Le Billet Amer #45
Spécial Régionales 2015
Par L’Aigre Doux
Le règlement des comptes…
Ce scrutin régional a depuis longtemps dépassé son champ d’intérêt traditionnel. Tout s’y prêtait : le contexte dramatique de l’après attentats, la désastreuse situation économique et sociale, résultante de 4 années de gestion socialiste, l’incroyable aptitude du Chef de l’Etat à se refaire une popularité sur la douleur et les angoisses des Français et le positionnement de dernier scrutin avant la mère de toutes les élections, la présidentielle.
Dans cette affaire tous les protagonistes jouent gros et l’enjeu a été encore exacerbé par les résultats du premier tour qui ont traumatisé la classe politique, traduisant une condamnation populaire de décennies de mauvaise gouvernance, responsable de ce ressenti profond des Français.
La Droite est tombée tête baissée dans le vieux piège tendu par Mitterrand en 1986, qui trouve son plein effet trente années plus tard. Le niveau de progression du Front National qui se maintient partout l’empêche de spéculer sur un report de voix conséquent au second tour alors que la Gauche peut y prétendre. Ses succès éventuels les plus probants ne peuvent venir que des suffrages de Gauche reportés sur ses candidats, dans des proportions plus importantes que leurs scores déprimants obtenus au premier tour. La défaite du Front National est à ce prix fort : les Présidents de PACA et de Nord-Pas de Calais auront été élus par une majorité de voix socialistes et assimilés…
Par ailleurs ces triangulaires en cascade, dans toutes les autres régions, vont permettre aux socialistes, grands perdants du premier tour, de conserver un nombre inespéré de territoires, FN et Droite se neutralisant. Seule possibilité de sauver les meubles pour Les Républicains, une victoire en Ile-de- France, région emblématique, de Valérie Pécresse sur Claude Bartolome. Pas gagné …
Lundi, la Droite tirera les conclusions de cette déconvenue. Son Président en exercice, Nicolas Sarkozy devra faire face à des attaques ouvertes des candidats en lice pour l’élection présidentielle. Dans ce contexte de fureur concurrentiel, on ne peut imaginer une longue année de guerre interne jusqu’à l’échéance de la primaire en décembre 2016. L’élémentaire sagesse impose de raccourcir les délais, faute de quoi François Hollande n’aura qu’à se baisser pour ramasser les dépouilles. Et ça, il sait faire…
Quant à la « boutade » de Manuel Valls « Il faut savoir entendre le message des Français », elle sera oubliée le lendemain du vote. Christiane Taubira prépare déjà son projet de réforme idéologique de la Justice dans le sens que l’on connait.
♦ ♦ ♦ ♦ ♦ ♦ ♦
Tous perdants…
Le Front National d’abord, arrivé largement en tête dans 6 régions au premier tour et qui ne transforme pas l’essai, victime du front républicain unilatéral décidé par Manuel Valls.
La Gauche ensuite qui passe de 21 régions sur 22 dans l’ancien découpage à 5 sur 13 seulement, malgré le bidouillage du gouvernement en sa faveur pour limiter les dégâts.
La droite enfin qui n’a pas déclenché la vague bleue que lui promettaient les sondages il y a quelques mois à peine, ses victoires dans 3 de ses régions étant dues aux suffrages des électeurs de gauche.
Mais tous gagnants quand même ! Le FN qui a cartonné au premier tour et obtenu son score historique le plus élevé. La Gauche qui a limité la casse, profitant des triangulaires ou le FN et la Droite se sont neutralisés. Les Républicains alliés aux Centristes, vainqueurs dans 7 régions et surtout dans la plus emblématique, l’Ile de France, où Valérie Pécresse a défait le lamentable Bartolone qui n’a pas hésité à stigmatiser « la race blanche » pour tenter misérablement de récupérer les voix communautaires ayant assuré le succès de François Hollande en 2012.
Jamais la formule du verre à moitié vide ou à moitié plein n’a été aussi pertinente pour définir cet épisode électoral, marqueur plein d’enseignements à 18 mois du scrutin présidentiel.
Tous, à Droite comme à Gauche, après avoir vaincu l’hydre FN, annoncent qu’ils ont compris le message des électeurs de ce parti, bizarrement qualifié d’anti- républicain mais autorisé à participer à des élections démocratiques. Le problème c’est que ce cri d’alarme, sans concrétisation institutionnelle, lancé par plus de 6 millions de citoyens français à la face des partis dits de gouvernement, est interprété différemment pour ne pas dire contradictoirement par ceux qui prétendent l’avoir entendu. Pas prêts donc d’en tirer des enseignements identiques et d’engager les politiques communes à même d’y répondre.
Dès demain, cette réalité dérangeante sera écartée pour laisser place au seul véritable enjeu qui vaille : la course à l’échalote présidentielle. Pour le reste la parenthèse, comme de coutume, sera vite refermée. « Circulez, braves gens! Il n’y a plus rien à voir ».
♦ ♦ ♦ ♦ ♦ ♦ ♦
« Un vieux monde politique meurt » (Bruno Lemaire)
A Droite, à Gauche, au Centre, sur la Lune, ils ont tous compris le message adressé par le peuple français le 6 décembre. Moyennant quoi, la première réponse a été de claquer la porte au nez des 6,8 millions d’électeurs ayant sonné l’alarme. Pas sûr que ce soit ce qu’ils attendaient. Mais bon, en politique comme ailleurs, l’instinct de survie est impératif et il a plutôt bien fonctionné en la circonstance.
Et maintenant ? Si certains, Xavier Bertrand ou Valérie Pécresse, ont su adapter avec une certaine dignité leur posture aux circonstances en renonçant à leurs mandats pour se consacrer à la collectivité qu’ils viennent de conquérir, l’indécente mise en scène de Claude Bartolone à l’Assemblée Nationale- retenez moi ou je pars- rejoint dans la médiocrité ses accusations nauséabondes sur Valérie Pécresse. On ne peut pas dire que Christian Estrosi se soit, pour sa part, particulièrement distingué dans ce domaine après sa victoire obtenue grâce aux suffrages socialistes. Démonstration s’il en était besoin que la classe politique, globalement mise en cause, n’est pas prête à corriger un comportement décriée par une majorité de Français, y compris parmi ceux n’ayant pas voté FN.
Qui peut croire une seconde à la vertu des bonnes résolutions affichées par les uns et les autres ? Le système est ainsi fait qu’il rend impossible la tenue de promesses auxquelles ne croient pas ceux qui les font et que ceux qui les reçoivent contestent un peu plus à chaque scrutin. La pratique politique reste immuable, bâtie sur un consensus mou, largement partagé par l’ensemble de ses acteurs. De même notre société, telle que nous l’avons bâtie au fil du temps, est rendue définitivement irréformable, figée par toutes les forces de blocages idéologiques archaïques qui interdisent tout espoir de transformation radicale.
Quant à ce rassemblement républicain préconisé par Jean-Pierre Raffarin, il ne pourrait s’envisager que sous la coupe de François Hollande qui en serait, avec le Front National, le principal bénéficiaire. Belle récompense après sa manifestation de sectarisme refusant la main tendue de François Bayrou lors de son accession à l’Elysée et au vu du bilan désastreux de ses 4 années de pouvoir.
Oui, ce vieux monde politique est déjà mort. Mais il ne le sait pas encore.
L’Aigre Doux
*** Attention ce texte est une TRIBUNE LIBRE qui n’engage que son auteur ***
Et n’oubliez pas de lire : Le Billet Amer édition spéciale sur les impôts et taxes en France car c’est du délire !
♥ ♥ ♥ ♥ ♥
L’article du moment : Mourir à Paris
Soutenir l’Observatoire du MENSONGE ce n’est pas cher, cela ne rapporte rien… Sauf le plaisir de l’avoir fait et de nous lire !
Vous pouvez acheter notre livre « Les contes de l’étable » pour 4,50 €
Paiement sécurisé via PAYPAL™
pour le recevoir le livre avec un simple lien sécurisé cliquez exclusivement sur l’image ci-dessous :
SUIVEZ ! PARTAGEZ !
Copyright obligatoire en cas de citation ou de transmission de cet article, vous pouvez le copier :
L’Aigre Doux pour Observatoiredumensonge ou http://observatoiredumensonge.com
Pour tous les mots ou phrases qui sont suivis de ce signe © vous devez également citer le copyright ci-dessus défini.
Avertissement : Tous les commentaires sont de la responsabilité de leurs auteurs respectifs et ne sauraient engager la responsabilité de L’Observatoire du MENSONGE et le site se réserve le droit de ne pas publier un ou des commentaires sans avoir à justifier sa décision.
Evitez de mettre des liens car votre commentaire sera supprimé par le système.