Nous avons emménagé en Autriche alors que Rose avait 4 mois. J’ai donc été maman à l’étranger bien plus qu’en France, et je ne peux pas vraiment comparer les deux. Mais à entendre mes amies restées au pays ou à lire des articles d’autres récits de mères, j’ai l’impression que c’est quand même assez différent. Et c’est comme tout, il y a des avantages et des inconvénients.
J’aime évidemment beaucoup mes parents et mes frères et soeurs. Je les vois toujours avec plaisir, ainsi que la famille de François, mais on ne peut pas dire que j’ai un sens de la tribu très développé. Le poulet-patates tous les dimanches midi, les après-midi jeux de société ou les longues balades en famille, c’est très sympa si c’est juste une fois de temps en temps. Et l’avantage de vivre loin, c’est que justement ces moments sont rares, et donc d’autant plus savoureux. Alors, c’est sûr, j’aimerais que mes parents puissent voir toutes les évolutions de Rose, et que le lien entre eux se fassent plus facilement. Mais les vacances et les skype permettent malgré tout de garder un contact rapproché, et je suis plus que fière de leur montrer Rose quand nous nous retrouvons.
Aussi, il faut bien le dire, être loin c’est être libre. Pas de conseils à tout bout de champ, pas de tensions, je m’épanouie tranquillement en tant que mère, sans me soucier du regard de nos familles. Ils ne sont pas spécialement dans le jugement, mais enfin, la famille c’est aussi les névroses, les intrusions, les transferts tout ça tout ça. Ici, c’est une page blanche, une petite bulle protectrice pour nous trois.
Voilà pour les avantages, parce que quand même, ce n’est pas toujours facile d’ être maman dans un pays étranger.
Je n’en avais clairement pas conscience pendant la grossesse, mais une jeune maman a besoin d’être entourée. On a beau adorer notre enfant, ce n’est pas toujours facile de s’en occuper, loin de là. Je n’ai pas pu profiter de cet entourage au quotidien, et j’ai vu tout ce qui me manquait. Le fait d’être seule m’a fait comprendre à quel point j’avais besoin de soutien et d’aide. Car en étant à l’étranger avec son bébé de quatre mois, passer le relais, ça n’existe pas. Avec le recul, je me demande même comment je n’ai pas complètement sombré. Je me souviens de journées interminables, seule avec ma petite, dans une ville dont je ne connaissais ni les rues, ni la langue. De Rose qui pleurait, qui ne voulait pas dormir, et de moi qui rêvais que quelqu’un s’occupe de moi, me la prenne pour que je puisse me reposer. Je sais très bien qu’en France, un de ses grands-parents aurait pu me soulager, qu’il m’aurait été très facile d’avoir un peu de temps sans elle. Mais ici, c’était impossible. J’aurais aimé par moments avoir ma maman pour me faire la cuisine, papoter, partager tout ça.
J’ai toujours un instant de surprise quand une amie, en France, dit avec simplicité qu’elle a un rendez-vous et qu’elle va déposer son bébé chez sa mère/tante/amie. Ici, à chaque fois que j’ai besoin d’une heure c’est le casse-tête pour trouver une baby-sitter. Quand Rose est malade (c’est à dire tout le temps) je peux passer une ou deux semaines avec elle à la maison, et demander à une mamie de venir jouer, ça n’est pas une option. Cela m’a clairement sauté aux yeux lors de la dernière hospitalisation. La petite fille qui partageait la chambre de Rose a reçu la visite de toute sa famille dans l’après-midi. Pour être honnête, ça ne m’a pas fait envie ce défilé, mais enfin j’étais bien obligée de constater que cela ne nous aurait pas fait de mal de rentrer prendre une douche et dormir, en laissant Rose avec son grand-père, par exemple. Et que ça n’aurait pas fait de mal à Rose d’avoir quelqu’un de frais et dispo à la place de ses parents aux têtes de zombies.
Et puis, il y a tout ce qui est de l’ordre de l’indicible. Le fameux sens de la tribu, tiens, finalement. Savoir qu’ils sont là, qu’ils veillent sur nous, et qu’en cas de besoin on a juste à passer un petit coup de fil.
Heureusement, s’il y a bien une chose que m’a appris l’expatriation, c’est qu’une tribu ça se crée. Certes, nous n’avons pas nos parents et amis de France. Certes, Rose ne peut pas profiter de ses grands-parents tous les mercredis, mais je sais que nous sommes entourés. Ici, tous les jeunes parents français vivent la même situation, et il y a un vrai soutien. Les jeunes mamans sont accueillies, et les amies que j’ai rencontré à Vienne partagent tout cela. Ce sont elles qui me prennent Rose quand j’ai besoin. Qui me proposent de venir la voir à l’hôpital, ou de la garder un peu pour que je me repose.
Et vous, vous êtes proches ou loin de la famille ? Et vous le vivez comment ?
Rose skype