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La vieille garde de la politique

Publié le 29 octobre 2015 par Observatoiredumensonge

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  LA VIEILLE GARDE DE LA POLITIQUE   

Par José Castano

« On ne devient pas vieux pour avoir vécu un certain nombre d’années, on devient vieux parce qu’on a déserté son idéal. Les années rident la peau ; renoncer à son idéal ride l’âme » ( Douglas MacArthur)

Au cours des siècles, qu’ils fussent grands hommes, génies, politiques ou saints, des hommes et des femmes ne purent faire de grandes choses que parce qu’ils étaient, d’abord, inspirés par un grand idéal. Et leur âge ne fut en rien un obstacle ni à leur projet, ni à leur réussite.
Longtemps durant, le créneau 60-65 ans fut considéré comme une sorte d’« âge d’entrée dans la vieillesse ». Désormais, comme l’ont notamment montré les travaux de Patrice Bourdelais, il faut atteindre 75-80 ans pour ressembler, en termes de santé, d’espérance de vie, d’activités, etc., aux sexagénaires des années 1950. Et pourtant, les jeunes qui entrent en politique aujourd’hui –quels que soient les partis-, pressés d’obtenir les meilleurs places sans pour autant les mériter, redoutablement assoiffés d’ambition et de pouvoir, véhiculent sans retenue ni considération pour leurs aînés, l’idée que « les anciens n’ont plus leur place ; qu’ils doivent la laisser aux jeunes »… ce que Jean-Jacques Rousseau niait en ces termes : « La jeunesse est le temps d’étudier la sagesse ; la vieillesse est le temps de la pratiquer ».
Ces jeunes loups de la politique, courtisans dans l’âme, quémandeurs et carriéristes sans talent, ferment la marche d’un long répertoire de marionnettes qui remplissent les cases d’un damier sur lequel évoluent sans le moindre scrupule ces nouveaux intrigants. Ils incarnent à merveille cette race de prétendants au trône sans valeur, sans envergure, sans talent, sans charisme mais qu’aiguise un appétit de pouvoir surdimensionné. « L’ambition dont on n’a pas les talents est un crime » écrivait dans « Mémoires d’Outre-tombe » Chateaubriand à Madame Récamier.
Le propre de la médiocrité étant d’exiger narcissiquement ce à quoi elle ne devrait pas aspirer, Bonaparte, Premier Consul, soutenait à cet effet que le crime le plus grave en politique était d’avoir des ambitions plus grandes que ses capacités…
L’indication d’un âge idéal pour obtenir l’investiture d’un parti manque (n’en déplaise à ces « jeunes loups ») de pertinence car, en la matière, cet âge ne révèle en rien les compétences et la personnalité d’un candidat. On peut être aussi bien performant (ou aussi nul) à 70 qu’à 30 ans et Georges Brassens le chantait fort bien : « Le temps ne fait rien à l’affaire, quand on est con, on est con ».
Quand en 1981 Mitterrand fut élu pour la première fois, président de la République, il avait 66 ans. A l’inverse, souvenons-nous de ces jeunes provocateurs que l’on désignait, en 1989, sous le vocable de « rénovateurs ». Certains sont encore là et pensent à 2017, d’autres, empêtrés dans « les affaires » ont quitté la politique en passant par la case tribunal ou par la case désillusion. Mais il en est un de cette génération qui ne s’est pas lancé dans l’aventure des rénovateurs et qui expliquait à ses congénères : « Les jeunes ça perd toujours, il faut se mettre avec les vieux ». Il avait 34 ans et s’appelait Nicolas Sarkozy. Pour l’instant à droite il est le seul de cette génération à avoir été élu président de la République. Cependant –c’est une constante- les Français n’ayant jamais eu grande confiance en leurs jeunes dirigeants, Sarkozy ne fut pas réélu cinq ans plus tard.
Il est vrai, par ailleurs, que l’image gérontocratique donnée par nos sénateurs n’est pas faite pour apaiser les appétits, les ambitions… et les moqueries. En effet, 28,4 % d’entre eux ont de 71 à 80 ans et, 2,3%, plus de 81 ans.
Pour rien au monde, ils ne laisseraient leur place ! : « La garde meurt mais ne se rend pas ! ».
Cependant, hormis ces cas « désespérés », Chateaubriand soutenait que « la vieillesse qui n’est qu’une déchéance pour les hommes ordinaires est une apothéose pour les hommes développés et accomplis » (Roger Holeindre, l’actuel président du Cercle National des Combattants est un parfait exemple)… C’est logique, les gens ne veulent plus vieillir alors qu’ils ignorent que ce qu’ils perdent en beauté en vieillissant, ils le gagnent en sagesse, en expérience de la vie et en culture, ce qui est infiniment mieux et plus beau surtout. Le Bien et le Vrai sont inséparables du Beau et sont même supérieurs au beau. Je renvoie à l’heureuse comparaison de l’enfant terrible Alcibiade dans « Le Banquet », texte de Platon portant sur la nature et les qualités de l’amour qui compare Socrate à un silène, mais silène dissimulant une beauté indescriptible en lui. Il était de notoriété que Socrate était laid et l’on sait que les aristocrates grecs du Vème siècle avant notre ère, étaient très sensibles à la beauté. Pourtant Socrate était considéré par tout le monde comme le plus beau, parce que son âme diffusait, exhalait une lumière si singulière que tout le monde en était ébloui et était transfiguré par elle. Et Platon soutenait que « le beau, c’est la splendeur du vrai ». Certes, il en est différemment de nos hommes politiques !…
En ces temps électoraux, j’oserai cette prévision qui peut donner matière à réfléchir : Le scénario central des projections d’Isabelle Robert-Bobée (INSEE première, n° 1089, juillet 2006) prévoit qu’au premier janvier 2050, une France métropolitaine de 70 millions d’habitants compterait 31,9 % de personnes de plus de 60 ans, contre 20,8 % en 2005 et 29,3 % en 2030. La part des plus de 75 ans passerait de 8 % en 2005 à 12 % en 2030 puis 15,6 % en 2050, alors que celle des moins de 20 ans s’établirait à 21,9 % en 2050, contre 24,9 % en 2005.
Napoléon disait que la première qualité d’un chef était de savoir bien s’entourer. Il sut le faire avec habileté : Les Maréchaux d’Empire en témoignent. Ses plus fidèles parmi les fidèles ayant disparu au cours des batailles, ce qui le perdit à Waterloo, ce fut la défaillance de son entourage…
« Passionnant » sujet de réflexion à l’attention des appareils politiques confrontés à l’alternative suivante : Investir dans des crétins et des thuriféraires de bas étage… ou placer leur confiance dans des maréchaux d’empire sur quoi se dressent les belles aventures.

José Castano

*** Attention ce texte est une TRIBUNE LIBRE qui n’engage que son auteur ***

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