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Comment survivre en salon, convention, festival...

Publié le 27 juillet 2015 par Arno Matendouce
Comment survivre en salon, convention, festival...

Suite à un appel à témoin lancé par Chou à la Clem, j’ai répondu à 16 questions posées dans le but de faire un gros topo sur comment survivre en salon, festival et tout types de conventions. Mon témoignage ainsi que celui de 9 autres personnes a été synthétisé dans un article très bien fait. Je t’invite chaudement à le lire:

http://chou-a-la-clem-art.blogspot.fr/2015/07/petit-guide-de-survie-pour-exposer-en.html

Par contre comme je me suis bien cassé le cul à répondre, je pense que ça peut intéresser des gens d’avoir mon questionnaire au complet. Au pire si je perds le fichier word, je l’aurai toujours à disposition ici !

1) Bonjour ! Peux-tu présenter en quelques mot ton travail, le domaine dans lequel tu exerce ? Pro, amateur ? Autodidacte ? Bref ton parcours, comment en es-tu arrivé à faire ce que tu fais.

Bonjour je suis Matendouce, dans la vraie vie je suis webdesigner/intégrateur en agence mais à la nuit tombée je me métamorphose en dessinateur de BDs un peu connes mais assez jouissives à réaliser, on n’a que le plaisir qu’on se donne après tout. J’ai toujours tout fait en autodidacte, du coup c’est plus long pour acquérir des bases mais vu que je bosse avec beaucoup de potes qui font de la BD aussi, ça t’aides à te tirer vers le haut et à apprendre de nouvelles choses. C’est l’avantages des critiques constructives et du regard bienveillant des amis. Sinon niveau du parcours j’ai fait diverses formations dans le domaine du graphisme tout en bouffant de la BD en permanence (avec même un passage en tant que conducteur offset), mon arrivée dans l’univers du fanzinat avec les Auteurs Mondialement Inconnus en 2006 et leur fanzine Ribozine a été un point déterminant dans toute ma vie, tout gravite autour de ça autant le côté dessin que le côté Do It Yourself ainsi que les différentes techniques d’impression et la débrouillardise pour arriver à faire un produit fini à moindre cout qui malgré tout plaise au lecteur tant au niveau contenu que contenant.

2) Tu as participé à des conventions, marchés des créateurs, manifestations etc. Peux-tu citer lesquelles ? Laquelle a été ta meilleure expérience et pourquoi ?

Depuis 2006 on enchaine les festivals de BDs, salons du livre, concert et toute manifestation qui nous laisse une table de libre, on a facilement dépassé la centaine d’événements depuis le temps donc les citer serait compliqué mais ça englobe des salons sur le livre, la BD franco-belge, le manga, le comics, la petite édition, les salons de fanzine, la création en général.Perso je retiens surtout 2 expériences:Tout d’abord Quai des bulles à Saint-Malo en 2008. Notre premier gros salon, c’est (si je me souviens bien) le 2ème plus gros salon de BD en France juste derrière Angoulème forcément. À l’époque on avait fait pas mal de petit et moyen festivals dans notre région du Nord-Pas-de-Calais et là d’un coup nous étions dans la cour des grands, certes dans l’espace fanzine mais pour autant sans séparation notable entre les gros auteurs bankables et nous. Du coup nous avons eu des retours direct de gens qui ne nous avaient jamais vu et tout s’est super bien passé. On a même croisé des auteurs comme Boulet, Trondheim, Coyote, Maëster, on était comme des gosses ! Il y a même eu Zviane qui est venu faire une session ukulele avec nous. Ce sont de supers souvenirs. D’ailleurs sur le chemin de retour on a failli mourir dans un accident de voiture, c’est dire si ce festival est mémorable !La deuxième expérience marquante, c’est en janvier 2012 quand nous avons été appelés par l’association Les radicaux libres d’Amiens. Ils nous ont invité à partir une semaine à Turku en Finlande pour un échange culturel. C’est un super souvenir car malgré la frontière de la langue on a pu montrer ce qu’on fait et les retours ont été très positifs, un accueil très chaleureux. Il y avait nous avec le Ribozine, Brooke Sharkey pour la musique et Under Report pour la vidéo et c’était génial, une rencontre avec des gens géniaux qui sont devenus des potes ! En plus du dépaysement ça a été un séjour inoubliable, notre première sortie hors de l’hexagone !

3) As-tu participé seul(e), avec d'autres gens, au sein d'un collectif ?

Au début avant de rencontrer les gens du collectif les Auteurs Mondialement Inconnus j’ai fait quelques salons seul, c’est assez ennuyeux. Depuis ça a toujours été avec eux et comme nous sommes tous potes c’est toujours un plaisir de se retrouver entre nous, avec d’autres auteurs et d’autres potes fanzineux comme le Lobotozine pour vivre notre passion entre passionnés et se refiler les bons plans. Avec l’expérience on se rends compte que c’est en salon que nous avons lié noué le plus de contact avec des auteurs, des libraires et d’autres organisateurs de salons.

4) Quels sont les produits phares que tu proposais ? Lesquels ont le mieux marché/plu au public ?

Le produit phare c’est le fanzine Ribozine, la pierre angulaire de notre activité. À côté nous avons de la petite édition avec des mini-récits, des goodies gratuits (stickers, cartes) ou non (badges). Depuis peu nous avons lancé un Label d’édition Label Chips qui a permis d’éditer un album Tristan et les algues roses. On a tout vendu en salon. A peu près tout se vends en salon. Le Ribozine coute 3 euros, c’est très abordable, les mini-récits c’est 1 euro, le badge 50cts donc n’importe qui peut s’acheter nos produits. La vraie différence se fait sur la thématique des numéros du Ribozine, par exemple celui sur le manga s’est vendu en un rien de temps, celui sur la musique aussi. L’impact de la couverture est primordial comme avec notre numéro 18, interdit aux moins de 18 ans avec une fille dénudée sur la couverture qui a trouvé son public auprès des plus âgés ! L’autre réalité c’est qu’il ne faut pas rester passif, les visiteurs passent mais n’osent pas toucher, feuilleter. Il faut les inviter, leur parler, la plupart de nos ventes se réalisent en jouant le jeu. C’est un peu fatiguant de faire le vrp toute la journée mais c’est comme ça.

5) Qu'est-ce qui t'as poussé à vouloir exposer ? Tes attentes ont-elles été remplies ?

N’étant connus de personne le meilleur moyen c’est de rencontrer les gens du milieu, en l’occurrence pour nous les salons de BD. On est très satisfait, tout ce qu’on est aujourd’hui (tout en restant relatif) c’est grâce à ça, à force de persévérance et d’implication personnelle. Les rencontres là bas nous ont permis d’avancer et ça continue.


6) Selon toi, exposer à une convention type Japan Expo ou autre est-il vraiment rentable par rapport à la visibilité que tu y gagne ? Par rapport à ton chiffre d'affaire ? Par rapport à la publicité que cela te fait ?

En terme de rentabilité pure c’est dur à dire. Il faut vraiment penser en terme de notoriété, rentabiliser son stand c’est bien mais ça reste du one-shot, quand les gens reviennent, passent des commandes par internet c’est beaucoup mieux. Ce qui est vraiment rentable pour nous et qui finance la plupart des projets ce sont les prestations annexes comme faire une fresque sur un festival, des ateliers avec les enfants. Il faut aussi avoir un produit en rapport avec la thématique du salon même si ce n’est pas toujours vrai, on a déjà eu de grands succès imprévisibles à des bourses aux disques. À croire que les collectionneurs de vinyles adorent la BD et les enfants qui les accompagnent sans trop avoir le choix apprécient aussi.

7) As-tu organisé des évènements originaux pour attirer la foule ou simplement proposer quelque chose de nouveau aux passants ? Type loterie expresse, échanges, etc.

Oui c’est arrivé d’organiser des événements pour la sortie d’un numéro du Ribozine comme les 2 festivals Ribozik où les groupes de musiques des auteurs ou des amis ont joué. Ça a pas mal marché d’ailleurs. En 2016 on fête nos 10 ans alors on réfléchit à faire quelque chose.

8) Avec le recul, y a-t'il de choses importantes à savoir/à prévoir quand on part exposer, que tu aurais aimé anticipé avant ?

Il faut être patient et être prêt à s’ennuyer des journées entières. Le ratio succès/échec est à peu près égal mais des fois on marque des points étonnants, par exemple une prise de contact survient après un salon tout pourri et ça abouti à un truc super cool. Après tout est relatif dans le sens où nous on a souvent un boulot à côté alors que le fanzine marche ou non ou aura toujours de quoi s’acheter à manger. Nous n’avons aucune dépendance financière vitale avec les salons. On écoule notre stock au fur et à mesure sans réel objectif. Pour en revenir à quoi prévoir, il faut surtout un stand attrayant, de la couleur, un belle nappe en tissus ça te change un stand, quelques présentoirs aussi, bien afficher les prix aussi car les gens n’osent pas demander. Toujours bien vérifier l’adresse du salon, on a souvent des informations erronées !Prévoir des cartes de visites sympa à donner ou des goodies histoire que les visiteurs se souviennent de toi. Il y a tellement de stand, c’est pas garanti que tu sois inoubliable une fois la porte du salon franchie.

9) Quels sont les points qui t'ont déçus/ne t'ont pas satisfait(e) durant tes expériences en tant qu'exposant ?

Le point noir principal c’est la bouffe. Il y a un grand fossé entre les “vrais” auteurs, les fanzines et les libraires. Les libraires sont des commerçants dans la majorité des cas, des fois les plus impliqués ont une place à part entière dans l’organisation du festival et dans l’invitation des auteurs mais dans ceux qu’on appelle plus les bouquinistes, ils payent leur place et leur bouffe. Les auteurs de BD sont deffrayés et invités au restaurant. Nous les fanzines nous sommes souvent entre deux, on est invités pour le stand mais pas au restaurant. On a souvent un triste buffet froid ou des sandwichs, des fois rien du tout. Parfois 1 ticket boisson pour 2 jour c’est un peu léger. Enfin parfois on est invités et traités comme des rois aussi !

10) Un ou des conseils particulier à donner aux aspirant exposants ?

S’armer de patience. Rester humain, pas commerçant à 100%. Quand on voit un gamin qui achète un fanzine avec son argent poche, qu’il est gentil et passionné de BD, que tu vous qu’il hésite pour acheter un bricole à un euro, fais pas le radin, offre le lui. C’est peut être un vocation que tu vas créer, dans le pire des cas t’as rendu heureux un enfant.Ne pas hésiter à délaisser son stand quand il y a d’autres personnes et faire un tour, en général les exposants en BD sont les premiers fans de BD. Ça permet de s’aérer l’esprit de de faire des rencontres.

11) Des anecdotes marrantes, pas cool ou surprenantes durant tes expériences en tant qu'exposant ?

Je ne peux m’empêcher de parler d’une expérience négative, la pire de toutes je crois bien, Le Formidable Salon de la Bande Dessinée à Bruxelles en 2013. On nous l’a vendu un peu trop bien : “Plus de 2000 m2 seront consacré au monde de la bande dessinée …  ainsi qu’à une quinzaine d’auteur en dédicace dont Lewis Trondheim quisera le président d’honneur.” Entre autres. Sauf qu’en réalité c’était un petit espace au sein du festival Made in Asia (un genre de Japan expo belge) avec un marchand de fromage à côté de nous. Une dizaine de pauvres stands de BD avec des auteurs qui tirent la tronche car le public manga n’était absolument pas intéressé par nous. Une ambiance assez surréaliste pour un ennui total. Bref de la poudre aux yeux histoire de louer un espace vide au sein du salon manga. Même les gros auteurs comme Lewis Trondheim, Etienne Davodeau, Guillaume Bouzard, Berberian et Obion se sont bien fait chier. À ne JAMAIS refaire, nous sommes même partis plus tôt le dernier jour.Récemment aussi on s’est retrouvés dans le parc d’un château pour une journée ensoleillée à l’ombre d’un arbre, c’était un petit moment de grâce pour nous.Ou encore ce festival de musique où on a été invité pour faire une fresque pendant les concerts et quand les organisateurs ont éteint la lumière on s’est retrouvé dans le noir, c’était assez épique !Quand je parlais de ne pas faire le commerçant à 100%, ça me rappelle Le salon du livre d'expression populaire et de critique sociale à Arras. Je ne sais plus en quelle année, il pleuvait comme pas possible et on était abrités, parfait. Pas loin il y avait 2 exposants qui était sous la pluie alors on les a invités sous notre bache on s’est serrés. Petit à petit ils ont commencés à nous envahir. À un moment on s’est absenté pour faire un tour, quand on est revenu les types prenaient toute la place avec leurs affaires partout et les notre foutues dans un coin, on a fini par dégager de toute façon la pluie s’était arrétée. Ona bien fait on a trouvé un coin bien meilleur et ça a cartonné. Eux ça n’a pas marché du tout, ils devaient dégager de mauvaises ondes. C’est ça le karma !

12) Des projets, des souhaits, des envies quant à tes futures expériences en tant qu'exposant ?

Plus de salons, toujours plus loin et rencontrer des gens cools !

13) niveau stock: produits-tu toi-même tes goodies (bijoux impressions etc) ou fais tu appel à un service (ex: imprimeur, si oui en as-tu as conseiller ? A proscrire ?)

Les deux, tout dépend des quantités, des aspirations des auteurs. chez les imprimeurs je conseille Youkouk et Sergent paper des gens fidèles et sérieux. J’ai une presse à badge alors je fais ça moi-même. On aime bien une part d’indépendance. Comme avec Notre Ribozine 18 sur le thème du vice, la mairie qui prend en charge l’impression des pages noir & blanc du zine a refusé de nous l’imprimer, c’était trop vulgaire. Alors qu’un mois avant ils prônaient la liberté d’expression avec les attentats de Charlie hebdo. On a trouvé ce double discours un peu dégueulasse mais bon on a tout fait imprimer à nos frais à la Corep !

14) comment as tu gérer ton stock ? En as tu eu trop, pas assez ?

Des conseils pour prévoir justement son stock et le gérer ?   Il faut des rangements et tenir un inventaire régulièrement. Les fanzines plus le temps passe plus ça prends une place folle. Au cours du festival noter les numéros vendus ça va plus vite que de recompter le stock à chaque fois.

15) niveaux tarifs, on croise de tout.: quel est le juste milieu ? Pour un print A5, un poster A3, un fanzine, un livre... Etc. Avais tu correctement évalué tes prix ou as tu été contraint de les revoir à la baisse/à la hausse ?

Il n’y a pas de normes, tout dépend si ton but c’est d’en vivre ou juste de diffuser quelque chose. Bien entendu le but ce n’est pas de vendre à perte mais faut rester raisonnable. Un print qui te coute 1 euros tu le revends pas 50. Il faut aussi penser à la bourse des gens, je croise souvent des fanzines sérigraphiés, reliés à la main assez bien foutus mais vendus 200 euros. Parfois avec un contenu un peu trop “arty”, illisible et c’est vendu une fortune. Il n’y a pas personne qui a un budget assez élevé pour ça.C’est aussi du bon sens, un print numérique ne peut avoir le même prix qu’une sérigraphie ou une gravure.

16) Remarques, point qui vous semblent importants, commentaires... etc.

Je pense avoir assez détaillé précédemment !http://www.impeccabledecheval.fr/

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