Le Billet Amer #41
Par L’Aigre Doux
Cette soirée du vendredi 13 avait si bien commencé…Au stade de France, les 11 joueurs de l’équipe nationale chantaient La Marseillaise. Il est vrai que Benzema n’était pas là. Et malgré son absence, les Bleus étaient en train de battre les champions du Monde Allemands. Une euphorie devant les écrans et dans les tribunes même pas troublée par les explosions sourdes à l’extérieur qui annonçaient sinistrement le coup d’envoi de notre 11 septembre à nous.
L’indicible était en train de se produire en direct sous nos yeux avec l’affichage en temps réel du décompte des morts et des blessés.
Et pourtant, quoi de plus prévisible que ce drame épouvantable inscrit inéluctablement dans toutes les perspectives de ceux qui savent.
Le Président Hollande a commenté ce massacre avec l’émotion, la retenue et la détermination qui s’imposent en pareille circonstance. Il a seulement commis une erreur, volontaire ou pas, en n’allant pas au bout de son propos. La France est en guerre certes mais il s’agit d’une guerre civile puisque les assassins sont probablement des citoyens français qui ont tué des compatriotes innocents et désarmés.
La France est attaquée commente la presse. Faux. Aucune armée étrangère n’a violé nos frontières. L’ennemi est à l’intérieur, intra muros. C’est le voisin, le collègue, le citoyen de base que l’on croise quotidiennement dans la rue, au travail, dans les transports publics. A vouloir ne s’attaquer qu’aux effets sans rechercher les causes profondes du mal nous expose à de plus terribles
catastrophes.
L’évitement sémantique, le refus de la prise en compte d’une réalité pourtant aveuglante, nous assure des lendemains encore plus terrifiants.
Puisse cet atroce bain de sang ouvrir les yeux de tous ceux qui ne veulent pas voir, de tous ceux qui ne veulent rien entendre. Faute de quoi, le pire est encore à venir.
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Aura-t- il fallu autant d’innocentes victimes pour que les écailles tombent enfin des yeux de ceux qui nous gouvernent ? C’est du moins ce que le discours de François Hollande devant les membres de l’Assemblée Nationale et du Sénat réunis en Congrès à Versailles laisse entrevoir.
Reconnaitre après tant d’obstination que le seul ennemi de la France est Daesch nous fait regretter amèrement tout ce temps perdu que les barbares ont su mettre à profit. Le régime syrien de Bachar Al Assad a-t-il jamais constitué un danger direct pour les citoyens Français ? Le mettre sur le même plan que l’état islamique était une aberration qui a sans doute quelque responsabilité dans le drame que nous avons vécu.
Voilà enfin que l’on convient qu’il faut élargir la coalition contre l’empire du mal à toutes les nations. La Russie, tellement honnie, va donc redevenir fréquentable. On pourra toujours reconstruire des frégates et honorer nos contrats de vente.
Les attentats du mois de janvier n’ont servi qu’à relancer, le temps d’une émotion nationale, la popularité en berne du Président. Le Pouvoir s’en est contenté Aucune prise en compte réelle du danger mortel qu’ils représentaient n’a été accomplie. Toutes les mesures adaptées à la gravité de la situation, cet état de guerre enfin reconnu, annoncées aujourd’hui auraient dû être décrétées après les raids meurtriers du début d’année. Une carence aux conséquences terribles qu’il sera difficile d’oublier et de pardonner.
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Mea Culpa…ou tout au moins une habile volte-face qui permet au Président de la République de reprendre la main à travers des propositions dont certaines faites par l’opposition après les attentats de janvier. A l’époque, elles avaient été superbement ignorées par le Pouvoir. Toujours en vertu de ses grands principes et de ses bons sentiments, la Gauche persistait encore à appréhender le monde à travers un prisme idéologique angélique fracassé par la réalité cruelle de la barbarie
Le réveil est brutal et douloureux. Avant que l’émotion collective laisse la place à la colère populaire, il importait de réagir vite. Il aura fallu rien moins qu’un drame national pour que François Hollande vire bord sur bord. Les mesures sécuritaires annoncées, en rupture totale avec la culture de l’excuse si chère à Mme Taubira, vont dans le bon sens. De même que le retournement complet effectué à l’international où les options obsessionnelles du Chef de l’Etat sur les relations avec la Russie et les priorités en Syrie, constituaient une assurance survie pour l’état islamique. Il aura fallu les fleuves de sang du 13 novembre pour rétablir la hiérarchie des périls.
Reste maintenant à faire le job. Un long parcours jalonné à n’en pas douter d’épreuves qui ne pourra être accompli qu’à travers cette fragile unité nationale dont nul n’ignore la précarité et la volatilité. Une priorité vitale cependant que le Président doit sauvegarder à tout prix pour l’intérêt supérieur de la Nation, en se gardant bien de spéculer comme en janvier sur les bénéfices électoraux à retirer de la situation.
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L’indispensable unité nationale…Il semble que la Droite ait été prise de court sur ce thème, plébiscité par les Français, lors de la séance de questions au Gouvernement dans l’enceinte du Palais Bourbon.
Le traumatisme dans le pays est d’une telle ampleur, d’une telle profondeur, que les attaques portées contre le Pouvoir, la plupart justifiées d’ailleurs car la majorité socialiste est comptable des défaillances ayant permis à ces crimes de se perpétrer, étaient pour le moins déplacées en la circonstance. D’autant qu’elles ont fourni au Premier Ministre l’opportunité de pointer du doigt les carences du précédent quinquennat dans ce domaine qui expliquent en grande partie l’échec de 2012.
Un échange d’amabilités dont les citoyens se seraient bien passés dans le climat actuel. Si unité nationale il doit y avoir et on ne voit pas quelle alternative lui opposer, il faut sortir des batailles de bac à sable et accepter de coopérer pour atteindre des buts qui sont désormais qualifiés de guerre et transcendent les enjeux politiques politiciens.
Le « c’est pas moi, c’est lui » n’a plus court. La responsabilité est collective et prend ses racines dans un laxisme alimenté par le terrorisme intellectuel de la Gauche dominant depuis des décennies et conceptualisé par une Droite masochiste tentant désespérément de complaire aux gourous de la pensée unique. Le regroupement familial de Giscard dans les années 70, la suppression de la double peine de Sarkozy 30 ans plus tard, relèvent du même tropisme qui laisse à penser au bon peuple que « gauche ou droite, c’est bonnet blanc et blanc bonnet ».
Le boulevard ouvert au Front National trouve ainsi ses racines dans ce double positionnement des uns et des autres ayant largement contribué au délabrement moral de notre tissu social. C’est historiquement toujours dans un tel contexte que se sont développées les idéologies sulfureuses. Avec Daesch, nous y sommes…
L’Aigre Doux
*** Attention ce texte est une TRIBUNE LIBRE qui n’engage que son auteur ***
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