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L'Île Louvre***

Publié le 09 novembre 2015 par Zebralefanzine @zebralefanzine

En partenariat avec le Louvre, les éds. Futuropolis publient des BD qui font pénétrer à l'intérieur de cewebzine,bd,zébra,gratuit,fanzine,bande-dessinée,critique,louvre,florent chavouet,futuropolis,étienne davodeau,le chien qui louche gigantesque musée comme par une petite porte dérobée. Passant par une intrigue, mi-comique, mi-romanesque, E. Davodeau s'acquitta de la commande avec brio, produisant sans doute là son meilleur album - "Le Chien qui louche" (2013) ; il y avait de l'impertinence dans le regard posé par Davodeau sur cette sorte de "saint des saints" de l'art français qu'est le musée du Louvre.

L'album de Florent Chavouet est dans la lignée du "Chien qui louche" : bien qu'agréée par le Louvre, la BD ne ménage pas la religion de l'art, en principe démocratique puisqu'il s'agit d'initier monsieur Tout-le-monde aux arcanes de l'art. La description du Louvre par Florent Chavouet n'est pas loin de suggérer plutôt un parc d'attraction pour une clientèle un peu plus snob que celle qui fréquente les fêtes foraines.

L'idée de représenter le Louvre comme une île est bonne ; elle permet de souligner que le règlement du Louvre, ses rituels, sa fonction, son personnel, en font une enclave. - A quoi sert le Louvre ? Cette question que l'on ne se pose pas souvent fait que cette île est en outre nimbée d'un brouillard de mystère. A quoi servent les choses qui ne servent à rien ? Pouvoir pénétrer dans un ancien palais royal comme dans un moulin, est-ce une preuve que la démocratie existe ? Etc. Les rêves sont aussi comme des îles.

F. Chavouet se mêle aux visiteurs, propose une succession de sketchs le plus souvent désopilants, à base d'anecdotes vécues. Il semble que le personnel assigné à la surveillance du public soit souvent accusé de glander aux frais du contribuable, et Chavouet de dessiner malicieusement les gardiens dans des poses de statues vivantes.

On s'amusera des questions et commentaires plus saugrenus les uns que les autres que l'auteur a collectionnés. La nudité, fréquente dans l'art classique, est bien sûr cause de bons mots plus ou moins spirituels. Ainsi ces deux quinquas (homos ?) commentant le portrait d'une femme à la poitrine largement dénudée : "Il gère bien la lumière."

Comme le musée est un véritable dédale de salles et de styles, mais aussi d'ascenseurs et d'escaliers, l'auteur souligne le côté "chasse au trésor" ; une visiteuse : - C'est dingue, c'est le musée de l'escalier ici ou quoi ?"

Un album léger, comme un après-midi au Louvre.

"L'Île Louvre", par Florent Chavouet, éds. Futuropolis, novembre 2015.


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