Le Billet Amer #46
Par L’Aigre Doux
Redémarrage des discussions d’adhésion de la Turquie à l’Union Européenne…Si les responsables politiques semblent rechercher désespérément les raisons de la montée des extrêmes, droite ou gauche, dans les différents pays de l’U.E., c’est qu’ils n’ont pas vraiment envie de les trouver. L’annonce de la reprise du processus d’intégration de la Turquie constitue un point de rejet absolu et témoigne d’un cynisme et d’un mépris des peuples qui ne résisterait pas dans la plupart des Etats concernés à un référendum sur la question.
Faire d’un pays au régime islamiste revendiqué, proche des Frères Musulmans, dirigé par un autocrate qui envoie les journalistes et les opposants en prison et massacre ses populations kurdes, un interlocuteur privilégié que l’on souhaite accueillir dans ce havre européen de démocratie, mérite largement l’opprobre des populations concernées. Erdogan, dont le machiavélisme est alimenté par cette veulerie, ne prend même pas la peine de dissimuler son soutien à l’Etat islamique et la complicité économique de son entourage avec les assassins de cette secte à travers le trafic du pétrole volé en Syrie. La cécité américaine qui contribue de toutes ses forces à l’entrée dans l’UE de notre cher et fidèle allié de l’Otan se nourrit de la docilité coupable du couple franco-allemand à accepter l’inacceptable.
La vertu de notre France socialiste est à géométrie variable et le traitement des dictateurs qui dirigent la plupart des pays arabes ou africains répond à des critères évolutifs et à des paramètres par nature variables, qui font de l’un, oppresseur de son peuple, un chef d’Etat fréquentable et choyé et de l’autre, tout aussi malfaisant mais pas plus, un tyran à abattre. Les catastrophes déclenchées en Irak, en Afghanistan, en Libye, en Syrie et d’une certaine manière en Egypte et en Tunisie ne sont d’aucun effet pédagogique. L’Arabie saoudite, le Qatar, la Turquie, les émirats méritent, à coup d’espèces sonnantes et trébuchantes, le respect et la considération de notre République exemplaire.
Finalement, la morale en politique ça se module par combien de zéros après le premier chiffre ?
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Rien compris et rien appris…Manœuvres tous azimuts dans la classe politique pour essayer de tirer le meilleur parti tant du traumatisme post- attentats que du choc électoral engendré par les régionales.
De toutes parts, les couteaux sont tirés. Pour combattre l’état islamique ? Pensez donc … C’est à celui qui fera preuve de plus d’imagination pour trouver la formule magique à même de terrasser l’hydre, pas celle que l’on croit, et se placer ainsi en pool position pour l’Elysée. Etant bien entendu que le principal danger qui menace nos libertés et la sécurité de nos concitoyens ça n’est pas Daesch mais le Front National. Du coup même Bernard Tapie ressort de sa boite à malice pour remettre les gants et remonter sur le ring !
Déjà abandonnées les timides mesures envisagées par François Hollande dans son discours au Congrès de Versailles, notamment la déchéance de nationalité pour les tueurs islamiques. « Liberticide » hurle la Gauche de sa Gauche dont il a tellement besoin pour arriver devant le candidat de Droite au premier tour de la présidentielle.
Le reste sera, comme toujours, à l’avenant : des paroles et des postures sans jamais de passage à l’action. Pour ce gouvernement, et tous ceux qui l’ont précédés au cours des décennies écoulées, le dire correspond au faire, l’agitation tient lieu de mouvement.
Retour direct aux combinaisons d’appareils avec ces fumeux projets de front républicain des uns, que les autres, pourtant membres du même mouvement, combattent. On en a pas encore fini avec les répliques du séisme…Ce faisant, on ajoute de la cacophonie à la confusion en crédibilisant toutes les accusations portées sur un système dont le seul objectif reste sa perpétuation.
Aux bonnes questions, comme disait Fabius, posées par le Front National qui motivent si puissamment 6,8 millions de citoyens, la classe dirigeante apporte de pitoyables réponses. Faudra-t-il attendre de nouveaux et sanglants attentats meurtriers pour qu’elle sorte enfin de son autisme ?
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Coup de théâtre ou cinéma ? Un peu des deux sans doute. Avec Bernard Tapie, le champ d’actions et d’intentions avouées et cachées est depuis toujours vaste et ardu à cerner. Difficile de faire le tri entre la sincérité du « démocrate » voulant défendre les valeurs de la République qu’il croit menacées par le Front National et le manœuvrier retors désireux d’envoyer des avertissements tous azimuts à une classe politique avec qui il a des comptes à régler et qu’il sait aux abois.
Bernard Tapie, combien de divisions serait- on tenté de dire pour relativiser la menace qu’il a montée d’un cran en évoquant sa possible candidature à la Présidence de la République ? Patron de presse dans le Sud de la France, l’homme a toujours su faire converger sur sa personne micros et caméras. Client difficile des médias qu’il ne ménage guère, il peut être assuré quand même d’un vaste mouvement de curiosité pour ses initiatives qui viennent bousculer avec force l’ennuyeuse chorégraphie convenue des mœurs de la sphère publique.
François Mitterrand, fasciné rapporte-t-on par le personnage, en avait fait son ministre de la Ville dans le Gouvernement Bérégovoy au grand dam de tous les hiérarques socialistes. Il le soutiendra jusqu’au bout , l’utilisant même pour achever de « tuer » Michel Rocard lors des élections européennes de 1993 en l’incitant à se présenter contre la liste socialiste menée par l’ancien Premier Ministre.
L’homme d’affaires sulfureux fut, avant d’être Ministre de Mitterrand, homme de droite, déçu de se voir refuser l’investiture RPR qu’il avait sollicitée pour des élections législatives. Si son positionnement politique peut fluctuer au gré de ses intérêts et de ses humeurs – il s’est engagé en faveur de Sarkozy en 2007- une seule conviction réelle semble-t-il l’anime depuis toujours : sa haine du Front National et de ses dirigeants et le mépris pour ses électeurs qu’il a publiquement qualifiés de « salauds ». Son affrontement violent avec Jean-Marie Le Pen en débat sur TF1 en 1989, sa participation provocatrice quelques années plus tard à un meeting de campagne du FN qui faillit mal se terminer, témoignent de sa constance sur le sujet.
En enfourchant ce cheval de bataille qui lui est familier, Bernard Tapie risque de faire du tort électoral à tous les tenants du front républicain, de gauche comme de droite, d’où ce feu à volonté déjà déclenché des deux côtés.
Affaire à suivre car grand spectacle assuré…
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Pschitt ! La baudruche s’est dégonflée aussi vite qu’elle avait enflé. Le coup de menton volontariste a laissé place au ventre mou plus conforme à la nature des choses. Difficile de garder la stature du héros muscles bandés, à la fois Père de la Nation et chef de guerre, quand on a toujours pratiqué, avec une forme de génie, l’art du compromis et de la compromission.
Les martiales propositions de François Hollande devant les parlementaires réunis en Congrès à Versailles iront donc rejoindre le cimetière des illusions perdues inauguré par les « Moi, Président » de célèbre mémoire. Et dire que 50% des Français y ont cru, cette fois encore.
Il est révélateur que cette marche arrière ait été dévoilée par Christiane Taubira, au micro d’une radio algérienne, en violation du secret des décisions gouvernementales. Une provocation de plus qui révèle le profond mépris de la Garde des Sceaux pour la hiérarchie de l’Etat et pour ses collègues du Gouvernement. Opposée depuis l’origine aux mesures d’exception de l’Exécutif pour lutter contre le terrorisme, elle a pu donner libre cours, sans risque de sanction, à sa satisfaction jubilatoire.
Il faut dire qu’un temps assommée par l’ampleur des crimes commis par les tueurs de l’état islamique dans les rues de Paris, la bonne conscience s’est vite ressaisie, prête comme Cécile Duflot à se battre pour la défense des libertés jusqu’à la mort … des autres. Cette déchéance de nationalité, mesure certes symbolique, comprise et admise par une large majorité de Français, était de nature à redonner un sens et une valeur civique à la citoyenneté. Trop facho pour les bobos, gardiens vigilants du dogme bien- pensant, rapidement remontés en régime après leur silence contraint des lendemains meurtriers. La moisissure intellectuelle de notre société a repris avec force et vigueur sa marche en avant.
Le Chef de l’Etat, enfermé dans son obsession de l’échéance présidentielle, n’est plus libre de ses décisions. Toute initiative qu’il sera amené à prendre dans tous les domaines de la vie publique sera soigneusement sélectionnée à l’aune des soutiens à sa candidature et des rapports de suffrages escomptés. Plus d’une année de démagogie, d’immobilisme et de laxisme à subir.
Quant à l’intérêt général…On verra après 2017 !
L’Aigre Doux
*** Attention ce texte est une TRIBUNE LIBRE qui n’engage que son auteur ***
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