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Celle que je pensais être, et celle que je suis

Publié le 06 novembre 2015 par Rosecommetroispommes

Avant de voir arriver Rose dans ma vie, je crois que j’avais plein d’idées sur la mère que j’allais être. Avec ma formation d’éducatrice, j’ai appris quelle réponse était adaptée en fonction de tel ou tel comportement. J’ai appris la bienveillance, surtout. J’ai appris les phases de développement, les besoins, les angoisses et les attachements. En théorie, je savais tout de ce petit être.

Et d’ailleurs, lorsque je regarde Rose, elle répond en tous points à ce que j’ai lu. Elle fait bien comme on m’a dit. Elle s’attache, elle s’oppose, elle transvase, elle apprend. Un enfant de 19 mois, avec un développement parfait.

L’adulte en face d’elle, en revanche, n’est pas tout à fait celui que j’avais imaginé. Je ne veux pas m’accabler, je sais que j’ai plein de qualités et que Rose ne manque ni d’attentions, ni d’amour. Mais, en ce moment particulièrement, je me déçois et je voudrais faire mieux.

Pourquoi en ce moment ? Parce que Rose est sans cesse malade depuis la rentrée, qu’elle ne va pratiquement plus à la crèche, et que nous passons donc nos journées en tête à tête. Cela me fatigue, me frustre, et je ne suis plus cette mère là, celle que je voulais être.

Etat des lieux de celle qui je ne suis pas, mais aussi de celle que je suis.

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Je ne suis pas …

Celle qui aime jouer avec son enfant. Au lieu de ça, au bout de vingt minutes de construction et de déconstruction de tour de cubes, je baille et prétexte un truc important à faire dans la cuisine pour aller jeter un oeil à mon téléphone (oui, ma fille est apparemment mon patron et je dois ma cacher pour regarder mes mail). Je tente de la convaincre de jouer seule, et m’agace quand elle vient s’asseoir sur mon clavier d’ordinateur pour la cinquième fois en trois minutes. Bref, je suis à la recherche de temps pour moi, sans cesse.

Celle qui ne crie pas. C’est raté. En fin de journée, j’en ai marre, je fatigue, et il m’arrive de hausser un peu trop le ton. Oui, avant j’ai dis calmement trois fois la même chose, sans succès. Et oui, je devrais le dire une quatrième fois, mais avant que j’ai le temps de m’en rendre compte, bam, je m’énerve. Je relâche mon épuisement et ma frustration sur Rose, injustement. Et ensuite je m’excuse …

Celle qui sait. Ah elle est bien bonne celle-là. Mais oui voilà, moi je pensais que j’allais savoir réagir naturellement face aux émotions de ma fille. Alors que je nage la brasse coulée. En ce moment par exemple, Rose tape et mord. Jusque là rien d’anormal. Sauf que ça me pétrifie de la voir taper ses copains, en me fixant bien droit dans les yeux. Je pensais (naïve) que lui expliquer calmement que c’est interdit, qu’elle a le droit d’être en colère et de taper les coussins, mais pas sa copine, suffirait. Mais non seulement elle n’arrête pas de martyriser la copine, mais en plus je m’en prends une aussi. Et là, je suis démunie. Je ne sais plus si je dois sévir, sanctionner, parler. Je doute de tout.

Rose comme trois pommes

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Heureusement, je suis fidèle, par certains points, à celle que j’imaginais.

Car je suis …

Celle qui parle. J’explique des tas de choses à Rose, et je papote avec elle à longueur de journée. Je lui dis ce que je fais, ce que je pense, je lui raconte des histoires et je lui chante des chansons. J’adore l’entendre me répondre « Feuleuleu bebel » que j’interprète comme « Je veux du babybel ». Et nous avons comme ça de longues conversations, entrecoupées de dégustations de fromage.

Celle qui câline. Ah ça, s’il y en a une qui ne manque pas de bisous, c’est ma Rosie. Je ne peux pas m’en empêcher, elle en a un dès que je la croise. Elle vient se lover contre moi, poser sa tête sur mon épaule. On se caresse, on se sent, j’adore cette relation parfois animale entre nous.

Celle qui réfléchit. Un peu trop peut être. Mais j’y tiens quand même. Je me pose beaucoup de questions sur Rose, et cela me gêne parfois pour être plus naturelle, moins me prendre la tête. Mais en même temps, je trouve les enfants passionnants, ce n’est pas pour rien que j’en ai fais mon métier, et je pense parfois à ma fille comme à un système codé à comprendre et analyser (non, je ne suis pas folle, je vous jure). Mais c’est toujours une petite victoire de réussir à la sortir d’une situation qui la gêne, ou de repérer un de ses besoins et d’y répondre.

Celle qui rigole. Autant vous dire qu’on se marre, entre parties de cache-cache endiablées ou visite surprise du monstre des chatouilles. L’ambiance à la maison est joyeuse, et notre petite fille farceuse et espiègle.

Celle que je pensais être, et celle que je suis

×××

Et après ? Après, il y a celle que je vais devenir.

Celle qui prend confiance. C’est vrai, je ne pourrai jamais être parfaite, tel que je l’imagine. Mais je peux l’accepter, voir le bon en moi et en la mère que je suis, avoir de la bienveillance envers moi-même. C’est un long chemin à parcourir, peut être même qu’il est sans fin, mais je l’emprunte depuis un moment déjà.

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Et vous alors ? Vous aviez une idée de la mère que vous vouliez être ? Vous lui êtes fidèle, un peu, beaucoup ?

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