Le Billet Amer #39

   Le Billet Amer #39 

Par L’Aigre Doux

Ils se sont fait la belle…Les Français ont toujours eu un faible pour les gentlemen cambrioleurs ou les arsouilles sympathiques. Arsène Lupin où les Pieds-Nickelés, Robin des Bois ou Guignol, l’irrévérence ou le pied de nez aux représentants du pouvoir, titillent encore notre fibre contestataire.

Deux pilotes d’avion, condamnés en République Dominicaine à 20 ans de prison ainsi que deux autres personnes, tous de nationalité française, ont donc décidé d’échapper à la justice de ce pays par manque de confiance en son impartialité. Tout cela suivant un procédé, l’exfiltration, qui rappelle les exploits de James Bond et donne à l’affaire, au premier abord, un tour plutôt plaisant. D’autant que les péripéties de ce roman-feuilleton révèlent de graves lacunes et d’inquiétants dysfonctionnements de l’appareil judiciaire, policier et douanier du pays en cause, de nature à justifier l’envie de s’y soustraire.

Mais si l’on gratte un peu le vernis de ce coup d’éclat, un malaise s’installe rapidement. Les deux hommes étaient, comme leurs compagnons, en liberté surveillée dans l’attente de leur procès en appel. Ils ne croupissaient pas, comme d’autres « malchanceux », alpagués pour de même motifs dans certains pays asiatiques, dans des prisons infâmes, sous la menace d’un jugement souvent conclu par la peine de mort. De plus les faits existent. Le trafic de drogue est avéré, le stock saisi dans l’avion et d’autres affaires en cours en France même le démontrent. Version que contestent les deux évadés venus, disent-ils, s’expliquer devant les magistrats français.

Enfin, et là l’affaire devient carrément glauque, les deux fuyards ont laissé derrière eux leurs deux compatriotes qui vont subir de plein fouet la fureur des autorités dominicaines bafouées. On n’ose imaginer les représailles encourues pour atteinte à un nationalisme chatouilleux dans ces petits Etats des Caraïbes.

Les « héros » de cette rocambolesque aventure sont tous deux, nous dit-on, anciens militaires, pilotes de chasse. Pas sûr d’avoir envie de partir avec eux en opération- commando…

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Comme un vent de panique sur la classe politique française…L’exacerbation du débat à 5 semaines du premier tour des élections régionales, des sondages catastrophiques pour la majorité socialiste, la montée en puissance du Front National qui bouscule les partis d’une droite ayant vocation, primaire oblige, à devenir dangereusement « plurielle », sont les signes évidents de rupture d’un équilibre bipolaire que l’on croyait éternel.

La perspective d’une victoire de Marine Le Pen dans deux sinon trois régions affole tous les compteurs, concentrant tous les feux de la campagne sur les candidats de son parti. Exactement le contraire de ce qu’il faudrait faire pour contrer cette marche en avant qui ne faiblit pas. La déconfiture avérée de la diabolisation ne dissuade pas les responsables des deux formations de gouvernement de maintenir cette dérisoire stratégie usée jusqu’à la corde. Répéter comme une incantation que Marine Le Pen n’a pas de solutions pour régler les problèmes de notre pays est presque indécent pour ceux qui, depuis des décennies, ont conduit la France là où elle est.

Cette persistance à s’attaquer aux sonneurs d’alarme encourage le déni de réalité d’une caste dirigeante tétanisée par un contexte ou le moindre mot non conforme, le moindre commentaire idéologiquement incorrect, est synonyme de mise à mort médiatique. Au lieu de stigmatiser ceux que l’on accuse d’exploiter les peurs des citoyens, il serait plus opportun de combattre les dangers qui les suscitent.

En vrai, seule la posture compte. La promesse vaut l’action, le dire équivaut au faire, le bon mot est une fin en soi. Mais plus personne ne croit aux engagements des uns et des autres jamais tenus, jamais respectés. Sans doute ce qu’exprime avec force cette réalité dérangeante d’un prétendu bon peuple qui ne l’est plus tellement. Cocu content un temps, mais gare au réveil….

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Henri Guaino, ancien conseiller de Nicolas Sarkozy, a eu des mots très durs à l’égard des magistrats à la tribune de l’Assemblée Nationale. En dénonçant le parti pris et le positionnement idéologique de beaucoup d’entre eux, il confirmait ce que le lamentable épisode du Mur des Cons, installé dans les locaux du Syndicat National de la Magistrature, majoritaire dans la profession et très à gauche, avait révélé à l’opinion publique. Un tel manquement à toutes les règles d’impartialité essentielles pour la bonne administration de la Justice, donne une idée de la politisation du système judiciaire au plus haut niveau.

L’incroyable développement de l’affaire « Air Cocaïne », voulue par la juge d’instruction en charge du dossier, visant à impliquer Nicolas Sarkozy, dépasse l’entendement. L’ancien chef de l’Etat ayant utilisé les services de la compagnie de Jets privée en cause pour ses déplacements a eu droit à un traitement de truand international avec géolocalisation de ses communications téléphoniques et contrôle d’une année de tous ses appels, procédure exceptionnelle réservée au traitement du grand banditisme.

Un comportement aussi partisan ne peut se concevoir qu’avec l’accord au moins tacite de la Chancellerie. A tout le moins, un coupable laisser-faire à l’instigation de ce que la presse d’investigation a révélé au cours de ces derniers mois, le cabinet noir de l’Elysée, uniquement destiné à susciter des mauvais coups contre les adversaires potentiels du Président candidat. L’affaire Jouyet-Fillon où l’ancien Premier Ministre de Sarkozy s’est fait piéger, rentre dans le cadre de ces opérations de déstabilisation qui vont s’accentuer à l’approche des échéances.

Une accumulation de procédés glauques et tortueux, indignes de la démocratie, aux antipodes de la République exemplaire promise par le candidat Hollande. Mais 2012 est si loin. La majorité des citoyens français qui l’ont cru et ont voté pour lui, a certainement oublié la litanie vertueuse des « Moi, Président… »

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Restaurer l’autorité de l’Etat…Vaste programme dans un pays en déconstruction morale, humaine, économique, sociale, identitaire. Le paradoxe pour le pouvoir actuel, en situation d’échec ou de démission sur tout ce qui relève de ses compétences régaliennes, réside dans le fait qu’il a concentré tout ce qu’il avait d’énergie et de volonté à mettre en place, contre l’avis d’une majorité de citoyens, des lois et des règlements constitutifs de cette déliquescence de l’Etat. Les réformes sociétales touchant la famille, l’école, la Justice, notre Histoire revisitée à travers la haine de soi, le communautarisme accepté, la laïcité à sens unique, ont mis dans la rue des millions de Français, jamais entendus, jamais écoutés. Le seront-ils plus à l’avenir ?

Echaudés, les électeurs ont le droit d’en douter. Le constat est sévère. Malgré les engagements électoraux, les promesses de correction des grandes « avancées » socialistes n’ont jamais été tenues dans le passé par l’alternance politique. En sera-t-il différemment demain ? L’éventuelle victoire du candidat de l’opposition en 2017 sera bâtie sur sa capacité à convaincre l’opinion que cette fois, oui, les mesures essentielles de remise en ordre de notre pays seront prises.

Ce qui n’a pas été accompli par facilité ou manque de courage politique, le sera peut-être dans le futur sous la contrainte impitoyable d’un contexte dont tout laisse à penser qu’il aura atteint dans les deux ans à courir jusqu’au scrutin présidentiel, son point de non évitement.

Sauf à sombrer dans la résignation molle ambiante, le prochain Président aura besoin de courage, de détermination et du soutien d’une large majorité de la population pour être à la hauteur de l’enjeu.

Autant dire une équation complexe, encore aujourd’hui à plusieurs inconnues…

L’Aigre Doux

*** Attention ce texte est une TRIBUNE LIBRE qui n’engage que son auteur ***
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