Quelques pages avant la fin, elle reniflait, elle s’essuyait les yeux. Quand elle eut tourné la dernière page, j’ai voulu voir ce qui la faisait pleurer. J’ai relu, je me suis souvenue de cette scène. Pourtant, moi, elle ne m’avait pas fait pleurer. Alors, j’ai compris que j’avais réussi. J’avais écrit une fin émouvante, qui émouvait le lecteur alors que pour moi, ce n’était que des mots. Personnellement, ce ne sont pas sur ces pages que j’ai versé quelques larmes. Donc l’émotion de l’auteur n’est pas nécessairement gage de l’émotion du lecteur, ce que j’ai cru pendant longtemps. Chacun réagit selon son expérience de vie, ses souvenirs. Et, comme chez les membres d'une famille, étrangement, personne n'a les mêmes.
Le genre de réaction qui me donne des ailes.Puis, à défaut de longue marche sur une plage, vint ensuite la piscine.
Oui, la piscine. Une heure d’exercices et de nage. Depuis plusieurs années, je me suis rendu compte que mes personnages en profitaient pour m’accompagner. Sans autres distractions ou stimuli extérieurs, les idées s’éclaircissent, les solutions surgissent. Comme en méditation.
Exemple, ce matin, je me demandais bien ce qui pourrait arriver entre la fin de l’Expo 1967 et la loi 63 sur la langue française en 1969. Entre deux mouvements de bras, l’idée m’est venue : pourquoi ne pas faire comme dans les autres romans : des parties. La première partie se terminerait en 1967 et la deuxième recommencerait en 1969. Plutôt que d’inventer des scènes inutiles, pour remplir seulement, mieux vaut reprendre plus loin dans le temps quitte à composer un ou deux paragraphes de transition.
Pour la énième fois, j’ai également entrevu un nouvel épilogue.Pour la énième fois, je crois avoir scellé le sort de deux personnages. Et pour la énième fois, j’avais hâte de sortir de l’eau pour tout consigner.