« Maman ! »

Voilà, enfin, nous y sommes, ma fille m’appelle « maman ». Pour de vrai, pour de bon. 

Après de mois de « miam-miam », de « mamamamamama » et surtout, il faut bien le dire, de « papa », elle s’est décidée. Et je l’avoue, chaque petit « maman » de sa voix fluette et une flèche d’amour en plein coeur (oui, rien que ça). Et je suis sûre que je ne suis pas la seule. C’est magique, non, ces premiers « maman » ? Déjà, enceinte, je m’étais dis que ça allait être dingue de me faire appeler comme ça par un petit être. Et maintenant que Rose m’en donne à toutes les sauces, je remarque qu’il y a plusieurs catégories de « maman ».

∗ Le « maman » passionné. Evidemment, mon préféré. Celui-là, c’est le cri du coeur. En général, elle s’élance vers moi les bras grand ouvert, la bouche en avant prête à bisouiller et elle atterrit contre moi avec un grand « mamaaaaaan » dégoulinant de tendresse et d’amour. Moi ? Je fonds complètement et j’en redemande. Mais le « maman » passionné, on ne peut pas l’avoir sur commande. Alors j’attends, j’espère, je lui demande (supplie) un petit bisou ou un mini câlin, allez juste un. Mais l’enfant est incorruptible (enfin, si je sors un babybel, y’a moyen de négocier quand même).

∗ Le « maman » allez-viens-sois-pas-fâchée-quoi. En général, ce « maman » là est précédé d’une claque (et c’est moi la victime hein) ou d’une grosse bêtise, du genre prendre les oeufs dans le frigo et les balancer par terre. Là, l’enfant s’immobilise, me regarde faire les gros yeux, gronder, dire comme je suis pas contente etc etc, puis dans un petit sourire incertain, sort un « maman » enjoué et plaque sa tête contre moi. C’est clairement une tentative de m’acheter par sa tendresse, de me dire que c’est pas si grave, et qu’on peut rigoler quand même. Et ça marche.

∗ Le « maman » regarde-moi. Oh ce lui-là, tout le monde le connaît. Les parents bien sûr, mais aussi leurs amis, qui tentent d’avoir avec eux une conversation suivie. Oui, car ce « maman » n’arrive que quand le parent est occupé à faire autre chose qu’admirer sa progéniture. Travailler, lire, regarder un film, parler. Et ce n’est pas un simple « maman ». Non non. C’est un « maman maman maman maman maman maman maman maman maman ». Il ne sert à rien de résister. Enfin pour ma part, j’ai beau expliquer à Rose que je ne suis pas disponible et qu’elle doit attendre 5 minutes, elle ne s’arrête pas. De toute façon le mot « attente » ne fait pas partie de son vocabulaire. Et comme elle est très persévérante et très fatigante, elle gagne systématiquement.

∗ Le « maman », tiens si je l’énervais un peu. Celui-là il est tout simple, il ne fait que 4 lettres, j’ai nommé le « papa ». Voilà, Rose a bien compris que je n’aimais pas beaucoup qu’elle m’appelle papa, et que ça me faisait lever les yeux au ciel et répéter d’une voix débile « MA-MAN ». Elle en use et abuse. Sale gosse.

∗ Le « maman » je m’affirme. Il est dit exactement avec la même rapidité et sur le même ton que mon « Rose ! » outré quand la dite Rose fait une connerie. En bref, elle m’engueule. Il est souvent suivi d’un « Aaaah » furieux. Bref, Rose est prête pour le cours Florent.

∗ Le « maman » t’es où ? Il fait partie des maman trop mignons. Je suis une grosse blagueuse (oui oui) et je me cache souvent pour surprendre Rose. Elle connait les règles du jeu, et lève les deux mains en faisant « Bah ? Bah ? Maman ?  » alors qu’une fois sur deux elle sait très bien où je suis. Elle doit se dire que pour mon plaisir elle doit faire un peu semblant de me chercher. Brave petite.

En grandissant, nous aurons sûrement droit à d’autres « maman » et j’ai bien hâte de les découvrir. Sauf le « maman-je-te-hais-c’est-pas-possible-j’ai-dû-être-adoptée » assorti d’un claquement de porte. Mais bon, j’ai bien 10 ans de tranquillité devant moi.

Et vous, vous avez les même à la maison ? Ou d’autres ?