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Les soirées avec elle

Publié le 14 décembre 2015 par Rosecommetroispommes

Vous, les parents, vous le savez que le soir c’est le gros rush. Vous savez qu’entre 18h et 20h, on a un enfant fatigué qui s’accroche à nos jambes en pleurant, un dîner à préparer, un bain à donner, du  linge à plier, tout ça tout ça.

∗∗∗

Et donc voilà, nous rentrons à la maison après avoir passé quelques heures à la salle de jeux. Rose s’est assoupie dans sa poussette sur le chemin. Elle a les sourcils froncés au dessus de ses paupières fermées, la petite bouche en avant, bien au chaud sous son bonnet. Je galère, comme tous les jours, à faire rentrer une énorme poussette dans un micro-ascenseur. On arrive à l’appartement, j’essaye de la découvrir un peu et je la laisse dormir dans l’entrée. Je me dis que chouette je vais en profiter pour lancer le repas, et qu’en plus je vais avoir le temps de faire des légumes frais, ça changera des pommes dauphines surgelées. J’épluche les carottes et j’entends geindre. Je me dis que si j’arrive en ayant l’air de super bonne humeur, Rose le sera peut-être aussi. Mon grand sourire devrait l’amadouer, mais non, Rose n’est pas d’accord. Elle ne sait plus où elle est, elle a trop chaud, elle veut un câlin mais elle me pousse, elle refuse d’enlever son bonnet. Je lui dis que trop trop chouette, on va prendre le bain, et qu’on va trop s’amuser. Mouais … L’eau coule, ça lui fait envie, elle enlève ses chaussettes, tout en continuant de pleurer. Enfin vous savez, ce ne sont pas vraiment des pleurs, plutôt de longues plaintes répétitives. Je crois qu’elle ne se rend même plus compte des sons qu’elle produit. Moi non plus d’ailleurs, je m’habitue au bruit de fond. Le bain est rempli, mais Rose refuse toujours d’enlever son bonnet. Soit.

Elle va dans l’eau, tout va bien, elle a même enlevé le bonnet. Elle joue, elle éclabousse. C’est marrant. Je sens qu’elle est de meilleure humeur, mais enfin ça reste fragile. Je lui propose qu’on se savonne, et là c’est le drame. Elle hurle, se lève en tendant les bras pour que je la prenne, j’essaye de lui expliquer que ce serait bien de se laver quand même. Merde, ça sonne, c’est qui ? Et re-merde, c’est le livreur pour les courses. Là, je me souviens du petit questionnaire qu’on m’avait fait remplir pour entrer dans une agence de baby-sitter :

Vous donner le bain au petit Arthur, 18 mois. On sonne à la porte

  1. Vous laissez Arthur sans surveillance dans la baignoire. 
  2. Vous n’ouvrez pas et laissez sonner.
  3. Vous sortez Arthur, et le laissez sur le carrelage pour aller ouvrir.

J’avais répondu 2, je vous rassure. Mais là, 2, c’est pas possible. Je me dis donc que 3 est la solution adaptée puisque ce n’est pas Arthur, mais Rose, et que j’ai besoin des courses. Je l’enroule donc dans son peignoir en lui demandant de ne pas bouger.

Le livreur arrive, je file dans la cuisine pour déposer les cartons, et quand je reviens je trouve Rose, à moitié à poil, qui tend quelque chose avec insistance au livreur, qui lui regarde ailleurs, l’ai gêné. J’approche. Nickel, elle est en train de lui donner la culotte en dentelle que je me suis achetée dans l’aprem et qui était encore dans mon sac. Merci monsieur, une petite signature, au-revoir hein.

Je replonge Rose dans le bain, la savonne, la sèche, couche, body, pyjama, non tu veux celui avec les ours ? Ok. Pyjama avec les ours. Tu veux une barrette ? Ok, barrette. Moi, à cette heure-ci je ne suis pas contraignante hein. Là, je me souviens que l’enfant doit manger, et qu’à part une carotte à moitié épluchée, rien n’est en route. C’est pas grave, il y a justement des pommes dauphines qui attendent dans un carton. Et comme légume ? Du ketchup.

Une fois à table, Rose s’enfile ses patates sans broncher, moi je commence à somnoler en face d’elle. Son père arrive, libérée, je vais me servir un verre de vin en précisant bien que j’aimerais qu’on ne me parle pas pendant le prochain quart d’heure. Une chanson et douze bisous plus tard, Rose dort paisiblement, notre soirée commence.

∗∗∗

Et bah vous savez quoi ? Souvent, dans ces moments là, je m’énerve, j’en ai marre, je rêve du moment où elle sera enfin au lit. Et pourtant, j’aime ça. Même quand tout se cumule comme ce soir là. J’aime notre petit quotidien routinier, ma petite Rose fatiguée. J’aime la satisfaction que j’en retire, de la savoir propre, au chaud dans son pyjama avec les ours. J’aime la voir me regarder avec de grands yeux interrogateurs quand elle entend la clé dans la serrure. Ces yeux qui effacent tous les pleurs et les colères qui ont précédé. J’aime que ce soit toujours pareil, je suis comme elle, j’ai besoin de mes rituels.

Et vous, vous les aimez les soirées-marathon ?

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