Une indiscrétion (presque) imaginaire de Renan Apreski

Publié le 15 décembre 2015 par Legraoully @LeGraoullyOff

Nos équipes ont réussi à enregistrer quelques propos échangés pas plus tard qu’hier à l’Élysée ; voici la retranscription de ce document exclusif :

FRANÇOIS HOLLANDE (au téléphone) : Oui, je sais qu’on a perdu plus de la moitié de nos régions, mais on s’en fout : comme ça, si la réforme territoriale est mal appliquée, on fera porter le chapeau à la droite ! Et de toute façon, toute l’attention des Français est retenue par la défaite du FN : ils sont tellement contents d’avoir Niqué Le Pen et sa bande qu’ils ne regardent rien d’autre ! Pas besoin de se casser la tête à trouver quelque chose pour minimiser notre défaite ! Quoi ? Comment ça, qu’est-ce qu’on dira quand l’euphorie sera retombée ? Mais il faut vous réveiller, mon petit bonhomme : dans dix jours, c’est Noël ! Ils auront tout oublié de ces régionales ! Pourquoi vous croyez qu’on les a programmées à deux semaines des fêtes, hein ?

UNE SECRÉTAIRE : Monsieur Le Drian est là, monsieur le Président.

F.H. (à son interlocuteur) : Bon, je dois vous laisser, j’ai un rendez-vous. À la secrétaire : Faites-le entrer. Le Drian entre. Ah, Jean-Yves, mon cher ! Laissez-moi vous féliciter encore une fois pour votre magnifique victoire on ne peut plus méritée ! Faire 51% avec une triangulaire, c’est un exploit ! Un véritable triomphe !

JEAN-YVES LE DRIAN : Oh, merci, monsieur le président.

F.H. : Je vous en prie, vous sauvez l’honneur du gouvernement et de la majorité ! C’est d’autant plus méritoire que j’avais cru comprendre que vos électeurs de Bretagne désapprouvaient votre choix de concourir pour un troisième mandat de président de région tout en restant ministre…

J.-Y.L.D. : Vous savez, monsieur le président, les Bretons sont comme les autres Français : ils râlent pour le principe, mais au fond, ils aiment avoir des élus qui cumulent. Même s’ils ont honte de l’avouer, plus un élu cumule de fonctions, plus ça les fascine…

F.H. : Peut-être… Mais j’avoue que je me suis longtemps demandé pourquoi vous tenez à garder votre ministère et votre région à la fois…

J.-Y.L.D. : Ben je me suis déjà expliqué là-dessus : il serait irresponsable d’abandonner le ministère de la défense alors que notre pays est la cible des terroristes et…

F.H. : Oui, oui, ça, c’est ce que vous dites aux journalistes, mais vous savez, mon petit Jean-Yves, vos vraies raisons, j’ai fini par les comprendre ! Ce n’est pas à un vieux singe qu’on apprend à faire des grimaces, vous savez !

J.-Y.L.D. (intrigué) : Que voulez-vous dire ?

F.H. : J’ai compris votre manège, Jean-Yves : ce que vous voulez, c’est prendre ma place !

J.-Y.L.D. : Pardon ?

F.H. : Et pour y arriver, vous vous employez à occuper le terrain le plus possible car vous avez compris que pour devenir un présidentiable crédible, il suffisait de faire parler de soi le plus possible, que ce soit en bien ou en mal ! Et pour braquer les projecteurs sur vous, vous vous arrangez pour être partout ! C’est dire si les critiques qu’on vous a adressées rapport à votre décision de cumuler deux postes n’étaient pas de nature à vous gêner : au contraire, elles vous rendaient service !

J.-Y.L.D. : Mais…

F.H. : Allons, ne faites pas le modeste ! Vous savez, je vous approuve totalement !

J.-Y.L.D. : Quoi ?

F.H. : Mais oui, Jean-Yves : vous êtes le seul capable de faire gagner le parti socialiste en 2017 ! C’est évident ! Vous êtes le seul ministre qui apporte entière satisfaction depuis 2012, même la droite vous respecte ! Et en 2017, pour les Français, vous serez l’homme de l’intervention militaire au Mali, vous serez l’homme de la lutte contre le terrorisme islamiste, l’homme de l’unité nationale… Bref, une sorte de Le Pen sans les inconvénients !

J.-Y.L.D. : Heu…

F.H. : Et en tant que ministre de la défense, vous n’aurez pas à porter le fardeau du bilan économique et social de la majorité, contrairement à Valls ou à Montebourg ! Rusé comme tout bon breton, vous avez senti le vent tourner : vous savez déjà que mon successeur, c’est vous !

J.-Y.L.D. :

F.H. : Alors, allez en paix, mon cher ! Bonne chance ! Vous pouvez disposer.

J.-Y.L.D. : Heu… Bien. À mercredi au conseil des ministres, monsieur le président. Le Drian s’en va, interdit. Hollande se retrouve seul et jubile.

F.H. : Hi ! Hi ! Et un de plus dans les pattes de Valls ! « Diviser pour régner », m’avait dit Chirac ! Il appelle sa secrétaire. Françoise, appelez-moi Ségolène Royal !

(Fin de l’enregistrement)

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