont toutes plus ou moins connes, bêtes, méchantes et médiocres, la seule vraie exception étant l’épouse d’Alambix dans Le bouclier arverne, cette femme sympathique, chaleureuse, dévouée, courageuse et assez rusée pour tourner en bourrique les Romains qui traquent son mari ainsi que nos deux héros ; en fait, ce qui avait marqué autant les gens dans Astérix légionnaire, ce n’était pas, en tant que telle, cette jeune fille qui ne jure que pour les bellâtres musclés mais bien la détresse de ce brave Obélix dont l’amour n’est pas partagé… D’ailleurs, et c’est le troisième enseignement, Obélix est bien le personnage le plus populaire de la série, éclipsant souvent Astérix lui-même comme le faisait Haddock dans Tintin : rien d’étonnant à ça, qui n’aimerait pas être assez fort pour baffer tous les emmerdeurs, s’en mettre plein la panse sans se soucier de sa ligne et vivre comme un grand enfant ? Mais rassurez-vous, les amis, ce rêve n’est pas aussi inaccessible qu’il en a l’air… Un point, c’est tout !