Le second tour des élections régionales a permis aux citoyens d’exprimer un sursaut salvateur face au danger du Front national, arrivé en tête dans 6 régions le 6 décembre dernier.
Dans un pays profondément attaché aux libertés démocratiques et à la logique de l’égalité, ce résultat montre une fois de plus que la France, si belle dans ces sursauts, refuse de s’abandonner au parti de la haine et de l’autoritarisme qu’est le Front national.
Cependant, de très lourdes inquiétudes pointent. Le score du Front national montre une montée du racisme et des logiques de boucs émissaires, tandis que l’abstention massive, notamment dans les quartiers populaires et dans la jeunesse, dénote d’une rupture entre les citoyens et les partis politiques.
Une fois de plus, la soirée électorale a été l’occasion de voir défiler des responsables politiques appelant au renouvellement, au changement, au « On ne peut plus continuer comme avant ». Malheureusement, le plus probable, si les citoyens, à travers la société civile, ne créent pas les rapports de force nécessaires, c’est que rien ne change et que donc, demain, le Front national poursuive son ascension jusqu’à atteindre le pouvoir.
C’est pourquoi, de profondes remises en cause sont nécessaires.
Remise en cause à droite qui, sous l’impulsion de Nicolas Sarkozy, n’a cessé de courir après l’extrême-droite, au point de légitimer les thèses les plus nauséabondes et de rendre son électorat dangereusement réceptif aux thèses de l’extrême-droite.
Remise en cause à gauche, marquée par des divisions irresponsables dont chacun se renvoie la responsabilité dans des comportements dignes des pires enfantillages. Mais aussi remise en cause de la conception de l’exercice du pouvoir de la part du gouvernement, qui ne peut se détourner à ce point de la mise en œuvre de valeurs pour lesquelles une majorité parlementaire a été dégagée en 2012, que ce soit la lutte contre les inégalités, contre les discriminations ou en faveur de la jeunesse.
Remise en cause plus générale d’une classe politique semblant tourner vers un apparatchisme de plus en plus caricatural. Sur les plateaux TV de ce soir, beaucoup de responsables ont lancé des appels au renouvellement. Mais bien peu semblent prêts à montrer l’exemple afin de permettre à la démocratie de respirer véritablement.
Remise en cause des médias et des intellectuels les plus médiatiques qui ont trop souvent mis en scène, sur le mode compréhensif, la montée irrésistible du Front national, tout en marginalisant avec une constance sans faille, les valeurs antiracistes, vouées aux gémonies car « coupables » de mettre en lumière les permanences racistes du Front national.
Toutes ces tâches ne se feront pas spontanément. Seul un rapport de force présent dans la société permettra de faire bouger les lignes, de faire évoluer les pratiques, de déplacer les centres de gravité. Cette énergie, c’est dans la jeunesse qu’il nous faudra la puiser. Car un pays ne peut avancer vers le meilleur que grâce à une jeunesse mobilisée vers le meilleur : la liberté, l’égalité et la fraternité.
Madame Caroline SAUDER-DIOUF
SOS Racisme – Touche pas à mon pote
Présidente comité Moselle