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Sagesse (extrait) de Paul Verlaine

Publié le 13 décembre 2015 par Pestoune

fleursbouquet

   I.

Mon Dieu m’a dit : “Mon fils, il faut m’aimer. Tu vois

Mon flanc percé, mon cœur qui rayonne et qui saigne,

Et mes pieds offensés que Madeleine baigne

De larmes, et mes bras douloureux sous le poids

De tes péchés, et mes mains ! Et tu vois la croix,

Tu vois les clous, le fiel, l’éponge, et tout t’enseigne

À n’aimer, en ce monde amer où la chair règne,

Que ma Chair et mon Sang, ma parole et ma voix.

Ne t’ai-je pas aimé jusqu’à la mort moi-même,

Ô mon frère en mon Père, ô mon fils en l’Esprit,

Et n’ai-je pas souffert, comme c’était écrit ?

N’ai-je pas sangloté ton angoisse suprême

Et n’ai-je pas sué la sueur de tes nuits,

Lamentable ami qui me cherches où je suis ? »

   II

J’ai répondu : « Seigneur, vous avez dit mon âme.

C’est vrai que je vous cherche et ne vous trouve pas.

Mais vous aimer ! Voyez comme je suis en bas,

Vous dont l’amour toujours monte comme la flamme.

Vous, la source de paix que toute soif réclame,

Hélas ! Voyez un peu tous mes tristes combats !

Oserai-je adorer la trace de vos pas,

Sur ces genoux saignants d’un rampement infâme ?

Et pourtant je vous cherche en longs tâtonnements,

Je voudrais que votre ombre au moins vêtît ma honte (…)

ciergePascal

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