Ajout du 10.06.08 :
L'expיdition de Champlain en « France Nouvelle » ou « Indes Occidentales » est orientיe outre la redיcouverte de terres , vers la colonisation en motivant ultיrieurement des יmigrants de France ,venant en vagues successives des rיgions du Poitou (Charente, Vendיe), ou de Normandie .Rien de plus normal pour des rיgions cפtiטres orientיes naturellement vers les « conquךtes « de l'Ouest. La mission qui lui est confiיe est claire : explorer la Nouvelle-France, 75 ans aprטs son prיdיcesseur l'explorateur Jacques Cartier ,en יtudier les voies fluviales pour y יtablir en un site favorable un important comptoir de traite sous laprotection d'un fort.
Au pied du Cap Diamant, Champlain fait construire « L'Abitation de Quיbec » (א l'origine, il voulait baptiser l'יtablissement Ludovica, ce qui signifie « S'il en plaמt א Dieu et au Roi »). Champlain explique son choix de cet emplacement: «Je cherchai lieu propre pour notre Abitation, mais je n'en pus trouver de plus commode, ni mieux situי que la pointe de Quיbec, ainsi appelי des Sauvages, laquelle יtait remplie de noyers et de vignes. Aussitפt, j'employai une partie de nos ouvriers א les abattre pour y faire notre Abitation. Le premiטre chose que nous fמmes fut le magasin.»
La « Nouvelle France » (avant de se nommer ultיrieurement Canada ) avec ses sauvages contrיes glacיes l'hiver, riches en teintes chaudes lorsque « brulent » les feuillages א l'יtי indien, favorise comme par mimיtisme les pratiques des autochtones א se peindre sur le corps les couleurs fauves de leur environnement sauvage qui rivalise de teintes avec les couchers de soleil .
Les explorations en Amיrique sont presque toujours liיes א des motifs יconomiques . Trois grandes raisons justifient l'expיdition :
La dיcouverte du passage vers l'Ouest et la mer de Chine, grand but des premiטres explorations et qui persistera logtemps ;
Le repיrage de richesses naturelles devant profiter א la Mטre Patrie (fourrures ou mines de mיtaux prיcieux )
L'incontournable conversion des גmes des « Sauvages » afin d'assurer leur salut. Il est d'ailleurs important de mentionner que les religieux missionnaires furent d'infatigables explorateurs, auxquels on doit nombre d'avancיes territoriales.
Ces explorations sont souvent des יchecs :Si Jacques Cartier ramטne fer et mica ,sobres minerais au lieu de l'or et des diamants espיrיs, Samuel de Champlain ne sera pas le dיcouvreur du convoitי passage vers l'Orient. Quand aux autres expיditions, celles sauvages et hors contrפle des « coureurs des bois » elles sont restיes plus discrטtes et sans reconnaissances historiques. Ces derniers effectueront souvent de longs pיriples sur ces terres nouvelles par go�t personnel de l'aventure et par dיsir de s'enrichir grגce aux fourrures, mais publieront rarement leurs expיriences car leur יducation n'est pas aussi maitrisיe que celles des religieux plus instruits.
Les cours d'eau sont les grandes routes naturelles par lesquelles l'homme pיnטtre hors des rיgions colonisיes soit en canot utilisant ainsi la sיcuritי totale envres les mauvaises rencontres dues aux animaux sauvages (Loup, Lynx, selon les contrיes l'ours noir ou le « Grison » des montagnes) et les יventuels indigטnes belliqueux prompts א dresser des embuscades dans des secteurs qu'ils controlent parfaitement .
Sur toutes les voies d'eau circulaient avant l'arrivיe des colons la pirogue indienne, qu'on appelle improprement en France le canoכ. L'indigטne fabriquait sa lיgטre embarcation avec les produits que la nature mettait א sa portיe dont l'יcorce de bouleau pour l'enveloppe de flottaison . Les meilleures pirogues יtaient faites d'une seule יcorce repliיe sur une quille de branches , cousue aux extrיmitיs et aux rebords avec des racines, ou des laniטres de peau. Toutes les coutures pour leur parfaite יtancheןtי יtaient enduites de rיsine ou gomme de conifטre.
Dans les zones de rapides lא oש א la difficultי de remonter les cours d'eau s'ajoutait les dיnivellations rocheuses , la seule solution pour les explorateurs יtait l'opיration de « portage » : Franchir depuis les rives escarpיes avec les embarcations hissיes sur le dos des aventuriers les portions les plus hostiles א la progression flottante...L'avantage de la pirogue indienne f�t reconnu par les Europיens comme le meilleur compromis א se dיplacer sur les riviטres א contre courant de par son tirant d'eau inexistant , sa lיgטretי naturelle, sa stabilitי יprouvיe par des gיnיrations de Peaux rouges....
La riviטre Cariboo
Tous les autochtones ne sont pas des chasseurs. Seuls ceux vivant dans les bois, favorisיs par leur environnement , sont des trappeurs de nature en parfaite osmose avec leurs croyances spirituelles, directrices de leur conduite de vie.
Ces peuplades de races algonquines, les Montagnais de la rive nord du Saint-Laurent, les Ojibways des rives du lac Supיrieur toutes ont des genres de vie semblables, obיissant sagement א des lois dechasse non יcrites. Ils ne partaient א la quטte du gibier que selon l'exigence de leurs besoins, sur leur territoire et au moment propice; La ruine des ressources de la chasse pouvait amener la disparition de leur tribu. Ils obligטrent les premiers colons Europיens, dans les contrיes oש ils יtaient assez puissants pour leur imposer la loi, א passer avec eux des contrats de chasse.
Champlain est un homme aux talents multiples. Officier de l'armיe, capitaine de marine puis explorateur, il s'enfonce dans l'intיrieur du pays, dresse des cartes des lieux visitיs, יtablit d'excellents rapports avec les indiens. C'est un humaniste chez qui perce l'esprit scientifique. De toutes ses expיditions il ramטne des rיcits copieusement dיtaillיs. On y dיcouvre une richesse prodigieuse: ethnologique, zoologique, gיographique et botanique. La plupart de ses textes sont illustrיs de dessins, de cartes et de plans. Il a le souci de la prיcision , de la relation, de partager la richesse de ses dיcouvertes ,de ses sensations.
Carte exיcutיe sur peau animale dיbut 1600
Les descriptions type encyclopיdique transforment le paysage en un interminable inventaire sur la faune, la flore ou les ressources minיrales, permettant de recenser les יlיments « utiles » de la nature et de prיsenter une somme des richesses du pays propice א ךtre colonisי.Pour votre serviteur Samuel de Champlain reprיsente un des « pטres » du carnet de voyage,avant les cיlטbres navigateurs du Pacifique : Cook, La Pיrouse , De Bougainville.... Le rיcit de voyage existe de trטs longue date. l'Odyssיe d'Homטre et le livre des merveilles de Marco Polo en sont les prיcurseurs
Le vיritable intיrךt des יditeurs pour la Nouvelle-France ne commenחa qu'avec Champlain, qui publia quatre ouvrages relatant ses voyages et les dיbuts de la colonisation franחaise en Amיrique du Nord, entre 1603 et 1632. Un autre manuscrit, le « Brief discours des choses plus remarquables que Samuel Champlain de Brouage a reconneues aux Indes occidentales… » qui narrerait un יpisode peu connu de la jeunesse de Champlain en l'occurence une expיdition antיrieure jusqu'en Amיrique centrale א partir de l'Espagne, n'est pas certain יcrit de sa plume. Il ne faut pas oublier que les Rיcollets ont souvent accompagnי ses expיditions comme des interprטtes ou « Truchements »
Samuel s'allie aux indiens algonquins et s'aventure avec leur aide chez leurs ennemis iroquois auxquels il livre bataille prטs du fameux lac qui porte depuis son nom.Il paiera de sa personne,blessי a plusieurs reprises dans des combats contre les belliqueux iroquois. Certains historiens lui reprochent cette action faisant des Iroquois les ennemis mortels des colons pendant un siטcle.
Ses contacts avec les indigטnes plus paisibles demeurent toujours empreints de respect, soucieux de chercher א les comprendre, א se mettre en symbiose avec leur environnement. Son dernier ouvrage publiי en 1632 met davantage en avant ses sentiments : ce n'est plus une succession de faits chronologiques qui est prיsentיe, mais une organisation thיmatique des lieux, des יvיnements et des tribus amיrindiennes, tout cela dans le but de dיfendre et de renforcer son projet de colonisation . DepuisQuיbec simple poste de traite de fourrures, Champlain rךve alors d'un royaume oש les peuples franחais et amיrindiens se fondraient en un nouveau peuple, et sa fondation comme le centre d'un Nouveau Monde franחais, un prיcieux futur port et aussi poste de douane sur la route de l'Asie. Il sollicite le royaume de France, faisant part de son rךve avec l'espoir de voir arriver des colons. Champlain demeurera convaincu que le grand passage pour la Chine se cachait quelque part au N.O au bout des Grands Lacs.. Ni les terribles hivers canadiens, ni les peuples belliqueux n'יpargnטrent les premiers colons. Mais Champlain יtait l'homme d'une idיe fixe et, pour fonder un empire franחais qu'il n'imaginait nulle part ailleurs, il lutta sans trךve pendant trente ans.
A SUIVRE....
( Les illustrations aquarellיes N°: 2, 4, 5, 7 sont de votre serviteur )