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599 – En deuil.

Publié le 16 novembre 2015 par Stiop

Pas la tête à ça, pas la tête à rien.

Comme cela me semble futile de reprendre mes tableaux excel, ma « to do list » du lundi, comme cela me paraît nébuleux de vouloir contacter mes clients, mes partenaires, mes prestataires. Ce quotidien, cet aujourd’hui est vide de sens, ma lumière intérieure est grillée, mitraillée à l’arme automatique, mutilée, éteinte.

Même se servir un café n’a aucun sens ce matin, je suis hypnotisé par les témoignages, par les images et par la viralité des réseaux sociaux qui déversent par milliers les impressions et les commentaires.

Commenter, quoi d’autre ? Résister, une bière à la main, à la terrasse d’un café, en écoutant du hard rock, en repeignant sa chambre en bleu blanc rouge, très bien, mais après, on retombe dans le déni qui consiste à continuer à vivre normalement ?

Vivre ? Jusqu’à quand ? Est-on tous en danger de mort parce qu’on va au spectacle, parce qu’on prend le métro, parce que l’on exerce sa liberté de circuler, de choisir et de se laisser aller à des envies qui n’appartiennent qu’à notre volonté d’agir.

Mes mots sont enfermés, ils ont réussi. Le vocabulaire de mes émotions est bien incomplet pour décrire ce que je ressens. Quant à l’écrire, tout est confus.

Je n’ose imaginer la détresse des familles, des proches et de tous ceux qui sont directement touchés par ces assassinats. Les photos des victimes circulent, avec leurs sourires, leurs espoirs, leur complicité avec l’objectif de l’appareil photo. Et là, ils sont à la morgue.

Ces tueurs ne savent pas ce que c’est de se lever le matin et de regarder avec tendresse un enfant qui se réveille et qui cherche à émerger de son rêve peuplé de gentilles fées et de monstres dociles.

Ces fanatiques ont oublié que leur maman a du les bercer, les câliner, les regarder se réveiller, les aimer avant qu’ils ne deviennent des machines à tuer, à qui l’on a dit, tous les jours : »Tue les infidèles, tue les infidèles, tue les infidèles, tue les infidèles, tue ! ».

Mono-message, et il reste quoi après dans leur cerveau. Rien d’autre que l’envie de saisir une arme, et de s’en servir, avec le besoin de tuer comme valeur unique.

Je suis un infidèle.

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