Magazine Humeur

Le Billet Amer #44

Publié le 10 décembre 2015 par Observatoiredumensonge

   Le Billet Amer #44  

Spécial Régionales 2015

Par L’Aigre Doux

« Les Français souhaitent que la priorité pour tous les responsables politiques soit que la République ne recule plus. Elle a trop reculé et en particulier depuis 4 ans » (Nicolas Sarkozy)

S’il ne devait y avoir qu’une explication à ce qui s’est passé au 1er tour des élections régionales, c’est sans conteste celle- là qui s’imposerait avec un correctif cependant : les socialistes ont certes accéléré depuis l’élection de François Hollande le recul de cette République que l’on met à toutes les sauces. Mais ce mouvement a été initié depuis plusieurs décennies par les gouvernements successifs accumulant à droite comme à gauche, laxisme, lâchetés, démissions, renoncements, face à tous les périls dont la réalité était vécue par le peuple et ignorée par les élites. Le rejet de cette classe politique considérée comme inapte à se hisser à la hauteur des enjeux, se traduit dans ces résultats surprenants et pourtant tellement prévisibles. Emblématiques à ce titre les 50% de suffrages obtenus par le Front National dans l’enfer qu’est devenu Calais.

La Droite peut espérer encore sauver les meubles, mais déjà les déclarations dissonantes des candidats à la primaire marquent leurs différences, chacun cherchant à exploiter au mieux une situation compromise. De ce côté de l’échiquier les gros problèmes sont encore à venir.

Le PS et la Gauche dans sa diversité payent cash le prix de leur faillite. Et ça n’est que justice pour ceux qui depuis 2012 ont livré la France désarmée aux coups des assassins qu’ils n’osent même pas définir pour ceux qu’ils sont, des terroristes islamistes. Cambadélis, dans le désarroi ambiant de la rue de Solférino, se la joue « Appel du 18 juin », annonçant que les socialistes entrent en « résistance ». Chacun a les épopées qu’il mérite…

Les uns et les autres, en panne d’arguments, lancent des anathèmes sur leurs concurrents pourtant plébiscités par le suffrage universel et envoient des SOS angoissés à ces électeurs virtuels que sont les abstentionnistes dont on sait qu’ils ne se déplacent pas beaucoup plus au deuxième tour qu’au premier.

Une anxiété fébrile révélatrice de l’annonce d’un grand chambardement aux conséquences encore inappréciables.

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Grand désordre à gauche, statu quo fragile à droite…L’effet post premier tour des régionales a initié des crises immédiates ou à venir au sein des deux grands partis traditionnels, chacun frappé dans des proportions différentes par la déferlante Front National.

La cacophonie socialiste traduisant la révolte rentrée pour les uns, la rébellion ouverte pour les autres, augure de perspectives bien sombres pour le parti au pouvoir. Le dangereux pari de la stratégie du front républicain unilatéral ne peut être payant que si elle aboutit à la défaite du FN dans les deux régions emblématiques du Nord-Picardie-Pas de Calais et de Provence-Alpes-Côte d’Azur. Dans le cas contraire, plus que probable, le ressentiment de la base, privée de représentation dans ces conseils régionaux pendant 6 ans, sera redoutable. Les initiateurs de ce positionnement suicidaire, Valls et Cambadélis, ont du souci à se faire quant aux répercussions à venir. Pleinement impliqué, le Premier Ministre, qui tout au long de cette campagne anti- FN est résolument sorti de son rôle institutionnel, aura peut- être des comptes à rendre à ses pairs et au premier d’entre eux, François Hollande.

En face, Nicolas Sarkozy a imposé son point de vue, le seul décent, digne et respectable malgré les oppositions déterminées des uns, NKM, Raffarin, les centristes et les ralliements contraints des autres, Juppé et son entourage. Mais cette victoire interne, au gré des résultats mitigés pour Les Républicains que devrait confirmer le second tour, risque d’être pour lui sans lendemain. Dès lundi en effet, ses rivaux potentiels à la primaire vont instruire sans ménagement son procès à charge, remettre en cause son autorité, lui faire porter le poids de ce qui sera plus une demi défaite qu’une victoire partielle, malgré les quelques régions reconquises sur les dépouilles de la Gauche.

Les ondes de chocs de ce scrutin dépasseront largement dans les deux camps la simple statistique des territoires gagnés ou perdus par les uns et les autres. C’est l’ensemble du système qui a été impacté de plein fouet, révélant son inadéquation rédhibitoire aux réalités des enjeux de notre époque.

Il faudra en changer radicalement ou en périr.

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Le Front National explose quand la Gauche est au pouvoir… Cet argument utilisé par la Droite prend ses racines dans le jeu florentin initié par François Mitterrand lorsqu’il instaura le scrutin proportionnel pour les élections législatives de 1986 permettant l’arrivée d’un contingent de 35 députés FN à l’Assemblée Nationale. Cela réduisait d’autant la majorité de droite lui imposant une cohabitation. Mais là n’était pas son souci essentiel situé à l’horizon de l’élection présidentielle de 1988. Parallèlement, dans cette perspective, le Président socialiste donna instruction aux médias d’ouvrir largement leurs plateaux et leurs antennes au Président du Front National de l’époque, Jean-Marie Le Pen, afin de le positionner comme concurrent à droite de son Premier Ministre Jacques Chirac, annoncé comme son challenger principal.

Nul ne peut dire si les 14% obtenus par Le Pen au premier tour permirent à Mitterrand de survoler le duel, tellement la rivalité Chirac-Barre fut pénalisante pour le candidat de droite au 2° tour. Toujours est-il que ce score, exceptionnel pour l’époque, marque la fin de la marginalisation du mouvement frontiste. Depuis, scandé par des crises internes provoquant des chutes de tensions conjoncturelles dans les résultats électoraux, le Front National s’est fortement implanté dans le paysage politique et pas seulement depuis ce premier tour du scrutin régional.

Il y avait eu certes le précédent presque accidentel de 2002 et la qualification de Le Pen au détriment de Jospin que Sarkozy avait ramené à sa juste proportion en 2007. Mais c’est surtout depuis 2012 et les 18% de Marine Le Pen à la présidentielle, et là sous la Droite au pouvoir, que le Front National « dédiabolisé » et propulsé depuis par l’échec des socialistes a régulièrement progressé lors des municipales, des européennes et des départementales.

Rien n’est cependant acquis pour ce second tour des régionales dont le résultat final pourrait être considérablement éloigné des enseignements fournis par le premier tour. Ce qui constituerait, au détriment de la Droite, une victoire posthume du machiavélisme de l’ancien Chef d’Etat socialiste. Mais une certitude s’impose qui s’apparente à une véritable révolution institutionnelle : sans passer par une révision constitutionnelle, l’esprit de la Cinquième République basé sur un bipartisme dominant depuis sa lointaine origine a vécu. Car au-delà des collectivités conquises ou non par le FN dimanche prochain, la pénétration durable de son message dans la société française change drastiquement les règles du jeu d’un système manifestement à bout de souffle.

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L’Aigre Doux

aigre

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