Pas besoin d’être devin pour comprendre que Noël approche, période favorable à un laisser-aller côté porte-monnaie. Les compagnies discographiques l’ont fort bien intégré dans leur politique commerciale et tous les ans, à cette époque, les coffrets tombent sur le coin du museau des amateurs, tentations trop alléchantes pour que nous puissions résister. Nous ne sommes que des hommes, donc des consommateurs.
Chez Springsteen, comme dans le cochon, tout est bon. Excellent ou bon, jamais la barre ne descend sous ce niveau, quelque soit le disque de l’artiste. Ceci dit, si pour l’amateur béotien de Bruce, ce coffret paraîtra mirifique, quand on connait un peu sa production, on trouvera matière à chipoter. D’autant que ça va exciter de rage les fans furieux, ce qui n’est pas sans m’amuser.
Quatre CD. Excluons les deux premiers qui correspondent aux deux disques de l’album original, sans aucune amélioration technique évidente malgré la remastérisation. Le troisième est la version du disque The River, tel qu’il était prévu au tout début, un disque simple avec dix titres, dont certains n’ont pas été retenus dans la version définitive et double ; il en existait une version pirate qui circulait depuis plusieurs années déjà. Intéressant quand même car cela donne une autre tonalité à l’album. Le dernier CD, vingt-deux titres, est constitué d’outtakes, mais la moitié était déjà présente sur le coffret Tracks (1998). Le reste par contre, ce sont de vrais inédits et c’est du tout bon pour mes oreilles.
Trois DVD. Le premier, durant une heure, est un documentaire où Springsteen explique l’enregistrement de The River, ses sources d’inspiration et des interventions à la guitare acoustique qui ravissent l’amateur. Intéressant et touchant, car le type est toujours sincère dans ses propos, très à l’écoute des gens et du peuple – dans le bon sens du terme. Les deux autres DVD offrent l’intégralité d’un concert enregistré en Arizona en 1980, plus des bonus filmés pendant les répétitions, soit deux heures quarante minutes. Bien, évidemment.
Tout cela est livré avec un bouquin de photos, mais on peut encore en discuter la pertinence. J’aurais souhaité des clichés pris dans les loges ou tirés de la vie personnelle de Bruce, or la majorité correspond à des séances de poses, d’où des quasis doublons, ou bien sur scène, donc donnant l’impression de déjà vu…
Rappelez-vous ce que je disais au début de cette chronique, j’aime agacer les fans furieux et je chipote parce que j’adore l’artiste !