ATTENTATS DE PARIS. Mais les « qui » cachent le terroriste Salah Abdeslam ?

Publié le 22 novembre 2015 par Menye Alain

Depuis qu'Abdelhamid Abaaoud, organisateur présumé des attentats, a été tué lors de l'assaut policier de mercredi à Saint-Denis, Salah Abdeslam concentre toute l'attention des services antiterroristes. A-t-il gagné la Belgique? Est-il resté en France? L'appel à témoins diffusé par la police n'a pour l'instant rien donné.

Quel a été son rôle ? Il a loué plusieurs voitures et réservé des chambres d'hôtel utilisées par les assaillants. Hormis ce soutien logistique, a-t-il pris directement part aux attaques? Les enquêteurs sont convaincus que son frère faisait partie du "commando des terrasses". Abaaoud aussi: repéré après les attentats à proximité du lieu où la Seat utilisée par cette équipe a été abandonnée, il a manipulé une des trois kalachnikov retrouvées dans la voiture.

Que faisait Salah ? Etait-il aussi dans ce véhicule? Ou a-t-il plutôt convoyé les kamikazes du Stade de France dans une autre voiture? Devait-il mener une attaque dans le XVIIIe arrondissement de Paris, évoquée par le groupe jihadiste Etat islamique dans son message de revendication et qui n'a pas eu lieu? Avant son exfiltration, "il était extrêmement énervé et peut-être (...) prêt à se faire sauter", a rapporté l'avocate d'un des deux hommes soupçonnés de l'avoir aidé à quitter Paris, avant de s'interroger: "N'a-t-il pas eu le courage de le faire?"

Combien de kamikazes se sont mêlés aux migrants syriens?

Comment Abaaoud, condamné pour terrorisme en Belgique, connu comme le loup banc des services et visé par un mandat d'arrêt international, a-t-il pu, depuis la Syrie, traverser les frontières et entrer en France? Quelles routes ont emprunté sans attirer l'attention les assaillants venus des terres syriennes de jihad? Au moins deux des kamikazes du Stade de France, dont l'identité demeure inconnue, ont été contrôlés le 3 octobre en Grèce en passant avec des réfugiés fuyant la guerre en Syrie. Le troisième kamikaze du Stade de France, Bilal Hadfi, et deux du Bataclan, Samy Amimour et Omar Ismaïl Mostefaï, sont allés en Syrie. De forts soupçons pèsent sur les frères Abdelsam. Se sont-ils eux aussi mélangés au flux des migrants pour regagner le sol européen ?

Comment se poursuit la traque d'éventuels complices?

Qui est l'artificier des ceintures explosives? Où les kalachnikov ont-elles été achetées? Les interpellations se poursuivent. Un Belge d'origine marocaine - Ahmad Dahmani, 26 ans - soupçonné selon des médias turcs d'avoir participé au repérage des cibles des attentats, a été arrêté en Turquie en compagnie de deux Syriens avec lesquels il se préparait à franchir illégalement la frontière syrienne. En Belgique, trois personnes ont été inculpées pour terrorisme: Mohamed Amri, 27 ans, Hamza Attou, 20 ans, soupçonnés d'avoir exfiltré Salah Abdeslam, et un troisième homme dont l'identité n'a pas été divulguée. Des armes ont été retrouvées au domicile de ce dernier.

Jawad Bendaoud, qui a fourni l'appartement de Saint-Denis à Abdelhamid Abaaoud, est en garde à vue depuis mercredi. Il avait expliqué peu avant son interpellation avoir simplement voulu "rendre service" à deux personnes "qui venaient de Belgique". Quel a été le rôle d'Hasna Aitboulahcen, tuée comme son cousin Abaaoud dans l'assaut de mercredi ? Elle aurait au moins négocié la planque de Saint-Denis, et ainsi conduit, malgré elle, les enquêteurs jusqu'à Abaaoud.

Quant au troisième homme mort en kamikaze dans cet appartement, les enquêteurs ont réussi à isoler son ADN, mais celui-ci n'apparaît pas dans les fichiers de la police française. A-t-il participé directement aux attentats ? Les expertises se poursuivent. L'Institut national de police scientifique (INPS) a traité en une semaine près de 2 000 prélèvements, soit le nombre atteint dans toute l'enquête sur les attentats de janvier.