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Hart Crane | Passage

Publié le 25 octobre 2015 par Angèle Paoli

PASSAGE W here the cedar leaf divides the sky PASSAGE A u point où la feuille de cèdre divise le ciel Hart Crane,
I heard the sea.
In sapphire arenas of the hills
I was promised an improved infancy.
Sulking, sanctioning the sun,
My memory I left in a ravine,-
Casual louse that tissues the buckwheat,
Aprons rocks, congregates pears
In moonlit bushels
And wakens alleys with a hidden cough.
Dangerously the summer burned
(I had joined the entrainments of the wind).
The shadows of boulders lengthened my back:
In the bronze gongs of my cheeks
The rain dried without odour.
"It is not long, it is not long;
See where the red and black
Vine-stanchioned valleys-": but the wind
Died speaking through the ages that you know
And bug, chimney-sooted heart of man!
So was I turned about and back, much as your smoke
Compiles a too well-known biography.
The evening was a spear in the ravine
That throve through very oak. And had I walked
The dozen particular decimals of time?
Touching an opening laurel, I found
A thief beneath, my stolen book in hand.
"Why are you back here-smiling an iron coffin?
"To argue with the laurel," I replied:
"Am justified in transience, fleeing
Under the constant wonder of your eyes-."
He closed the book. And from the Ptolemies
Sand troughed us in a glittering, abyss.
A serpent swam a vertex to the sun
-On unpaced beaches leaned its tongue and drummed.
What fountains did I hear? What icy speeches?
Memory, committed to the page, had broke.
J'ai entendu la mer.
Dans les arènes de saphir de ces collines
Une meilleure enfance me fut promise.
Boudeur, vivant sous la règle du soleil,
Mes souvenirs, je les ai laissés dans un ravin, -
Poux grossiers qui ourdissent l'avoine,
Qui nappent les rocs, rassemblent les poires
Par boisseaux au clair de lune,
Et réveillent les allées d'une toux invisible.
L'été brûlait dangereusement
(Je m'étais enrôlé dans les exercices du vent).
Les ombres des blocs m'ont étiré le dos :
Dans les gongs de bronze de mes joues
La pluie a séché sans laisser d'odeur.
" Ce n'est pas long, ce n'est pas long ;
Regarde là-bas, là où le rouge et noir
Vignent à bâtons levés les vallées ! " : mais le vent
Mourut, comme sa parole passait les générations que tu connais
Et étreins, cheminée sous la suie, cœur d'homme !
Ainsi me fit-on virer, revenir sur mes pas, tout à fait comme
Votre fumée compile une biographie trop connue.
Le soir était une lance portée dans le ravin,
Forte à fendre le chêne. Aurais-je donc passé
Les décimales singulières que le temps compte par douzaines ?
Au contact d'un laurier qui s'ouvrait, je tombai
Sur un voleur tapi, qui tenait mon livre dérobé.
" Pourquoi reviens-tu ici - avec un cercueil de fer pour tout sourire ?
- C'est pour me quereller avec le laurier ", répondis-je :
Suis bien en droit d'être éphémère, si c'est pour fuir
La stupeur constante de ton regard -. "
Il referma le livre. Et, des Ptolémées
Le sable nous siphonna dans un abîme étincelant.
Un serpent fit sa nage de vortex vers le soleil
- Apposa sur des plages vierges sa langue, et tambourina.
Quelles fontaines ai-je ouïes ? quels discours glacés ?
Le souvenir, une fois couché sur la page, s'est rompu.
Bâtiments blancs, in L'Œuvre poétique, édition bilingue, Arfuyen, Collection Neige, volume 31, 2015, pp. 64-65-66-67. Traduit de l'américain par Hoa Hôï Vuong.
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