Magazine Talents

J'ai vu et entendu... In extremis (album et concert) de Francis Cabrel

Publié le 02 décembre 2015 par Mari6s @mari6s

J'ai eu la chance d'assister au concert de Francis Cabrel pour son dernier album, In extremis, comme je l'avais déjà fait il y a six ans pour sa tournée précédente, Des roses et des orties.

Deux heures trente de bonheur, avec une première partie très sympathique également. Comme à son habitude, Cabrel confie la première partie à un jeune auteur-compositeur des Rencontres d'Astaffort. En 2009 nous avions vu Marie Cherrier, cette fois nous avons découvert Benoît Dorémus. Un joli ensemble guitare-voix avec des textes à l'angle original et décalé, notamment sur les ruptures ( Brassens en pleine poire ; Déjà, ma chère Laura)... et sur la lecture au petit coin (Lire aux chiottes).

J'ai vu et entendu... In extremis (album et concert) de Francis Cabrel

Cabrel interprète ensuite une bonne partie des titres du nouvel album, mais aussi de nombreux classiques des précédents, réorchestrés et réinterprétés avec une grande originalité, comme Sarbacane et C'est écrit (Sarbacane, 1989), ou La dame de Haute-Savoie (Fragile, 1980), ou chantés avec le public, comme Je l'aime à mourir (Les chemins de traverse, 1979).

Il est accompagné tour à tour par ses excellents musiciens à la basse, au piano, à l'accordéon, au violon, avec diverses percussions, ainsi que par un chœur de trois femmes à la voix de miel. À noter, la sono parfaitement réglée pour mettre en valeur la voix et les instruments, c'est relativement rare en concert. Les jeux de lumière et de projecteurs sont très bien pensés, très beaux, et on ressort en n'ayant mal ni aux oreilles, ni aux yeux, mais des étoiles plein la tête.

Le sourire aux lèvres tout au long du concert et la larme à l'œil pour les chansons les plus dures et émouvantes comme Cabrel sait les faire : Mandela, pendant ce temps (In extremis), mais aussi Cent ans de plus (Hors-saison, 1999) sur l'histoire des Afro-américains, African tour (Des roses et des orties, 2008) sur le périple des migrants, ou encore La corrida (Samedi soir sur la Terre, 1994).

Il a beau ne pas se considérer comme un chanteur à voix, Cabrel montre en concert l'étendue de son coffre sur les parties les plus poignantes de chansons comme Dur comme fer, La voix du crooner (In extremis) ou C'est écrit (Sarbacane, 1989).

On est toujours épaté par le renouveau dans les arrangements et l'orchestration, tout en constatant encore une fois que les chansons les plus anciennes de Cabrel ne sont pas datées. Tous ses titres se juxtaposent à merveille sans rupture sensible entre les différents albums, et on a l'impression de connaître les nouveaux depuis des années dès la première écoute, tout en redécouvrant les anciens à chaque fois.

J'ai vu et entendu... In extremis (album et concert) de Francis Cabrel

Quant à l'album, sorti au printemps dernier, il est lui aussi très réussi. On reconnaît la " patte " de Cabrel dès les premiers accords de guitare, et on découvre mille petits trésors d'écriture au fil des écoutes.

Cette chanson pleine de tendresse raconte la persévérance d'un chanteur vieillissant sans grand succès, qui " chante ses amours lointaines qui ne déroulent qu'un seul thème : les jours passés sont les meilleurs ". Elle me fait un peu penser dans son ton à La voix du crooner
Piano Man de Billy Joel, qui parle elle aussi de ces artistes qui font rêver comme ils peuvent les gens ordinaires.

Cabrel chante ici l'urgence de vivre et danser malgré tout ce qui va mal : " Sans vouloir vous offenser, si le ciel doit se renverser ce sera sur nos toitures percés, et ça, on n'est pas si bêtes, on le sait ". On retrouve le même côté désabusé par rapport aux " élites " que dans Pas si bêtes
Dur comme fer : " Celui qui tient les manettes d'une main lance les dés et de l'autre, les arrête ".

Titre bonus dont le thème rappelle Les fontaines du jazz
Cent ans de plus (Hors-saison, 1999) qui racontait l'histoire des noirs aux États-Unis et disait : " après ça faut pas que tu t'étonnes, c'est eux qui ont fait, eux qui ont fait, Son House et Charlie Patton, Howlin' Worf et Blind Lemon ". Celui-ci cherche les racines du jazz dans les ghettos pauvres et glauques, où " toutes les filles du quartier apprenaient à compter sur les touches d'un piano d'occase ". " Demandez à Billy à Chet ou à Louis comment ça fait quand la vie vous écrase. "

À écouter et à réécouter, et je ne saurais trop vous encourager à aller le voir en concert s'il reste des places sur des dates près de chez vous !


Retour à La Une de Logo Paperblog

Magazine